Commentaire de sasapame
sur Premier Rappel à l'Ordre Français


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sasapame sasapame 7 juillet 2016 13:10

5. L’argument de la taille de l’échantillon. Je sais qu’avoir fait la botte de l’ENA impressionne, mais beauté toute mathématique mise à part, c’est de la pure désinformation, du bluff.

Par exemple, rien de plus facile - et de moins coûteux - que de tirer au sort 25 000 volontaires pour exprimer un véto si seulement on le souhaite. Mon Sénat (qui n’a aucune initiative et le veto intégral) étant d’ailleurs fondé sur l’idée d’Alain, il ne se réunit pas et il change à chaque loi votée. Il ne coûte donc guère plus que le prix de fabrication et de diffusion d’une séance de loto. Vous vous moquez du monde ou bien vous n’y avez seulement jamais pensé ?

Je ne vois pas ce qui permet de prétendre que les gens se douteraient plus de la sincérité d’un tirage au sort que de celle d’une élection... Seulement l’ignorance, en tout cas. Car il va sans dire que les tirés au sort n’ont pas grand chose à y gagner tandis que les dents du candidat rayent le parquet. Qui voulez vous convaincre ainsi ?

Et puisque vous avancez l’analogie avec les sondages, je ferai valoir que vous prenez ainsi la liberté (et le risque) d’activer ce faisant un réflexe mental négatif de manière malhonnête, les sondages étant effectivement défaillants actuellement du fait que le choix et la formulation des réponses fait l’objet de la mainmise d’un cartel. Ce que vous n’ignorez pas.

6. L’argument ne tient pas du tout non plus... pour la raison que vous venez vous-mêmes de soulever en 5 : là où il s’agit de pouvoir représenter une circonscription, avec le tirage au sort, il n’y a ni nécessité ni intérêt à ne tirer qu’un représentant. Prenez en en donc 5, 10, 20.

Vous mélangez les contextes (d’où cette contradiction entre les arguments 5 et 6) : ça, c’est justement plutôt quand on élit... Et que 49% des Français (en fait 60 ou 70% couramment) ont le plaisir d’être représentés par un type qui pense l’inverse de ce qu’ils pensent... et fait surtout l’inverse de ce qu’il dit.

7 – Et si les députés n’étaient plus représentatifs d’une circonscription, la déconnexion entre les citoyens et leurs représentants serait totale.

Fort bien, gardez les circonscriptions. Qui a parlé de la nécessité de les supprimer ?

En ce qui me concerne, je souhaite que les candidatures soient portées directement par les citoyens, c’est-à-dire, du moins idéalement, que les candidats ne font pas campagne (lisez Marat). Ce sont les suffrages des autres qui les désignent.

Ainsi ils n’ont justement pas besoin de faire une campagne lourde et coûteuse. Une fois le panel de candidats obtenu, la campagne et le vote se font. C’est pareil, sauf que la connexion entre les citoyens et les représentants est accrue. Catastrophe.

Il y a certes nécessité qu’ils soient volontaires, bien évidemment - et c’est tant mieux d’ailleurs. Mais ayant besoin de recourir au sort régulièrement, on a déjà le corps des citoyens volontaires, établi chaque année sur la base des dépôts (et retraits) de déclaration de volontariat en mairie.

7. Non seulement il y aurait des élections mais pendant que vous déroulez (peut-être malgré vous) cette désinformation, vous ignorez ou oubliez que le principe de légitimité s’aborde sous un angle à peu près inverse, pour le cas du tirage au sort, de ce qu’il est pour l’élection. Voir mon article censuré par Jennar. Ou plus classiquement, Aristote.

Là ou le tirage au sort s’applique, il ne s’agit précisément pas de l’exécutif, d’abord. Je ne sais pas ce que racontent un tas de gens qui disent exactement l’inverse, ça me dépasse. On ne tire pas au sort le capitaine ni le concepteur d’un bateau, mais ceux qui vont décider de la route qu’il empruntera.

Là ou il s’applique, ensuite, la priorité est que, quoi qu’il advienne, le représentant retourne bien vite chez lui, dans sa famille, son lieu de vie et son métier. Tout bonnement parce que c’est à cette condition que les représentants ressemblent au peuple (principe de similarité).

Or l’élection, justement parce qu’elle ne peut être sanctionnée que par la réélection - les marchands de limitation à un ou deux mandats (ou 18, si vous préférez) vous racontent donc n’importe quoi - contrevient directement à ce principe cardinal.

Nous avons donc là deux principes de légitimité non seulement différents mais parfaitement contraires. Mais bien sûr, par ignorance ou par opportunisme, les chasseurs de TAS n’en parleront jamais, peu inclins que sont leurs caisses de résonance à discuter de ce qu’ils imaginent être - merci qui  ? - un plan néonazi d’abolition de la démocratie doublé d’un désert social... créé par des décennies de régime électif.

8. Jolie notice, mais j’ai déjà répondu : le tirage au sort est toujours volontaire, évidemment (Montesquieu, L’esprit des lois).

9. Encore des prétextes farfelues - pour un financement des partis si facile à gérer. Quoi qu’il en soit, la pratique vous donne systématiquement tort.

10. La corruptibilité. Faux encore, c’est l’inverse. Voir mon article censuré par Jennar.

Conclusion.
L’invocation de la Grèce antique ne tient pas debout :

– d’une part parce qu’il s’agissait de cités de quelques milliers d’habitants tout au plus, où tout le monde se connaissait,
40 000 citoyens vivant pour beaucoup à des heures de charrette. Énorme infrastructure militaire, mines, bâtiments, agora, tragédie, comédie, etc. Mais ça se bise-bisait tous les jours.

– d’autre part parce que les problèmes étaient d’une moindre complexité que dans le monde d’aujourd’hui,
Maintenant qu’on a implanté l’idée absurde selon laquelle le TAS implique moins de gouvernement ou plus de dilution du gouvernement, on s’offre une tentative d’essai.

– enfin parce que ce tirage au sort était loin d’être un modèle de démocratie (les femmes et les esclaves en étant écartés).
Productivité moyenne en l’an 400 avant J.-C. ?
Ressortir ce genre de cliché montre peut-être, surtout, qu’on ne comprend pas bien le fondement éminemment aristocratique de la démocratie athénienne, lequel a son empreinte sur tout l’édifice institutionnel (où la décision politique est basée ultimement sur l’initiative, laquelle est en retour très contrôler car elle peut se payer cher). Pourquoi, à votre avis, ont-ils eu tant de cours de rhétorique et tant de sycophantes ?

Tout cela n’est pas très sérieux. Mais comme je le disais, ce n’est pas moi qui enquiquine Asselineau et je ne vois pas le rapport avec le fil.


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