Fromantin, déjà élu maire de Neuilly

A Neuilly, après la destitution à grand fracas de David Martinon, on s’attendait à ce qu’Arnaud Teullé, patron de l’UMP locale, devienne la tête de liste. L’affaire semblait bien réglée, le tiercé gagnant serait Teullé, suivi de Jean Sarkozy, le fils qui marche sur les traces du père, et Marie-Cécile Ménard, conseillère générale.

Mais non, à la surprise générale, c’est Jean-Christophe Fromantin qui sera tête de liste UMP à Neuilly. Un incroyable renversement de situation qui montre bien qu’à l’Elysée, ça bouge encore...

C’est un psychodrame politique qui vient de se clore de façon très inattendue ce matin. David Martinon, 36 ans, porte-parole de l’Elysée, investi par Nicolas Sarkozy (maire de la ville de 1983 à 2002) pour se porter candidat à la mairie de Neuilly, a été sommé par le même Nicolas Sarkozy de se démettre.

« Les conditions ne sont plus réunies pour que je mène la campagne des municipales à Neuilly. J’en tire toutes les conséquences et je me retire. Je tiens à remercier tous ceux, et ils sont nombreux, qui m’ont accompagné, qui m’ont aidé, qui m’ont fait confiance et qui se sont investis dans cette campagne comme je me suis investi, c’est-à-dire sans compter. Je ne les oublierai jamais », déclare Martinon lors d’une conférence de presse. Dans le même élan, il donne sa démission de porte-parole de l’Elysée qui la refuse.

En effet, la veille, un sondage catastrophique (pour Martinon et par conséquent pour Nicolas Sarkozy qui ne peut se permettre de perdre la face dans sa ville), publié dans Le Figaro, le donne grand perdant face à la liste dissidente menée par le Jean-Christophe Fromantin.

Les « amis » de Martinon - Teullé, Jean Sarkozy et Marie-Cécile Ménard - le lâche sans douceur. Hier soir, après une réunion avec le secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian, les choses rentrent dans l’ordre, mais Teullé ne dirigera pas la tête de liste. C’est désormais Fromantin, le dissident, le patron...

« Marie-Cécile Ménard, qui est déjà conseillère générale et conseillère municipale, serait en numéro deux. Malgré sa jeunesse, Jean Sarkozy est sans doute le plus populaire dans la ville. Mais son père, qui ne veut pas qu’on l’accuse de favoriser le privilège de la naissance sur celui du mérite, l’aurait dissuadé de rejoindre la liste. En échange, Jean Sarkozy deviendrait conseiller général, à la place du sortant, Louis-Charles Bary. En embuscade se tient Arnaud Teullé, qui n’aurait pas obtenu gain de cause. Poussé par son entourage et par les militants de l’UMP, il rêvait de saisir sa chance. Mais il n’était pas le candidat de l’Élysée », précise Le Figaro.

« Jean-Christophe Fromantin n’appartient pas à l’UMP, explique Patrick Devedjian au Monde, mais l’UMP serait très largement représentée sur sa liste dans cette hypothèse. Ce qui nous importe c’est le rassemblement, ce n’est pas le sectarisme partisan ».

Du côté de l’Elysée et de Matignon, aucun commentaire officiel. Pour Yves Jégo, porte-parole de l’UMP, « David Martinon a pris une décision dans l’intérêt de sa famille politique. Il a sacrifié ce qui pouvait être un intérêt personnel à l’intérêt de sa famille, à l’intérêt de la ville de Neuilly », rapporte Le Monde. Bref de la pure langue de bois sur toute la ligne.

Il n’empêche que le parachutage de Martinon, sa destitution brutale, ce semblant de putsch du fils Sarkozy et la mise en place ubuesque de Fromentin fait désordre. C’est devenu une affaire nationale. « Il est profondément malsain de croire qu’une ville appartient à un homme ou à un camp et qu’on veuille imposer de l’extérieur un certain nombre de solutions. Beaucoup de Français écoutent ça en n’en croyant pas leurs oreilles et en se disant ’quand est-ce que ça va s’arrêter et où va-t-on aller ?’, a notamment déclaré François Bayrou à propos de cette affaire.