Commentaire de Imprecator
sur Comment et jusqu'où dire « non » en famille ?


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Imprecator 27 avril 2010 10:58

Bonjour à tous et à toutes.

Cette problématique est abordée par le mauvais coté et nous la rendons de ce fait insoluble.

Dans notre modèle culturel nous assujettissons l’autonomie intellectuelle à la hiérarchie sociale, de manière sous-jacente mais pourtant bien réelle. Cela fait partie des règles non écrites de notre modèle de civilisation.

La jeunesse actuelle ressent intuitivement cette forme d’injustice qui bride sa personnalité et bien qu’elle ne puisse l’exprimer en termes « académiques » elle ne se sent pas pour autant obligée d’en souffrir comme les générations précédentes.

L’autonomie de pensée et par conséquent celle de s’exprimer est un acte de construction de la personnalité d’un individu et aussi de manifestation de ses qualités personnelles. Néanmoins nous attendons tous que cette autonomie s’exprime dans le respect de notre propre construction individuelle et de celle de notre société ; qu’elle ne mette pas en péril l’ordre familial puis social et institutionnel qui nous permet à tous de vivre ensembles.

Mais nous sommes maintenant arrivés à un point de rupture entre les générations, dû essentiellement à des moyens de communications, des médias et aussi des valeurs sociales qui privilégient l’individu afin d’en faire un produit économiquement rentable. Nous avons de ce fait induit une singularité qui met en péril la hiérarchie sociale anciennement basée sur des valeurs traditionnelles, quasi tribales, prônant le principe de préséance de l’âge et donc d’une expérience et d’une sagesse respectables DE FAIT.

Dans une société devenue très sophistiquée et très spécialisée par la complexité des connaissances et la souplesse d’adaptation qui sont exigées de chacun de nous, plus personne ne peut se prévaloir d’une quelconque forme de préséance sociale basée sur une expérience et une sagesse traditionnelles, le turn-over culturel et technologique obligeant chacun à se remettre constamment en question. Les jeunes générations s’adaptent très bien à cette dynamique culturelle qui crée des valeurs nouvelles et différentes presque tous les jours, elles sont pour elle autant de moteurs d’expérience et d’autoréalisation leurs permettant d’exister  et de se valoriser auprès de leurs semblables, de leurs partenaires sociaux ou même sexuels. Tous les aspects de la construction de la personnalité doivent aujourd’hui être hardiment revus afin de redéfinir les rôles sociaux, car notre société à un problème à résoudre, fondamental et urgent, qui va bien au-delà de l’aspect philosophique dans lequel nous voudrions le cantonner.

Si nous ne redéfinissons pas les règles de vie en société, par de nouveaux concepts plus naturels et spontanés, moins formalistes, moins paternalistes et moins rigides, favorisant le respect mutuel ET  BIVALENT D’EMBLÉE, nous allons inéluctablement à une explosion de notre modèle social, A COURT TERME !!

La jeunesse actuelle part de ce principe : « Je respecte celui qui est respectable » !!!

Et notre nouveau modèle doit ajouter ce principe : « Est respectable celui qui respecte » !!!

Ce sont des fondamentaux « enfantins » mais néanmoins basiques car ils remettent à zéro tous les compteurs, notamment celui du jugement arbitraire de l’autre et de sa mise en infériorité dans l’esprit de celui qui dispose d’une autorité de principe, ce que les jeunes ressentent très bien et exècrent à juste titre.

Nous ne pouvons plus nous prévaloir de notre antériorité d’âge et d’une soi-disante expérience par rapport à nos jeunes pour assoir une relation d’autorité qui n’a par ailleurs plus lieu d’être dès lors qu’elle n’est pas tacitement reconnue.

Nous devons entrer dans une société de communion et de partage bien compris, favorisant les qualités de chacun et les mettant au service de tous. Les biens et les ressources sont maintenant limités et nous ne pouvons plus accepter qu’ils soient inéquitablement répartis en vertu de règles quasi tribales privilégiant d’emblée l’antériorité d’une génération sur l’autre et un respect qui de ce fait n’est pas mutualisé !! Et ces ressources passent aussi par la valorisation des qualités de l’individu depuis leur prime découverte.

