(---.---.2.41) 28 avril 2006 18:04

Chahdortt Djavann dénonce la poussée islamiste en Europe, qu’elle définit clairement comme une « colonisation ». Êtes-vous d’accord avec ce terme ?

L’islam est par essence impérialiste. Dès lors que des musulmans se retrouvent nombreux sur un territoire, ils ne se trouvent plus en situation d’émigration. Ils ne sont plus dans ce qu’on appelle la dar al-sohl, c’est-à-dire l’espace de contrat entre le monde de l’islam et l’Europe.

L’Europe devient pour les musulmans, terre d’islam, dar al-islam. L’affaire du voile est la traduction opérationnelle de cette notion de « terre d’islam » qui signifie que les musulmans qui vivent en France ont le droit de revendiquer l’application les règles de la loi islamique, la charia.

L’éditeur danois qui publia les caricatures, Flemming Rose, a expliqué que si les Musulmans exigent « que moi, non Musulman, je me plie à leurs tabous, (...), ils demandent en fait ma soumission. ». C’est comme pour la fatwa de l’ayatollah Khomeiny qui en 1989 appelle au meurtre de Salman Rushdie. A chaque fois, ce sont les communautés musulmanes qui au Danemark et en Angleterre pour Salman Rushdie qui ont réagi initialement.

Pensez-vous que le hijab, défini par Djavann comme « l’étoile jaune de la condition féminine », soit devenu le porte-drapeau de l’intégrisme islamique, le moyen d’imposer progressivement en France un certain choix de société basé notamment sur la ségrégation sexuelle et l’infériorisation des femmes en profitant du flottement identitaire éprouvé par une partie de la jeunesse issue de l’immigration ?

Oui. Je conseille de lire bien entendu de lire Chahdortt Djavann ainsi que Michèle Vianes (Les islamistes en man½uvre, silence on manipule, Editions Hors de moi).

Toujours selon Djavann, « la dévalorisation juridique et sociale de la femme dans l’islam, sa mise sous tutelle masculine va de pair avec son statut d’objet sexuel et ce statut lui-même a sa source dans le Coran. » Partagez-vous cet avis ?

Oui.

Concernant le statut d’objet sexuel, la femme est dans le coran un champ que l’homme peut labourer à sa guise ! C’est quasiment ce qu’un verset exprime mot pour mot.

L’interdiction pour la musulmane de se rebeller contre son mari est en fait l’autorisation donnée par le Coran lui-même aux hommes de frapper leurs femmes : « En dernier recours, si elles n’obéissent pas, frappez-les ! » (Sourate 4, verset 34)

Que répondriez-vous à Saïda Kada (auteure avec Dounia Bouzar de L’une voilée, l’autre pas) qui prétend que « le foulard symbolise la soumission à Dieu et pas à l’homme » ?

Que j’ai de la compassion pour elle car elle est une victime de l’islam. Quel est le choix pour une musulmane ? Apostasier l’islam pour s’émanciper est extrêmement difficile : cela nécessite de rompre définitivement avec sa famille et sa communauté sans parler de l’insécurité à cause des représailles.

Alors en portant le voile, en le revendiquant, des musulmanes militantes comme Saïda Kada obtiennent une visibilité et un statut plus enviable que celui de la femme réduite à des fonctions domestiques et cela de manière légitime dans leur environnement puisqu’elles militent pour l’islam.

Pensez-vous que l’expression « islam laïque » ait un sens ?

Il existe des musulmans laïcs mais l’expression « islam laïque » n’a pas de sens. La liberté de critique est une des caractéristiques importantes de la laïcité. Islam signifie soumission. Coran signifie récitation. La façon dont l’arabe est enseigné dans les écoles coraniques est significative : les enfants musulmans y apprennent d’abord à réciter par coeur les sons arabes du coran, sans comprendre ce que cela signifie. Puis ensuite les enfants musulmans apprennent à écrire par coeur les caractères arabes correspondant à ces sons arabes toujours sans rien comprendre,. Ensuite ils apprennent l’inverse : prononcer des sons arabes à partir de phrases écrites tirées du coran, toujours sans rien comprendre.

Ill n’y a rien à comprendre, il faut faire, c’est tout : ce qui compte c’est de se familiariser et s’imprégner des mots de Dieu par des sons et par la graphie du son des mots prononcés par Dieu.

