Marine
Le Pen l’avait déjà dit : le Front national se sent diabolisé, une campagne d’explicitation
de la réalité des options politiques qu’il
préconise sera lancée, et à cette occasion, des évolutions dans la ligne du
parti seront annoncées. Aujourd’hui c’est de la loi Veil qu’il est question,
combattue avec tant de hargne en 1975, à coups d’expression comme le « génocide
des embryons » et d’assimilations hasardeuses : l’avortement était
mis au rang des causes de la dénatalité qui frappait la France. Le
site Internet du Front national va donc mettre à jour des références comme
celle-ci : « L’avortement, mettant en cause un tiers,
l’enfant à naître, ne peut être tenu pour légitime ; quant à la nation, elle
doit pourvoir à sa continuité dans le temps. Allant donc contre le bien commun
de notre pays, les lois sur l’IVG seront abrogées. »
Marine Le Pen a annoncé que le parti, en cas d’accession au
pouvoir, demanderait aux Français de se prononcer par référendum sur le droit à
l’avortement. Ce n’est pas renoncer à l’abrogation, c’est laisser la porte
ouverte au maintien de la loi. C’est aussi une évolution nette sur la
conception de la femme : le 20 mars 1996, dans une interview au Parisien, Jean-Marie Le Pen déclarait :
« L’affirmation que leur corps leur
appartient [aux femmes] est tout à fait dérisoire, il appartient à la vie et
aussi en partie à la nation. »
Cette évolution s’inscrit dans un contexte plus large de
repositionnement du Front national dans une logique plus néofasciste que
chrétienne d’extrême droite, cette dernière tendance historique du parti se
déportant assez massivement vers le Mouvement pour la France de Philippe de
Villiers.