Les hommes préfèrent les blondes. Même chez les afro-antillais. Mais cette mode, c’en est une, fait des ravages chez les femmes africaines. Selon la mairie de Paris qui lance une campagne de prévention à propos du banchiment de la peau, environ 20% des femmes Afro-antillaises vivant à Paris s’éclaircissent la peau, au détriment de leur santé.
La mairie de Paris vient de lancer une campagne d’information sur les dangers des crèmes éclaircissantes. Une bande dessinée intitulée « Beauté d’ébène », un guide pédagogique distribué gratuitement depuis le 3 novembre et 6000 affiches seront apposées dans les 18e, 19e et 10e arrondissements de la capitale, quartiers où se regroupe traditionnellement la diaspora africaine. Ce que regrette Isabelle Mananga, présidente de l’association Label beauté noire à Évreux et pionnière de la lutte contre le blanchiment de la peau. Les Noirs ne sont heureusement pas cantonnés à ces trois arrondissements...
Parallèlement, des messages de prévention sont diffusés auprès du personnel médical, des permanences de Protection maternelle et infantile (PMI) et des associations. Le slogan de cette campagne est simple et efficace : « Séduire… oui ! Se détruire… non ! ». Car « la peau claire est, selon Assyta, jeune femme d’origine tchadienne, interrogée sur Paris.fr, un critère de beauté pour de nombreux hommes africains ».
Pourtant les crèmes utilisées pour blanchir la peau peuvent non seulement la brûler, mais être à l’origine de pathologies telles que l’acnée et les vergetures, ou, plus grave, l’hypertension, le diabète, la perte de la vue...
Ian Brossat, président du groupe communiste au conseil de Paris et élu du 18e est à l’origine de cette campagne qui a couté 30 000 euros a « découvert le problème à l’occasion d’une saisie exceptionnelle de produits blanchissants illicites à l’automne dernier. Il m’a alors semblé, explique t-il au Point que si l’aspect répression semblait se renforcer rien n’était fait pour traiter la demande ».
Les 20% de femmes de la communauté afro-antillaise qui utilisent ces crèmes n’ont pas vraiment « conscience des risquent encourus ». Pour Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire chargé de la santé publique et des relations avec l’AP-HP, « cette campagne de santé publique vise à les mettre en garde sur les dangers auxquels elles s’exposent ».
La mairie recommande de ne pas acheter de produits interdits, vendus à la sauvette, hors de leur emballage d’origine ou issus de mélanges. Les produits éclarcissants illicites sont faciles à trouver. Dans certains quartiers, du côté de Strasbourg Saint-Denis, les vendeurs à la sauvette les fournissent à la demande même si avec le temps l’étau s’est resserré autour de ce commerce illégal.
Pour Isabelle Mananga qui s’exrpime dans Le Point, « la prise en charge est insuffisante. Seuls cinq médecins en France se sont spécialisés sur ce problème, et, en général, les dermatologues nous disent qu’ils ne sont pas formés dans ce domaine ». Il faudrait davantage d’ambassadeurs et d’ambassadrices de la peau noire.
« Heureusement qu’il y a Rama Yade, jeune, belle, noire et ministre. Je ne l’ai jamais rencontrée, mais je peux vous dire qu’elle nous aide beaucoup dans notre travail », constate Isabelle Mananga.