Au bout de plusieurs années (environ 5) les enfants savent réciter par coeur des sons arabes du coran, écrire par coeur les caractères arabes du coran et lire par coeur les caractères arabes du coran : Ils ont acquis du « savoir » ou plutôt un savoir coranique.

Quant au sens de ce qu’ils "apprennent ce n’est pas indispensable de le connaître : les imams, les ayatollahs, les mollahs sont là pour leur dire ce qu’il faut faire, car eux, et eux seuls, connaissent le sens du coran.

Alors, non l’expression islam laïque n’a pas de sens pour moi car nous sommes plus proches des techniques de lavage de cerveaux employés dans les sectes que de l’invitation à penser librement.

Aujourd’hui, vous sentez-vous soutenu par le gouvernement français, ou au contraire abandonné ?

Je suis un cocu de la république ! Je n’imaginais pas que 30 après avoir répondu favorablement à mon professeur de philosophie de penser librement et à m’affranchir de la tutelle de ma communauté que je serai aujourd’hui victimes de discriminations à cause de mes convictions qui ne sont pas islamiquement correctes. Je ne pensais pas que la République ou plutôt ses élites actuelles allaient me qualifier d’islamophobe comme ces juges qui ne m’ont pas accordé de droit de visite pour mes enfants. J’ai été sanctionné (jugement de divorce prononcé à mes torts) parce que je reprochais à mon ex-épouse de vouloir m’imposer d’être musulman !

Où en êtes-vous avec vos enfants ?

Je veux sauver mes enfants en ayant la garde. Le bon sens populaire dit que si on veut éviter de fabriquer des sauvageons pour ne pas dire des gremlins, il faut les éduquer. Etymologiquement, éduquer (du latin duce) signifie conduire. Conduire qui donc ? : eh bien, mes enfants justement ! Où ? : en tout cas en dehors de l’islam ! Je ne les vois plus normalement depuis 5 ans et plus du tout depuis plus de 2 ans.

Etes-vous menacé physiquement ? Si oui, bénéficiez-vous d’une protection ?

Oui des menaces de mort comme par exemple sur un site internet des appels explicites à porter atteinte à mon intégrité physique, diffusés avec la publication de mon adresse. Cela fait plus de trois ans que je m’époumone à saisir les autorités compétentes pour dénoncer l’insécurité que je subis mais mes plaintes sont classées sans suite.

Avez-vous déjà été approché par des hommes politiques. Si oui, lesquels ?

Non.

Que comptez-vous faire à présent ? Militer dans un parti ? Fonder votre parti ? Ou au contraire pensez-vous vous tenir à l’écart de tout ça pour protéger vos enfants et votre nouvelle compagne ?

J’aimerai écrire un livre pour témoigner et aussi boire une bière tranquillement : je suis exténué !

Quel point de doctrine vous révulse le plus dans l’Islam ?

C’est le délire paranoïaque contre les juifs qui me choque le plus. La haine antijuive est très présente dans le Coran qui dit notamment : "Maudits, quelque part qu’ils (les juifs) soient acculés, ils seront pris et tués sans pitié, sourate 33 , verset 61 ( traduction de R. Blachère).

A titre d’exemple, l’ article 7 de la constitution du Hamas reprend pratiquement mot pour mot une parole du fondateur de l’Islam, le prophète Mahomet, qui déclarait à ses compagnons, les premiers musulmans : « L’heure du jugement n’arrivera pas avant que vous n’ayez combattu les Juifs et à tel point que la pierre, derrière laquelle s’abritera un Juif, dira Musulman ! voilà un Juif derrière moi, tue-le ! » El-Bokhari, Les Traditions islamiques, titre 56, chap. 94.

Cette parole haineuse et menaçante, rapportée par le musulman El-Bokhari (810-870), auteur incontesté d’un recueil de hadiths (paroles de Mahomet), signifie que les juifs sont considérés par les musulmans comme des ennemis éternels qu’il faut combattre jusqu’au dernier. La charte du Hamas s’inspire directement des textes musulmans.

L’article 11 de cette charte stipule : « Le Mouvement de Résistance Islamique (Hamas) considère que la terre de Palestine est un territoire islamique consacré aux futures générations musulmanes jusqu’au jour du jugement (...) La loi gouvernant la terre de Palestine est celle de la Charia islamique et la même loi est valable pour toutes les terres que les Musulmans ont conquises par la force ».

