adena 28 août 2011 10:47

L’antisémitisme de gauche exise en France et Badiou en est un représentant. Il est caractéristique que son travail ne cite que des intellectuels médiatiques et non des experts de l’antisémitisme comme le sociologue Michel Wieviorka, auteur de La Tentation antisémite ou encore l’historien Michel Winock, auteur de Drumont et &ie, La gauche et l’antisémitisme
qui ne sont pas des « people » ni des intellectuels médiatiques mais de vrais chercheurs et qui ont précisément documenté par exemple le retard à l’allumage de la défense de Dreyfus par Jean Jaurès en France parce que Dreyfus, Juif, était d’emblée considéré comme un représentant des ennemis de classe des socialistes et, par conséquent, tout en étant de gauche parfois marxistes , les socialistes n’étaient pas loin de Barrès : « Drefus est coupable, je le déduis de sa race » en changeant race par classe : « Dreyfus est coupable, je le déduis de sa classe » ; La Tentation antisémite. Haine des Juifs dans la France d’aujourd’hui est paru en 2007 et documente un antisémitisme aujourd’hui largement tabou pour la gauche, l’antisémitisme des jeunes de banlieues issus de l’immigration et eux-même en butte au racisme de la France. Il faut du courage à un sociologue socialiste pour reconnaître la réalité de cet antisémitisme, ainsi que les causes qui lui ont donné naissance, à savoir principalement le manque d’intégration avec les marqueurs que sont le chômage, les écoles ghettos, de cette jeunesse ; un bon représentant de cet antisémitisme virulent est Youssouf Fofana et la afçon particulièrement barbare dont lui et ses sbires s’en sont pris à Ilan Halimi, en février 2006 au seul motif qu’il était juif.

On vient pas à bout de la fièvre en cassant le thermomètre et c’est pourtant ce que Badiou et Hazan invitent leurs lecteurs à faire. Ils s’acharnent sur les tares des dénonciateurs de l’antisémitisme en choisissant soigneusement ceux qui sont sujets à caution et en laissant de côté les auteurs sérieux mais aussi les statistiques publiées année après année, depuis 2000 sur la montée des violences antisémites en France par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH, rapports en ligne) dès la seconde Intifade (et non le pb du World Trade Center). Ce n’est pas honnête intellectuellement et cela ne convaincra que les ignorants. Badiou remet en selle la vieille théorie du « complot juif » : toute dénonciation de l’antisémitisme ne peut viser qu’à instrumentaliser les dominés ; c’est un complot pour les empêcher de se révolter contre l’injustice, etc, etc...

La tradition antisémite française plonge ses racines dans les articles anijuifs incendiaires de Voltaire dans son Dictionnaire philosophique ; mais aussi chez Marx, et surtout chez Proudhon. Bernard Lazare aussi a , un temps accrédité l’équation Juif = capitaliste, avant de se rendre en Roumanie, Russie et Pologne et de voir la misère des Juifs persécutés et pogromisés par les chrétiens de ces contrées à la fin du XIX ème siècle : ce sont eux qui partiront les premiers, bien avant 39 - 45, pour créer un foyer juif en Palestine. La tradition antisémite de gauche est aussi illustrée par les procès staliniens contre de très nombreux cadres du parti communiste qui étaient juifs. Le grand historien de l’antisémitisme, Léon Poliakov, a documenté cette histoire dans De l’antisémitisme à l’antisionisme.


Il est très dommageable pour la gauche qu’un philosophe de talent comme Alain Badiou, galvaude ses capacités intellectuelles dans un déni aussi stupide et massif ; le combat de gauche n’a pas besoin du retour de ces vieux réflexes antisémites et antijuifs ; il a au contraire besoin du courage d’une Caroline Fourest, militante féministe de la laïcité, quand elle dénonce la collusion d’une partie de la gauche avec l’islamisme dans La Tentation obscurantiste.

Je souhaite aux lecteurs d’Agoravox de se dépêcher, avant qu’il ne soit trop tard, de sortir de leur déni à l’égard de la présence de l’antisémitisme en France et en Europe, chiffres en mains, écoute des discours et des silences en oreille ; le combat pour la justice et les droits des plus faibles ne se gagnera pas, autrement. Aujourd’hui, c’est Badiou et Hazan qui font le jeu du capitalisme en proférant de grossières contre-vérités.


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