lundi 18 décembre 2006 - par

Le chant de la sirène Le Pen

Marine Le Pen l’avait déjà dit : le Front national se sent diabolisé, une campagne d’explicitation de la réalité des options politiques qu’il préconise sera lancée, et à cette occasion, des évolutions dans la ligne du parti seront annoncées. Aujourd’hui c’est de la loi Veil qu’il est question, combattue avec tant de hargne en 1975, à coups d’expression comme le « génocide des embryons » et d’assimilations hasardeuses : l’avortement était mis au rang des causes de la dénatalité qui frappait la France. Le site Internet du Front national va donc mettre à jour des références comme celle-ci : « L’avortement, mettant en cause un tiers, l’enfant à naître, ne peut être tenu pour légitime ; quant à la nation, elle doit pourvoir à sa continuité dans le temps. Allant donc contre le bien commun de notre pays, les lois sur l’IVG seront abrogées. » 


Marine Le Pen a annoncé que le parti, en cas d’accession au pouvoir, demanderait aux Français de se prononcer par référendum sur le droit à l’avortement. Ce n’est pas renoncer à l’abrogation, c’est laisser la porte ouverte au maintien de la loi. C’est aussi une évolution nette sur la conception de la femme : le 20 mars 1996, dans une interview au Parisien, Jean-Marie Le Pen déclarait : « L’affirmation que leur corps leur appartient [aux femmes] est tout à fait dérisoire, il appartient à la vie et aussi en partie à la nation. »

Cette évolution s’inscrit dans un contexte plus large de repositionnement du Front national dans une logique plus néofasciste que chrétienne d’extrême droite, cette dernière tendance historique du parti se déportant assez massivement vers le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers.




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