Cela signifie que la Palestine n’appartient pas et n’appartiendra jamais aux Juifs. C’est Dieu qui en est le véritable propriétaire et les musulmans, ce sont eux qui doivent en percevoir les revenus jusqu’au jugement dernier. Les juifs avaient des textes sacrés, qu’ils ont falsifiés, ils avaient une alliance avec Dieu qu’ils ont rompue, ils avaient des prophètes qu’ils ont tués ou refusés. Les Juifs ont démérité. S’ils sont tolérés, ce sera comme dhimmis c’est-à-dire un statut qui ressemble à celui des serfs.

Les islamistes ont-ils pris l’Islam en otage ou ont-ils révélé la véritable nature de cette religion ?

Où commence l’islamisme ? Où s’arrête l’islam ? Les intégristes veulent ramener la société vers une stricte observance des lois de l’Islam en rejetant toute contamination de l’Occident. Les intégristes ne font finalement que rappeler que chaque musulman doit obéir scrupuleusement à toutes les prescriptions du Coran. C’est par sa piété que le musulman doit promouvoir la société islamique à laquelle il aspire et le Prophète constitue son modèle.

Pour moi, Il n’existe pas de différence de nature entre l’islam et l’islamisme mais seulement de degré. Il n’y a pas d’islam modéré mais seulement des musulmans modérés c’est-à-dire des musulmans qui s’écartent d’une lecture littérale et globale des textes fondateurs, des musulmans moins islamisés. Comment ne pas être questionné d’un point de vue éthique en lisant les versets suivants et qu’on ne me parle pas de problème d’interprétation ou de la nécessité de lire le coran en arabe ! :

« Maudits, quelque part qu’ils soient acculés, ils (les juifs) seront pris et tués sans pitié, selon la coutume d’Allah à l’égard de ceux qui furent antérieurement. Or, tu trouveras la coutume d’Allah non modifiable. » Le Coran, sourate 33, v. 60-62 (trad. de R. Blachère)

« Ô Vous qui croyez (musulmans) ! Combattez les infidèles (les non-musulmans) qui sont près de vous. Qu’ils vous trouvent durs. » Le Coran, sourate 9, v. 123/124

« Tuez-les (les non-musulmans) partout où vous les atteindrez ! Expulsez-les d’où ils vous ont expulsés ! » Le Coran, sourate 2, v. 187-191 (trad. de R. BLACHERE, Paris, G.P. Maisonneuve et Larose, 1980, p. 56)

« Vous les combattrez ou bien ils se convertiront à l’Islam. » Le Coran, sourate 48, v. 16

Ainsi, si on se réfère aux textes fondateurs de l’islam, il est erroné d’un point de vue scientifique d’affirmer que l’islamisme est une maladie de l’islam, une perversion de l’islam. Mais cela ne signifie nullement que tous les musulmans sont des intégristes ou des terroristes en puissance. C’est comme pour l’alcool dont les effets nocifs sur la santé ne sont pas contestables : ce n’est pas pour autant que toutes les personnes qui consomment de l’alcool sont irresponsables et alcooliques. An d’autres termes, il n’y as pas d’« alcool modéré » mais seulement des consommateurs modérés.

Que voudriez-vous dire aux « encartés des droits de l’homme » qui se sont rangés du côté de votre ex-femme ?

Le recours à la tolérance est un argument souvent utilisé par les « encartés des droits de l’homme » pour produire un chantage moral et neutraliser les personnes qui questionnent ce qui est inquestionnable comme par exemple le slogan « l’islam est un message d’amour, de tolérance et de paix ».

Le recours à l’idée de tolérance constitue un argument qui vise à culpabiliser avec le fouet de la morale les empêcheurs de tourner en rond. Cet appel à la tolérance constitue une manière tordue et perverse d’interdire la critique et le travail de la pensée.

Dans cet optique, la tolérance est une valeur sacrée et sacralisée qui est instrumentalisée par les « encartés des droits de l’homme » pour empêcher de les questionner sur leurs responsabilités alors qu’ils sont impliqués dans le désastre que nous constatons aujourd’hui.

Aussi, ces « encartés des droits de l’homme » ne vont jamais reconnaître qu’ils ont été au mieux des idiots compassionnels et au pire des complices. Alors, il ne leur reste plus qu’à discréditer les personnes qui grippent leur belle mécanique rhétorique. C’est ainsi que les « encartés des droits de l’homme » accusent les défenseurs de la laïcité d’être des « laïcistes » ou des « islamophobe », voire des « intégristes de la laïcité » sans oublier : « laïcard », « croisés de la laïcité », « ayatollahs de la laïcité ».

