Commentaire de Christian Labrune
sur Le mythe et la nécessité


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Christian Labrune Christian Labrune 27 mars 2017 15:21

@Pascal L
Je suis en train de lire Renan, son autobiographie. J’aime bien le bonhomme, même s’il paraît pasticher assez souvent la manière d’un Jean-Jacques Rousseau que j’exècre. J’en suis au moment où il sort du séminaire de Saint-Sulpice parce qu’il a enfin compris, en bon rationaliste, que la théologie chrétienne, avec sa quincaillerie de « mystères » et de miracles, est une grosse farce. Quand on a un minimum de rigueur intellectuelle, On n’explique pas l’obscur par le plus obscur !

La notion même de miracle, qui ne semble pas vous gêner beaucoup, est une absurdité, et dans son « Traité théologico-politique », Spinoza le démontre admirablement. Le miracle (supposons une guérison surprenante) ne peut s’expliquer que parce que Dieu, qui est pourtant la perfection même, se rend compte à un moment donné qu’il s’est gouré, que quelque chose ne fonctionne pas très bien dans les lois de la nature qu’il a créée. Tel est aveugle ou paralysé, et depuis des années, qui n’aurait pas dû l’être. Dès lors, Dieu n’hésite pas, en bricoleur un peu maladroit, à raturer son oeuvre pour corriger l’erreur. Quand il s’agit du pauvre Lazare déjà mort et puant, il lui faudra nécessairement remourir. Mourir une fois, ça n’est déjà pas très trôle. Mourir deux fois, vous conviendrez que c’est le comble de l’horreur.

Pascal, qu’on prend à tort pour un grand scientifique (mais Alexandre Koyré a quelque peu ratatiné cette légende) et qui n’est pas beaucoup plus vieux que Spinoza, n’hésite pas, dans les Pensées, à justifier sa foi par les miracles. Mais des miracles, il y en avait aussi dès l’antiquité, dans les temples dédiés à Asclépios,et en fort grand nombre ! De nos jours, reconnaissez-le, il ne s’en produit plus beaucoup, et je serai probablement le dernier citoyen français à avoir vu, de mes propres yeux vu, ce qui s’appelle vu, l’Immaculée Conception nimbée de lumière crue dans la grotte des Buttes-Chaumont.

En fait, s’il fallait un jour que je retourne à la religion, je vouerais probablement un culte à la Dame du pays de Pount, la déesse Hathor des anciens égyptiens. Je vais la voir au Louvre, assez souvent. C’est qu’elle est vachement belle - à faire pâlir la BVM !
 


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