Commentaire de jaja
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jaja jaja 3 juin 2014 12:09

Bof... les marxistes du NPA pourraient te répondre aisément que lutte économique et lutte politique sont liées. Moi qui ne le suis pas je t’invite à lire ce que pensait Makhaïski de cette question de l’indispensable lutte économique des ouvriers et qui, à mon avis, reste d’actualité...

« Le pouvoir qui tombe des mains de la bourgeoisie ne peut en aucune manière être repris et conservé par une classe non possédante, telle que le reste la classe ouvrière. Une classe non possédante et en même temps dirigeante est une absurdité totale. C’est l’utopie fondamentale du marxisme, grâce à laquelle la dictature bolchevique peut aussi facilement et rapidement, devenir la forme démocratique de l’achèvement et du renforcement de la révolution bourgeoise, une sorte de copie russe de la dictature des Jacobins.

Le pouvoir qui échappe aux capitalistes et aux gros propriétaires terriens ne peut être saisi que par les couches inférieures de la société bourgeoise — par la petite-bourgeoisie et l’intelligentsia, dans la mesure où elles détiennent les connaissances indispensables à l’organisation et à la gestion de toute la vie du pays — acquérant ainsi et se garantissant solidement le droit à des revenus de maîtres, le droit de recevoir leur part des richesses pillées, leur part du revenu national. Or, les couches inférieures de la bourgeoisie, ayant obtenu des capitalistes un régime démocratique, reviennent rapidement à un accord et à une union avec eux. Le pouvoir retourne à l’ensemble des possédants ; il ne peut être séparé trop longtemps de la source de tout pouvoir : l’accumulation de richesses.

 Ne conviendrait-il pas alors d’en conclure que les ouvriers doivent abandonner toute idée de domination ? En toute situation ? Non, refuser de dominer signifierait refuser la révolution. La révolution victorieuse de la classe ouvrière ne peut être, en effet, rien d’autre que sa domination.

Il s’agit simplement de poser la thèse suivante : la classe ouvrière ne peut simplement copier la révolution bourgeoise, ainsi que le lui conseille la science sociale-démocrate, ceci pour l’unique raison qu’une classe, condamnée à des rations et à des salaires de famine, ne peut aucunement accumuler, et se voit même privée de toute possibilité de le faire, contrairement à la bourgeoisie du Moyen Âge qui amassait les richesses et les connaissances. Les ouvriers possèdent leur voie propre pour s’émanciper de l’esclavage. Afin de rendre sa domination possible, la classe ouvrière doit supprimer une fois pour toute celles de la bourgeoisie, la priver d’un seul coup de la source de sa maîtrise, de ses fabriques et usines, de tous ses biens accumulés, amener les riches au rang de gens obligés de travailler pour vivre.

Voilà pourquoi l’expropriation de la bourgeoisie est le premier pas inévitable de la révolution ouvrière. Certes, ce n’est que le premier pas sur la voie de l’émancipation de la classe ouvrière ; l’expropriation de la bourgeoisie n’amènera encore ni la suppression complète des classes, ni l’égalité totale.

Après l’expropriation de la grande et moyenne propriété, il restera encore la petite propriété à la ville et à la campagne, dont la socialisation nécessitera plus d’une année. Il reste, chose encore plus importante, le cas de l’intelligentsia. En dépit du fait que ses rémunérations de maîtres seront fort réduites à l’occasion de l’expropriation de la bourgeoisie, elle ne sera toujours pas privée de la possibilité de conserver pour elle une rétribution élevée de son travail.

Tant que l’intelligentsia restera, tout comme auparavant, la détentrice unique des connaissances, et que la direction de l’État et de la production restera entre ses mains, la classe ouvrière aura à mener une lutte opiniâtre contre elle, afin d’élever la rémunération de son travail jusqu’au niveau de celle des intellectuels.

L’émancipation complète des ouvriers se réalisera lorsqu’apparaîtra une nouvelle génération de gens, instruits de manière égale, événement inévitable du fait de l’égale rémunération du travail intellectuel et manuel, tous disposant ainsi de moyens équivalents pour élever leurs enfants.

La domination des ouvriers ne peut précéder l’expropriation des riches. Ce n’est qu’au moment de l’expropriation de la bourgeoisie que peut commencer l’hégémonie de la classe ouvrière. La révolution ouvrière obligera le pouvoir d’État à mener l’expropriation de la grande et moyenne bourgeoisie, et à légitimer la conquête par les ouvriers des usines, des fabriques et de toutes les richesses accumulées. »

La fin du « socialisme réel » en URSS et le retour de tes amis ex-nomenklaturistes « soviétiques » dans le giron du capitalisme privé, à l’instar de ton ex-ami Poutine prouve bien la justesse de la vision de Makhaïski et de sa thèse sur la Révolution ouvrière qui a bien plus d’ennemis que ce qu’en disait Marx et sa notion de prolétariat englobant tous les salariés y compris les plus parasitaires. Qui ne sont ni tes « manouvriers » comme tu le dis avec tant de mépris, ni les chômeurs, souvent qualifiés de « lumpenprolétaires » par les petits bourgeois de ton acabit mais bien ces salariés privilégiés chargés de faire suer le burnous....
Leur lutte « économique » contre leurs rations de misère et pour élever leur salaire à eux, par rapport à toutes les autres couches de la société bourgeoise est effectivement une lutte de classe et le positionnement de chacun(e) par rapport à cette lutte est décisif pour savoir qui soutient la Révolution et qui la combat, parfois au nom même de la révolution !


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