Etes-vous confiant pour la suite ?

Les mots sont importants : « Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur à l’humanité » (Albert Camus). Aussi, au regard de ce que je constate et de ce que j’entends dans ces débats récurrents sur l’islam, je suis inquiet.

Si vous avez refusé l’idéologie islamique, est-ce plus pour des points, dirons nous « politiques », ou « sociaux », ou s’agit-il d’une crise fondamentale de la foi en la Loi Coranique professée par Mahomet ? En ce cas, vous êtes vous converti à une autre religion ? Laquelle ?

Je ne refuse pas seulement l’idéologie islamique mais j’ai aussi apostasié l’islam. Le Coran qui est la parole incréée de Dieu, donc intangible établit clairement une discrimination entre les musulmans, qui doivent dominer, et les non musulmans, qui doivent être dominés :

« O croyants [musulmans] ! Ne prenez point pour awliya (amis, maître, patron, bienfaiteur, protecteur, « associé, camarade) les juifs et les chrétiens ; ils sont amis les uns des autres. Celui qui les prendra pour « amis finira par leur ressembler, et Dieu [Allah] ne sera point le guide des pervers. » Le Coran, sourate 5, v.56/51 (trad. de Kasimirski).

« Lorsque vous rencontrez des infidèles [non musulmans], tuez-les au point d’en faire « un grand carnage, et serrez fort les entraves des captifs. » Le Coran, sourate 47, v.4 (trad. de Kasimirski). « Allah n’accordera aux Infidèles [les non musulmans] nul moyen de l’emporter sur les Croyants [musulmans]. » Le Coran, sourate 4, v.141 (trad. de R. Blachère)

L’islam est judéophobe, christianophobe, infidèlophobe (phobie contre tous ceux qui ne sont musulmans) et moi je suis connophobe !

Nul besoin d’être croyant pour être sage mais ce n’est pas pour autant que je suis athée. Mes valeurs sont d’inspiration judéo-chrétiennes : nul besoin d’être chrétien ou juif pour s’approprier ces valeurs car elles sont pour moi universelles.

Si toute liberté individuelle est impossible sous la Loi Coranique, la démocratie dans les pays du Proche-Orient est-elle envisageable tant que cette religion dominera localement les mentalités ?

Tant que cette religion dominera les mentalités, aucun progrès ne sera possible car l’islam rend schizophrène. Penser sa vie et vivre sa pensée à travers l’islam conduit à une impsse dans le monde dans lequel nous vivons. Il y a quelques années, je me persuadais que l’islamisme était la conséquence de la pauvreté elle-même conséquence de l’impérialisme occidental. Mais je pense aujourd’hui que l’islamisme n’est pas né de la misère, mais de la frustration de la puissance perdue.

L’islam a raté la modernité. Il n’a rien créé : ni la démocratie ni la croissance économique. Et plutôt que de se remettre en cause, l’islam cultive le ressentiment pour accuser les juifs et les chrétiens de tous les maux.

Le pari américain de « démocratiser » certains pays arabes stratégiques semble vouée à l’échec puisque les élections libres conduisent inévitablement les islamistes radicaux au pouvoir. Cet échec politique n’est-t-il pas aussi l’occasion pour les Anglo-saxons en particulier de comprendre la non-universalité de la démocratie, c’est à dire sa spécificité occidentale ?

Certes c’est l’occident qui a inventé la démocratie mais celle-ci a vocation à être universelle. Et ce n’est pas pour autant de l’ethnocentrisme. Je refuse le relativisme culturel au nom duquel on fait comme si le Coran ne comportait que des versets de paix et de tolérance et comme si le Prophète de l’Islam n’avait jamais appelé à la vengeance, jamais versé le sang.

Je suis opposé aux tenants du relativisme culturel qui condamnent la sacralisation de la liberté d’expression en Occident en écho à la sacralisation du Prophète qui en interdit sa représentation : ce parallélisme n’est pas pertinent car tout ne se vaut pas.

Croyez-vous que l’islam soit « soluble dans la démocratie » ou est-ce l’inverse : la démocratie qui se dissout inévitablement dans l’Islam ?

C’est tout le débat de l’islam de France que Nicolas Sarkozy veut mettre en place. En tout cas, il semblerait que l’humour ne soit pas soluble dans l’islam.

Messaoud Bouras Membre de l’UFAL (Union des Familles Laïques)

Propos recueillis par la rédaction du Ring.


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