Commentaire de Fergus
sur Marion du Faouët : héroïne ou bandit en jupon ?


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Fergus Fergus 6 septembre 2016 11:57

Bonjour, Aristide

« Voleuse », oui, « criminelle », non : Marion du Faouët a toujours été rigoureuse sur ce plan dans la conduite de ses hommes.

« tous et toutes » et a fortiori « pauvres et très pauvres », non plus : les cibles de la Compagnie Finefont étaient des marchands et des paysans aisés ayant fait de juteuses affaires sur les foires et les marchés, jamais des gens précaires. Quant aux « riches », ils étaient en général escortés lors de leurs déplacements, et s’en prendre à eux eût risqué de décupler le zèle de la maréchaussée, d’où la prudence de Marion à leur égard.

« Les pieds mis sur les braises pour faire avouer les caches du maigre magot » : oui, les « chauffeurs » ont existé, notamment dans le nord de la France, mais jamais à ma connaissance la Compagnie Finefont n’a eu recours à ce genre de torture.

« à lire des sources moins dithyrambiques, on apprend qu’elle était une chef d’une bande d’assassins, rançonneurs, pratiquant une violence extrême sur tous ceux qui lui résistaient. »

Quelles sources ? Certes, le bouquin de Jean Lorédan, publié en 1910, porte un regard nettement moins complaisant que celui des romanciers et romancières qui l’ont suivi, mais je ne me souviens pas qu’il ait fait état de crimes commis directement par Marion du Faouët et les affidés dont elle avait le contrôle immédiat.

En réalité, je ne cherche pas à me faire un défenseur inconditionnel de Marion du Faouët, et c’est pourquoi je m’étonne de l’honneur qui lui est fait, sous différentes formes, par de nombreuses communes de Bretagne. Mais si j’en crois les débats qui ont lieu, notamment à Rennes, lorsqu’ont été baptisées l’allée Marion du Faouët et la Maison de quartier éponyme, le passé de délinquante de l’intéressée n’a pas été jugé rédhibitoire par les conseillers municipaux, ce qui n’eût pas manqué d’être le cas s’il s’était agi d’une criminelle.


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