dimanche 21 août 2005 - par

Lula risque d’être éclaboussé par des scandales de corruption

RIO DE JANEIRO (AP)

Les scandales de corruption qui inondent depuis plusieurs mois la vie politique brésilienne, et notamment le Parti des Travailleurs (PT) au pouvoir, semblent se rapprocher du président Luiz Inacio Lula da Silva et pourraient bien finir par l’éclabousser.

Plusieurs proches de Lula ont été contraints à la démission, notamment son directeur de cabinet, Jose Dirceu, soupçonné d’avoir supervisé le versement de pots-de-vins à des députés afin qu’ils votent les textes importants du gouvernement.

Le trésorier du PT, Delubio Soares, et le secrétaire général du parti, Silvio Pereira, ont également démissionné. Ce dernier aurait accepté un véhicule Land Rover, d’une valeur de plus de 26.000 euros, qui lui aurait été offert par une société privée.

Ce mois-ci, 22 députés du Parti des Travailleurs se sont scandalisés des actes de corruption présumés et du financement douteux d’une campagne électorale. Ils ont quitté les rangs du PT. Ce quasi-schisme pourrait coûter au parti un cinquième de son soutien parlementaire.

Le 11 août, Duda Mendonca, le directeur de la campagne présidentielle de Lula en 2002, a expliqué à une commission d’enquête parlementaire qu’environ 10,5 millions de reals (3,7 millions d’euros) lui avaient été versés pour ses services sur un compte en banque secret aux Bahamas.

La dernière affaire en date, qui a secoué vendredi les marchés brésiliens, concerne le ministre des Finances Antonio Palocci : il a démenti dimanche "avec véhémence" avoir reçu des fonds et les avoir transmis au PT quand il était maire de Ribeirao Preto, ville sucrière de 500.000 habitants, dans les années 90. Considéré comme l’architecte de la politique économique conservatrice en cours au Brésil, il a ajouté avoir proposé sa démission à Lula, lequel l’a rejetée, "même temporairement", le temps de l’enquête.

Les accusations proviennent d’un de ses adjoints quand il était maire, Rogerio Buratti, poursuivi actuellement pour trafic d’influence présumé notamment.

Depuis, certains se demandent si Lula n’était pas au courant qu’au moins une partie de sa campagne était financée avec de l’argent illicite, placé à l’étranger pour échapper aux impôts.

Fondé en 1980, le Parti des Travailleurs, qui prône un "socialisme à visage humain", jouissait d’une image propre jusqu’en juin. Le député Roberto Jefferson, proche du gouvernement, a accusé le PT de corrompre des députés pour obtenir leurs voix afin de faire passer certaines lois. Il a cependant assuré que Lula était innocent.

Puis, plusieurs hommes politiques ont été arrêtés à l’aéroport alors qu’ils arrivaient ou quittaient le Brésil avec des sacs, ou des sous-vêtements, remplis de billets. Lors de l’une de ces interpellations théâtrales, les policiers ont saisi sept valises contenant quelque 4,3 millions de dollars (3,5 millions d’euros) en liquide.

Le 30 juillet, le président Lula a prononcé un discours où il accusait les "élites" conservatrices de comploter contre lui. Deux semaines plus tard, il est apparu à la télévision et a présenté ses excuses pour tout méfait qu’aurait pu commettre son gouvernement ou son parti.

Antonio Oliveira Claramunt, un agent de change clandestin arrêté il y a un an pour blanchiment d’argent, pourrait peut-être apporter quelques éclaircissements. Surnommé Barcelona Tony, cet homme qui purge une peine de 25 ans de prison explique, dans des lettres envoyées à sa famille et publiées dans l’hebdomadaire "Vieja", qu’il sait comment l’argent était transféré sur des comptes secrets à l’étranger pour financer des campagnes électorales et éviter les impôts. Il affirme que cette pratique avait cours dès 1989 et il dit savoir qui effectuait ces dépôts.

Interrogé par la Commission parlementaire, il a affirmé avoir transféré de l’argent à l’étranger pour le président de la Banque centrale, Henrique Meirelles, et le ministre de la Justice, Marcio Thomas Bastos. Tous deux ont démenti et Antonio Oliveira Claramunt n’a pas étayé ses accusations. Mais les enquêteurs pensent qu’il pourrait fournir d’autres informations. AP




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