La mort en couches, une réalité pesante en France
Le 44e des cent objectifs
du plan de santé publique de juillet 2005, la santé maternelle et périnatale, n’est
pas atteint. La comparaison entre la situation en France et celle des autres
pays de développement équivalent inquiète : chaque année, en France, 50 à
97 mères décèdent avant, pendant l’accouchement ou au cours des six semaines
qui suivent, ce qui donne un taux de 9 à 13 décès pour 100 000 naissances,
les voisins européens enregistrant un taux de 2 à 5 pour 100 000 ;
Certes, la situation s’est
grandement améliorée au fil des siècles. Quelques données : vers 1600,
dans la région parisienne, une primipare (premier enfant) sur huit meurt en
couches. Quand la césarienne commence à être pratiquée, vers 1730, la mère
mourait dans 80% des cas. Les cas difficiles sont passés de 2% à la fin du
XVIIIe siècle à 1‰ aujourd’hui. Au début du XXe siècle, c’est en Suède que le
taux de mortalité maternelle était le plus faible : 230 décès pour 100 000
naissances.
Des progrès, certes, mais une
chose dérange dans la dernière étude épidémiologique : beaucoup de ces
décès « pourraient être évités ». Les observations font état d’une « explosion »
du nombre de césariennes, passé de 10,8% en
1981 à 20,2% en 2003. Le risque de mortalité maternelle est multiplié
par 3,5 par la pratique d’une césarienne, il serait opportun de ne pas recourir
à l’acte par « confort ». Que faire contre l’augmentation linéaire de
l’âge de la première maternité ? Le risque est huit fois plus élevé à
quarante ans qu’à vingt ans. En revanche, le risque de mortalité est, toujours
en France, « deux fois plus élevé
chez les femmes qui ne sont pas originaires de l’Union européenne », ce
qui, ajoute le rapport, « nous renvoie à des questions d’égalité d’accès à
la prévention et aux soins ». Enfin 73% des décès dus à une hémorragie, 44%
des décès dus à une hypertension, 29% des décès de cause indirecte seraient « évitables ».
A Sparte, relate Plutarque, seuls avaient le droit
d’inscrire leur nom sur leur tombeau les soldats morts au combat et les femmes
mortes en couches. Cette mort n’est plus une gloire aujourd’hui.