armand armand 16 octobre 2010 21:21

Bonjour à tous,

Bien entendu, si je devais dresser la liste des responsabilités de cet état de fait quasi unique parmi les grandes capitales actuellement (à New York, on voit des prix de présentation qui ont baissé de 20% depuis deux ans... et ça continue ; idem à Londres), un petit article n’y suffirait pas.
Je ne crois pas à une volonté malveillante de la part de la Mairie - elle a notamment consenti d’importants abattements pour atténuer le choc des surloyers voulus par Christine Boutin. Je dirais même que sont sont les communistes du conseil de Paris qui défendent avec le plus d’âpreté la place des classes moyennes dans ce centre ville.
D’un côté on a le dogme de la libre circulation des capitaux et de la liberté des prix, imposé par directive européenne. On voit mal des plafonnements réglementaires, tout comme on ne verra aucune intervention pour taxer les importations de textiles à bas prix, aucune interdiction de délocaliser. De l’autre, l’application tatillonne des critères pour accéder à un logement social favorise automatiquement les grandes familles à revenus faibles - et, faut-il rappeler, à la différence de la plupart des pays, la nationalité ne joue aucun rôle.
Les classes moyennes sont ainsi prises en tenaille.
Sous des dehors activistes, Delanoë (et il le reconnaît) est un libéral économiquement. N’oublions pas que c’est Mitterrand qui a décrété au début des années 80 que les loyers dans le libre n’étaient pas assez chers, et a autorisé un rattrapage qui, à l’époque s’est soldé par des hausses énormes.

Il y a un autre facteur que je n’ai pas évoqué. Le parc social « de fait » a Paris était le plus souvent vétuste. On en a fait des logements rutilants, bénéficiant du confort le plus moderne. Tout cela a un prix. Autrefois on pouvait trouver des logements moins chers, avec sanitaires sur le palier, escalier branlant, peintures écaillées. Actuellement on n’a plus le choix - tout est astiqué, ripoliné, gratté, optimisé, jusqu’au dernier mètre carré.

Finalement, le maintien, voire la hausse à Paris et dans quelques autres grandes villes est sans doute dû aussi à la psychologie nationale. En Amérique et en GB, on achète avec ses économies, son salaire. En France l’achat est souvent une opération patrimoniale à laquelle toute la famille participe. Tant que Papamaman, aïeux, collatéraux acceptent de cracher au bassinet, quel que soit le prix, pour offrir un nid au jeune ménage, les hausses, pour douloureuses qu’elles soient, seront amorties. Et les prix se trouvent alors décorrélés de la valeur locative.


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