jeudi 30 juillet 2009 - par L’équipe AgoraVox

Beigbeder auto-censuré

Sniffe, sniffe. Beigbeder a coupé sa coke. Sans broncher. Il a mis de l’eau dans son vin. Dans la première version de son nouveau livre, Un roman français, qui sort le 18 août prochain chez Grasset, l’écrivain attaquait violemment Jean-Claude Marin, procureur de la République de Paris. Son éditeur lui a conseillé de retravailler les passages litigieux.

"Je n’ai pas le droit de dire tout le bien que je pense de Jean-Claude Marin..." Frédéric Beigbeder n’aime pas le procureur de la République de Paris. Et il le dit. Il aurait préféré le dire autrement, mais son éditeur, Olivier Nora, patron des éditions Grasset où doit sortir le 18 août le prochain opus de Beigbeder, « Un roman français », l’en a dissuadé.

Le 29 janvier 2008, l’ancien fils de pub reconverti dans les lettres et la chronique mondaine, est appréhendé par la police sur un trottoir alors qu’il sniffe un rail de coke sur le capot d’une voiture, devant une boîte de nuit. Interpellation, contrôle - positif - des urines et garde à vue qui dure jusqu’à la journée suivante. L’intéressé ne nie pas les faits, mais reproche au procureur Marin de l’avoir laissé croupir plus que de raison dans les geôles de l’état, en l’occurrence le commissariat du 8ème arrondissement. « Il est alors transféré pour une seconde nuit au dépôt à la Cité car, affirme-t-il, Jean-Claude Marin souhaitait s’entretenir avec lui », rapporte Le Monde.
 
C’est ce qui a énervé, à tort, l’écrivain. A tort, car Jean-Claude Marin, selon le témoignage de Laurent Le Mesle paru dans l’Express, n’est pas responsable de cette garde à vue qui d’ailleurs n’a pas été prolongée. « La garde à vue du romancier a en effet été levée au soir de sa première journée, mais, le juge devant lequel il devait être présenté étant absent à cette heure-là, il a dû passer la nuit au fameux "dépôt" de Paris, jusqu’au lendemain matin. D’où, sans doute, la confusion dans son esprit », précise la même source.

Dans la première version de son roman que déjà 3000 personnes (libraires, journalistes, éditeurs…) ont pu lire (et dont il a fallu réimprimer les 60 000 exemplaires), Beigbeder répète 23 fois en l’espace de trois pages le nom du procureur. Et pas pour en dire du bien ! Olivier Nora a préféré faire retravailler ce passage à son poulain qui a les modifié de bonne grâce. "Je m’étais d’abord concentré sur une lecture littéraire du manuscrit de Frédéric Beigbeder et je lui ai fait des remarques de style, explique le patron de Grasset au Monde. C’est en relisant à tête reposée le livre dans cette version que le caractère provocateur et grinçant de certains passages m’a sauté aux yeux ».
 
Il est possible donc que ces passages aient d’abord sauté aux yeux de Jean Veil, ’avocat de Nora. Coïncidence, c’est aussi celui de Jean-Claude Marin…

 



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