Commentaire de ROLLAND
sur Pour la direction du Parti communiste français, les présidentielles sont perdues. Restent les législatives


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ROLLAND 24 octobre 2016 15:36

Proposer de prendre l’intérêt général humain comme ligne politique et vision stratégique se situe nécessairement « hors partis », non pas au sens d’une hostilité à l’idée même de parti, mais en dehors des partis actuels parce qu’ils ne « correspondent » pas à la réalité sociale mondialisée, dominée par un individualisme intéressé. Ce ne sont pas seulement les institutions de la Vème République qui sont à bout de souffle.

L’intérêt général humain, c’est ce qui peut parler à toutes et tous, ce qui concerne l’ensemble de la société française quelles que soient la situation sociale de chacun, son appartenance de classe vécue ou niée, sa position et sa fonction économiques dans les rapports de production capitalistes d’aujourd’hui. Ces données, objectives et subjectives, sont forcément prises en compte dans les propositions différenciées de programmeet d’organisation qui sont, pour cette stratégie, ses moyens d’existence et de vie.

Il est plus que temps de comprendre et d’admettre que nationalement, les partis ne sont plus en phase avec leur « temps », ne l’expriment ni essentiellement ni existentiellement, et donc ne sont pas entendus par celles et ceux auxquels ils essaient de s’adresser.

C’est l’une des raisons de l’abstention massive et consciente des gens lors d’élections nationales, alors que celle-ci est moindre lors d’élections générales locales, comme si, à ce niveau de proximité relative, une correspondance ou une communication étaient encore établies.

Cette analyse a conduit Jean-Luc MELENCHON à fonder un « mouvement » avec tout ce que cela implique de mobilité et de dynamisme, mais aussi d’aléatoire et de fluctuant, d’incertain donc de « risqué ».

D’où la crainte des « vieux croyants » qui, dans la moins pire des hypothèses, alimente  leur hostilité à cette nouveauté, se posant en irréductibles gardiens des vieilles recettes ayant « fait leurs preuves », propriétaires des « boites à outils » et autres instruments d’intervention dans la réalité sociale de leurs habitudes ou de leurs préjugés.

Cet entêtement les conduit logiquement à combattre tout ce qui se propose en dehors des sentiers rebattus.

Aujourd’hui, avec plus ou moins d’honnêteté intellectuelle, mais avec un vocabulaire toujours choisi, les tenants de cette logique réduisent cette innovation à une équipée individuelle et solitaire donc aventuriste, quand elle n’est pas rapportée à des expériences anciennes,  récusées par les gens de gauche « normaux », comme dirait l’autre : « ni César, ni tribun », pensent-ils, disent-ils aussi.Comment se faire entendre par qui est délibérément ou involontairement sourd, et qui, malgré le  vacillement de ses vielles croyances, s’y raccroche encore tout en en cherchant de nouvelles, de préférence à l’image de celles qui l’abandonnent ?

D’où l’éternel retour de « la question », posée ouvertement ou sous-jacente : Jean-Luc MELENCHON est-il crédible ? Sincèrement, vous y croyez, vous ? Parce qu’enfin, ce n’est pas un homme neuf, il a fait partie, et même parti, d’un passé controversé pour la « gauche », et en plus il ne le renie pas ! Et si l’opposition à l’homme-Mélenchon ne servait qu’à masquer des raisons autres comme : le refus de propositions de programme, et aussi, peut-être, la perte possible de situations personnelles acquises dans l’activité partisane, que le « mouvement », dans sa forme actuelle, remet forcément en cause ?

Mais alors, qui ? On n’en est pas encore à l’idée folle d’une primaire interne au PCF, mais déjà des bouts de nez commencent à pointer, un ventre de sénateur, une moustache à l’ancienne…

Et le temps passe…

Dans un passé qui décidément ne passe pas, dans des résolutions et déclarations solennelles, le PCF a regretté très officiellement et sincèrement les hésitations, les « retards » pris à faire siennes des nouveautés historiques déstabilisantes, lors des débuts de la déstalinisation, lors des mouvements sociaux et évolutions des mœurs de 1968 et après, à propos de questions théoriques, de débats idéologiques…

Quelle appréciation pourra-t-il porter, dans quelques mois, quelques années ( ?), sur ce temps qui passe depuis des mois, sur ce temps qui le dépasse ?

Cela se résumera-t-il à ce constat : « nous n’avons pas été à la hauteur » ? De quoi ? Tout bonnement de ce qui fut son orientation politique d’ouverture et d’invention, à savoir : l’intérêt général humain, base de l’union populaire. Pourquoi ? Parce qu’il est aujourd’hui animé par quelqu’un d’autre ? Dommage.

 

Nieul, le 18 octobre 2016  Robert ROLLAND


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