lundi 30 octobre 2006 - par L’équipe AgoraVox

Castro, un dernier souffle d’anti-américanisme

Le Time titrait il y a quelques jours : “Castro Reported to Have Cancer”, et expliquait que selon les services de renseignements américains, il s’agirait d’un cancer en phase terminale. Probablement la reprise par plusieurs journaux américains de cette perception de l’état de santé du président cubain a-t-elle compté dans sa décision de faire une apparition publique, dopé par l’envie de montrer qu’il n’est ni mort ni « moribond ». En quelques courtes phrases, il explique que justement ces rumeurs le « stimulent pour travailler et lutter ». On se souvient que fracture ou pas, perte de connaissance ou pas, Fidel Castro ne modifiait pas son agenda. Il essaie encore d’agir : « Je participe aux décisions les plus importantes avec mes camarades de la direction du Parti et du gouvernement. Je fais tout mon possible pour soutenir les camarades et être utile. » La discrétion sur sa maladie, elle est une précaution nécessaire face aux menaces des Etats-Unis, « l’empire » : le 3 août, à La Havane, dans le deuxième communiqué après son opération (certains disent maintenant « sa première opération »), il expliquait : « En raison des plans de l’empire, mon état de santé devient un secret d’État qui ne peut être constamment divulgué. »

Le jour de son quatre-vingtième anniversaire, le 13 août, il a décidé de reporter les festivités, défilé militaire, concert gigantesque, multiples invitations, au 2 décembre, date choisie pour commémorer le cinquantième anniversaire de son débarquement du Granma et de la naissance de la guérilla qui le conduira à sa victoire de 1959. Beaucoup doutent qu’il soit en état d’y participer. Certes, ses alliés, ses amis enchaînent les commentaires rassurants : le président vénézuélien Hugo Chavez a déclaré il y a quelques jours que le Fidel Castro marchait bien et effectuait « des sorties nocturnes dans la campagne ». Les images diffusées par les télévisions ne permettent pas d’imaginer que Castro puisse faire plus que quelques pas hésitants. Le président bolivien Evo Morales considère qu’il pourra reprendre ses fonctions « dans deux ou trois semaines ». Mais il leur arrive d’oublier de contrôler leurs paroles, et c’est le même Chavez qui a répété ce qu’il venait d’entendre dans la chambre d’hôpital de la bouche de Castro, le 1er  octobre : « Moi, j’ai fait mon temps, je peux mourir. Mais toi, tu dois vivre. Tu es un esclave de la vie, ne les laisse pas te tuer ! »




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