Commentaire de Olivier Bonnet
sur Comment et jusqu'où dire « non » en famille ?


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Olivier Bonnet Olivier Bonnet 27 avril 2010 07:25

Il y a de quoi, bonsens : regardez l’histoire ! La droite était pour la peine de mort, pour la colonisation, contre l’avortement, contre le repos dominical, contre les congés payés... En somme, la droite s’oppose constamment à tout progrès social. La « démocratie apaisée » que l’on nous sert constamment ces temps-ci (venant de gens de droite ou assimilés comme Valls) est une faribole. Non, toutes les opinions ne se valent pas. Il y a d’un côté des privilégiés, une petite minorité, qui profite de façon éhontée du système en emmagasinant toujours plus de richesses et en exploitant les travailleurs, et c’est la droite qui la défend. Puis il y a un idéal pour plus de justice sociale, et c’est la (vraie) gauche qui le porte. Alors pourquoi être « tolérant » envers qui s’oppose systématiquement à tout progrès et défend les privilèges de castes et les inégalités de plus en plus criantes ? Expliquez-moi en quoi cette vision de la société humaine comme une jungle où règne la loi du plus fort, véhiculant des valeurs de réussite matérielle et d’égoïsme est-elle respectable ? Et je ne caricature pas, ouvrez les yeux si vous ne vous en êtes pas aperçu, et reprenez les manuels d’histoire pour voir les positions successives des droites françaises. Aujourd’hui, c’est la droite au pouvoir qui a instauré les franchises médicales, scandaleux impôt contre la maladie, qui dérembourse les médicaments, augmente le forfait hospitalier, si bien qu’aujourd’hui certains n’ont plus (dans le 5 ou 6ème pays le plus riche du monde !) les moyens de se soigner, et qui entend faire travailler plus longtemps - mais en fait, comme on est au chômage avant, toucher une retraite de plus en plus réduite - en nous expliquant qu’on ne peut faire autrement. Alors que si : au lieu d’être assise sur les revenus du travail, la protection sociale doit aussi être financée par les revenus financiers, les dividendes, stock-options, rentes et autres golden tout ce que vous voulez.

Avec leur chanson « on ne peut pas faire autrement » ou Tina (there is no alternative), les libéraux (= la droite) mentent. Extrait du dossier de Fakir sur les retraites : "Ce sont donc les financiers eux-mêmes qui dressent ce constat, avec étonnement : jamais les bénéfices n’ont été aussi hauts, jamais les salaires n’ont été aussi bas, un déséquilibre inédit depuis au moins un demi-siècle, et vrai pour l’ensemble des pays industrialisés. Et cette analyse ne souffre d’aucune contestation : d’après le Fonds Monétaire International, dans les pays membres du G7, la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut a baissé de 5,8% entre 1983 et 2006. D’après la Commission européenne, au sein de l’Europe cette fois, la part des salaires a chuté de 8,6%. Et en France, de 9,3%. Dans le même temps, la part des dividendes dans la valeur ajoutée passait de 3,2% à 8,5%. Un quasi-triplement. (...) Le PIB de la France s’élève, aujourd’hui, à près de 2 000 milliards d’euros. «  Donc il y a en gros 120 à 170 milliards d’euros qui ont ripé du travail vers le capital, calcule Jacky Fayolle, ancien directeur de l’IRES Institut de Recherche Economique et Social. «  120 à 170 milliards par an, alors ? » «  Pour aller très vite, c’est ça.  » Même avec des estimations basses, le seuil des cent milliards d’euros est largement dépassé. Soit plus de dix fois le « trou » de la Sécurité sociale en 2007 (dix milliards, l’année d’avant la crise), cinq fois celui de 2009 (22 milliards d’euros, crise oblige). Une vingtaine de fois celui des retraites (7,7 milliards d’euros). Des « trous » amplement médiatisés, tandis qu’on évoque moins souvent celui, combien plus profond, creusé par les actionnaires dans la poche des salariés…"

Et non contente de demander toujours aux mêmes des sacrifices, au profit de toujours les mêmes, pendant ce temps-là, la droite maintient le bouclier fiscal pour protéger ces pauvres riches des mains avides des crève-la-faim... Être de droite, ne vous déplaise, c’est défendre tout cela. Et ce n’est pas respectable, en se plaçant sur le simple terrain de l’humanisme, de l’équité, de la solidarité et de la morale. Bref, de tout ce qui devrait gouverner le coeur des hommes !


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