Nous ne pouvons plus, comme nous l’avons fait par le passé, décréter que tel individu vaut moins qu’un autre ou n’est pas attendu dans notre échelle de valeurs par le simple fait qu’il n’y trouve pas de place. Cela favorise la mise à l’écart de réelles compétences naissantes ou déjà manifestes qui seront essentielles dans le futur et la survie de notre espèce.

Cessons d’assassiner chaque jour Nicolas TESLA, nous l’avons déjà tué parce qu’il était trop différent de nous !

Nous devons commencer par respecter d’emblée nos jeunes, quelle que soit leur manière de se singulariser, même si celle-ci passe par la drogue. Leur opinion doit être prise en considération, surtout lorsqu’elle remet en cause nos principes établis, parce qu’alors, quelque part une incompréhension profonde, une erreur de parcourt existe, qui va fausser toute la suite de la relation entre eux et nous.

Ils ont le droit de se tromper et d’expérimenter, de devenirs plus sensibles et plus humains que nous par l’expérience de l’erreur. Ils ont le droit de sortir du champ du conformisme social et culturel dans lequel nous avons été cantonnés et qui nous ont aujourd’hui amenés à une docilité excessive à l’égard de nos « élites ».

Notre pédagogie sociale récuse l’erreur comme une honte. Elle est pourtant inséparable de la compréhension de la réalité et des limites individuelles et sociales de cette réalité. Si nous « protégeons » nos jeunes de l’erreur nous en faisons des irresponsables et des inconscients qui se croiront tout permis. Et n’est-ce pas ce que nous voyions déjà se faire dans l’actualité courante… ?

Nous devons accepter que l’individu soit dans l’erreur et l’aider à la découvrir pour qu’il la circonscrive par lui-même, sans que nous ayons à l’assister ou à le faire par procuration comme nous le pratiquons maintenant avec une justice aveugle et des prisons qui explosent…

Nous devons accepter que nos jeunes s’expriment librement et remettent notre autorité en cause parce que soit elle est inadaptée, soit elle n’est pas mutuellement acceptable parce qu’arbitraire soit elle est utilisée pour éviter le dialogue.

Avant d’exiger la discipline et le respect de l’autorité, veillons d’abord à respecter nous-mêmes nos propres règles et à respecter toute manifestation de la vie et de la personnalité de nos enfants.

Le respect se mérite et il ne peut être exigé lorsqu’il n’est pas donné d’emblée par celui ou celle qui à le privilège naturel de l’âge et de l’expérience et qui doit donner l’exemple de la sagesse avant de faire accepter celle-ci par les autres.

Un vrai leader est celui qui est devant et qui prend les coups avant les autres ou à la place des autres. C’est le fondement indiscutable du respect, celui qui le crée et qui met tout le monde d’accord tout de suite ! L’exemple vient de loin, il y a plus de 2000 ans, et il doit être à la base de toute relation familiale et sociale.

Et c’est ce que notre jeunesse attend de nous, en tant que père de famille, en tant que chef d’entreprise, en tant que professeur, en tant que policier, en tant que Président :

Savoir prendre les coups avant de les rendre et montrer qu’on est toujours devant… !!!

Si nous avons aujourd’hui un problème avec nos jeunes, c’est avant tout un problème de lâcheté avec nous-mêmes parce que nous refusons de nous remettre en question !

Cessons d’être paresseux et bottons-nous le cul !!!

Signé par un père de deux garçons rebelles et dealers de drogue qui sont aujourd’hui des adultes matures dont l’un est chef d’entreprise, et qui ne sont jamais passés par la prison qui détruit irrémédiablement les êtres humains.

Signé aussi par un ancien militaire ayant eu sous ses ordres des jeunes appelés, rebelles à l’ordre établis, souvent des universitaires, et qui ont accepté la hiérarchie militaire et sa discipline sans jamais aller à la punition parce qu’ils étaient des humains respectables et leur chef aussi.

 


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