lundi 11 décembre 2006 - par

Chevènement turbule

Pour qui, toute cette emphase ? Dimanche, hier, c’était « un moment très important pour l’histoire de la gauche », car c’était « la réconciliation de la gauche du oui et de la gauche du non » -au référendum sur le projet de traité européen. Tel était l’effet produit sur Ségolène Royal des paroles de Jean-Pierre Chevènement, qui annonçait avec la dernière énergie qu’il n’allait plus « jusqu’au bout », enfin qu’il changeait de route, et « c’est en toute conscience » -conscience morale, probablement, d’ailleurs il voit en Ségolène Royal l’allégorie du « bien commun » quand elle entre dans la salle où sont rassemblés les militants du MRC - qu’il retire sa candidature au profit de la candidate investie par le PS. Les choses ont bien changé depuis 2002 : cette fois, Jean-Pierre Chevènement considère que son ralliement va « ouvrir la voie à un dynamisme positif au premier tour ». Que tous ceux qui avaient observé quelques différences entre les positions du Mouvement républicain et citoyen et le PS oublient, Ségolène Royal souffle sur les doutes en déclarant : « Nous partageons les mêmes valeurs (...), la même conviction, la même rigueur, la même volonté d’entraîner la France dans ces valeurs républicaines. », sans aller toutefois jusqu’à utiliser conviction au pluriel. Jean-Pierre Chevènement va pouvoir ressortir un ancien slogan de campagne :  « Peu importe d’où nous venons, ce qui compte, c’est où nous irons ensemble. » Et il va devoir rafraîchir son blog de campagne 2007 en supprimant ce genre de message :

« Tout est fait en 2007, comme en 2002, pour occulter le fond et enfermer la campagne présidentielle entre deux falaises. Dans ce Roncevaux nouvelle manière, on ne bombarde pas avec des pierres : les B 52 de la désinformation écrasent Roland d’un linceul d’indifférence feinte. Comment faire « turbuler » ce système trop bien huilé ? Il y a sûrement un moyen  ! » Un des moyens est de turbuler soi-même.

Samedi soir un accord électoral a été conclu. Les délégués réunis en Convention nationale avaient voté à 84% en sa faveur. Dix circonscriptions seront réservées à des candidats du MRC, qui seront soutenus par le PS. Six places de suppléants de candidats socialistes seront réservées au MRC. Dans une soixantaine de circonscriptions en cours de détermination, « le MRC présentera ses propres candidats à côté des candidats présentés ou soutenus par le PS ». Patrick Trannoy, secrétaire national aux élections du MRC, n’était pas enthousiasmé par l’accord, qu’il perçoit comme un « baiser de la mort », les circonscriptions réservées lui paraissant « pour une très large majorité pas gagnables ».

Les commentaires, sur le blog de campagne de Jean-Pierre Chevènement notamment, sont très partagés. Nicolas Voisin avait prédit la nouvelle sur nuesblog...




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