Moristovari Moristovari 26 octobre 2009 15:00

L’essor du christianisme aux premiers siècles doit beaucoup à cet incroyable phénomène sociologique et culturel qu’on appelle le « martyr ». Mourir : la plus grande peur de l’homme. Mourir pour ses idées : quoi de plus convaincant pour elles ? Ces morts furent créatrices de mouvements, d’émules, car elles n’étaient pas basés sur la pitié, uniquement sur la fierté. Fierté de mourir pour Dieu, d’obtenir une place de choix au paradis. Le maintient de l’islam à notre époque ou tout encourage l’athéisme doit beaucoup à ses martyrs.

On peut vivre en esclave et mourir en maître. Bien des martyrs de toutes causes, religieux, politiques, l’ont montrés. Mais cela nécessite le dépassement de soi et il faut croire qu’aujourd’hui l’égoïsme est devenu plus fort que le néant. Ainsi, par leur manque de sens, d’idéal supérieur au nombril, les suicidés de France telecom n’inspirent que de la pitié.

Sinon, je ne vois pas ces phénomènes actuels comme des « trahisons » mais comme des tendances, des cours d’eau qu’il est difficile de détourner. Il faut oublier ce principe démocratique qu’est la responsabilité individuelle, concept bête s’il en est. La marge de manœuvre d’un individu est toujours limité et le pouvoir acquis n’est jamais proportionnel à la liberté permise. Notre société suit des tendances anciennes qui ne peuvent être que ralenties - les deux guerres mondiales - ou détruites par des tendances contraires - si le communisme ou le nazisme l’avait emporté. Mais ces tendances recherchent l’absolu et l’absolu ne convient jamais à l’Homme.

L’intérêt de l’utopie est justement d’imaginer quel sont ces absolus. Les plus connus sont l’eugénisme du meilleur des mondes et le totalitarisme de 1984, mais le futur qu’ils décrivent semble assez peu probable. La démocratie imaginée dans la zone du dehors offre de meilleures pistes.


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