Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 27 août 2011 09:15

Si l’antisémitisme était un délit selon Jean-Paul Sartre – qui en 1941 succéda néanmoins, en tant que professeur titulaire au lycée Condorcet, à un professeur juif révoqué ..., le n° 92 de la revue Commentaire en apportait confirmation –, l’historien Jules Isaac, plus compétent en la matière, (co-auteur des célèbres manuels Malet-Isaac) et auteur de Genèse de l’antisémitisme, le considérait comme un courant d’opinion ; ce qui ne lui donne pas de consistance logique ou morale pour autant, bien entendu, cela devrait aller sans dire.


On a rangé sous la catégorie d’antisémitisme des choses fort différentes :

- l’antisémitisme pré-chrétien des Romains. Cicéron [-106 / -43], Pro Flacco, xxviii, 66-67 : calomnie relative à l’or des Juifs ; tu sais quelle force ils représentent, combien ils sont unis et quel rôle ils jouent dans nos réunions. […] Flaccus [préteur] prohiba par édit les sorties d’or d’Asie […] dédaigner, pour le bien de l’État, cette multitude des Juifs, parfois déchaînée dans nos réunions, fut un acte de haute dignité.

- l’antisémitisme romain de l’ère chrétienne : Tacite [vers 55 / vers 118], Histoire, V, 5 : les pratiques des Juifs sont ineptes et misérables ; haine hostile à l’égard de tous les autres. V, 8 : les Juifs étaient le peuple le plus méprisé par les Assyriens, les Mèdes et les Perses ; le roi Antioche [Antiochus IV, vers -215/-163] s’efforça de détruire la superstition nationale et d’introduire la civilisation grecque.
Juvénal [vers 60 / 140], Satires, VI, 547-547 : aere minuto qualiacumque uoles Iudaei somnia uendent qu’Olivier Sers traduit par : « les Juifs te débitent à la demande n’importe quel songe creux pour une pincée de petite monnaie. » (Classiques en poche, Les Belles Lettres).
Philostrate d’Athènes [vers 200], Vie d’Apollonios de Tyane, V, 33 : Il y a longtemps que les Juifs sont en révolte non seulement contre les Romains mais contre tous les hommes ; eux qui vivent à part, qui ne partagent avec les humains ni la table, ni les libations, ni les prières, ni les sacrifices […] il aurait mieux valu même ne jamais les annexer.
Rutilius Namatianus, [1ère moitié Ve siècle], Sur son retour, 383-398 : le Juif, une créature qui cherche querelle à la bonne nourriture [le porc] ; […] race dégoûtante qui pratique la circoncision : cette race est la racine de la bêtise […] leur cœur est plus froid que leur croyance.

- un anti-judaïsme chrétien multiséculaire s’appuyant notamment sur l’accusation de « peuple déicide » portée contre les anciens Hébreux.


- un anti-judaïsme non chrétien, voire athée ; cf Voltaire, Arthur Schopenhauer, Karl Marx et Frédéric Nietzsche.


- un préjugé de type racial pouvant aller jusqu’à des discriminations et des persécutions ; pogroms, nazisme.


- une hostilité à la politique, voire à l’existence, de l’État d’Israël ; notamment, pour ses expulsions et la fuite de 500 000 à 800 000 réfugiés, sa politique à la main lourde depuis la guerre des six jours (1967), le massacre de Sabra et Chatila, en septembre 1982, la seconde Intifada fin 2000, l’opération Plomb durci à Gaza, 2008-2009, l’attaque de la flottille pour Gaza fin mai 2010, la reprise de la colonisation en Cis-Jordanie, le projet de serment d’allégeance (octobre 2010), la construction de nouveaux logements pour les juifs à Jérusalem-Est (novembre 2010).

- une hostilité au communautarisme actuellement incarné en France par le C.R.IJ.F., qui est contraire au principe d’indivisibilité de la République française. Hostilité également à la prétention de ce communautarisme à exercer une police de la parole, depuis la loi Gayssot jusqu’aux pressions du CRIF pour l’interdiction de la conférence avec Stéphane Hessel à l’ENS-Ulm, ou jusqu’à celles de Serge Klarsfeld pour l’annulation de la commémoration du 50e anniversaire de la mort de l’écrivain Céline avec les Archives de France.

- une tentative de réexamen des méthodes et de l’ampleur des persécutions antijuives par les nazis (révisionnisme), notamment des chambres à gaz. Tout réexamen est actuellement bloqué par la loi Gayssot du 13 juillet 1990.

 - une lassitude grandissante face au ressassement médiatique des souffrances juives de la Seconde guerre mondiale, comme si la Première guerre mondiale n’a pas, elle aussi, créé de nombreux orphelins ; lassitude, voire exaspération devant cette perpétuelle promotion des rejetons du peuple élu, en plein mépris du reste de l’histoire de France. Dernier en date : « Sous pression américaine, la SNCF fait son mea culpa sur la déportation des juifs » (Le Monde, 11 novembre 2010).

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