mardi 3 octobre 2006 - par

Improbable scénario d’accident

Un ciel pur, au-dessus de la forêt amazonienne. Dans un avion d’affaires Embaer Legacy 600, sept passagers, dont un correspondant du New York Times pour la rubrique « Voyages », Joe Sharkey. Il entend : « On a été touchés ». Il raconte : « Touchés ? Par quoi ? Je me suis posé la question. J’ai relevé le cache-hublot. Le ciel était clair ; le soleil était bas dans le ciel. La forêt amazonienne s’étendait à perte de vue. Mais là, à l’extrémité de l’aile, une partie était déchiquetée ; peut-être sur 30 cm, là où l’aileron de 150 cm aurait dû se trouver. » Au bout de vingt-cinq minutes de recherches, les deux pilotes trouvent une piste, sur une base militaire. « La descente a été dure et rapide. J’ai regardé les pilotes lutter avec l’appareil parce que de nombreux contrôles automatiques étaient hors d’usage. Ils ont réussi à poser l’avion alors qu’il restait encore beaucoup de piste. On est sorti de l’avion en titubant. » Trois heures et demie après la collision, ils savent qu’un Boeing 737 de Gol s’est écrasé, que les 155 personnes à bord sont mortes.Les deux appareils volaient respectivement au FL330 et FL360, et il semble que ce soit le Boeing qui soit descendu légèrement de son altitude.

C’est le premier grand accident aérien qui implique la compagnie à bas coûts GOL, fondée en 2001, et qui dispose, parmi cinquante-trois avions,  de six Boeing 737. Gol est aujourd’hui la deuxième compagnie du pays derrière TAM, avec plus de 500 vols quotidiens au Brésil et à destination de l’Argentine, de la Bolivie, du Paraguay et de l’Uruguay. L’appareil accidenté comptait un peu plus de deux cents heures de vol.

L’accident est troublant, et selon l’Armée de l’air, « l’enquête pourrait prendre plusieurs mois. »

Le pilote a déclaré « avoir perçu une ombre se rapprocher rapidement avant de subir un choc sur l’avion » sans comprendre comment un 737 a pu les heurter sans qu’ils le voient. Ce Boeing avait disparu des écrans radar après son décollage de Manaus, dans la zone où en 1989 un autre 737, de la compagnie Varig, s’était écrasé (mais quarante-six personnes sur cinquante-quatre avaient survécu). Le président de l’autorité portuaire Infraero, M. Pereira, pose ainsi le problème : « La principale question à laquelle l’enquête doit répondre est comment cela peut se produire avec deux avions ultramodernes dotés d’équipements visant à prévenir des collisions. »

Les premières pistes d’explication sont encore hypothétiques : le jet peut avoir heurté le système électrique et hydraulique du stabilisateur du Boeing, l’aileron situé à l’extrémité gauche du jet a pu provoquer de graves dégâts, « comme un couteau dans du beurre », a expliqué au journal Globo Moacyr Duarte, expert en accident aérien à l’Université fédérale de Rio de Janeiro.




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