jeudi 4 janvier 2007 - par

Sous la houlette allemande, de périlleux enjeux

La double présidence de l’Union européenne et du G8, hasard de calendrier, place l’Allemagne en première ligne pour les initiatives et la coordination des politiques européennes et plus largement occidentales. L’Europe vient de s’élargir, et l’intégration de la Bulgarie et de la Roumanie est déjà un défi : les deux pays sont les plus pauvres de l’Union, avec 33 et 34% de la moyenne européenne du PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat, selon les données d’Eurostat (office européen de statistiques). La Lettonie, ancienne lanterne rouge, est à 48%. En outre le poids important de la corruption - la Roumanie est en plus mauvaise position que la Mauritanie, que le Sénégal - impose la mise en place d’une surveillance dans le domaine judiciaire, dans la sécurité alimentaire, dans la gestion des fonds européens aussi, avec système de sanctions éventuelles à l’appui.

 Plus largement, l’Allemagne est confrontée au problème de l’harmonisation politique. Depuis les référendums français et néerlandais de 2005, le fonctionnement institutionnel est quelque peu gelé ; l’objectif naturel est de trouver une entente avant les futures élections de 2009. Les dix-huit pays qui ont ratifié le Traité constitutionnel se réuniront fin janvier à Madrid, le 8 mars 2007, la commission Femmes du Parlement européen organisera un séminaire : « 1957-2007 : l’UE et les femmes, les femmes construisant le futur de l’Europe », les 24 et 25 mars les chefs d’Etat et de gouvernement fêteront le cinquantième anniversaire du Traité de Rome,
Mais ce n’est pas simple : d’un côté, la transition présidentielle française se déroule dans une atmosphère d’incertitude, aucun des candidats ne se risquant à outrepasser la décision populaire de rejet du traité ; de l’autre, l’arrivée aux responsabilités de Gordon Brown, considéré comme eurosceptique, en Grande-Bretagne ne facilite pas les négociations. Et puis l’Allemagne elle-même ne s’est pas toujours montrée unitaire, par exemple quand elle a remonté son taux de TVA de trois points sans concertation ou quand a été décidée la construction du gazoduc sous la Mer Baltique, en coopération avec la Russie, sans implication de la Pologne, dans un contexte où la Russie se plaît à fomenter des divisions entre pays de l’Union.

 D’autres dossiers sont tout aussi urgents : la définition d’une politique de gestion du changement climatique applicable après 2012 (après Kyoto), de coordination des approvisionnements et de la consommation énergétiques (améliorer l’efficacité énergétique européenne de 20% d’ici à 2020 et accroître l’utilisation des énergies renouvelables de 25% sont deux objectifs déjà formulés), des politiques fiscales, sociales... et une restauration des relations internationales, notamment transatlantiques,  qu’Angela Merkel a déclaré au Financial Times placer au rang de ses priorités.

La chancelière aborde la période sans naïveté : dans ses vœux, elle a déclaré que « l’Europe ne pourra rester forte que si ses concitoyens sentent qu’ils ont un avenir. Nombreux sont ceux qui se demandent si l’Europe leur apporte sécurité et prospérité et s’il n’y a pas trop de bureaucratie ». Elle sait qu’elle devra combattre l’euroscepticisme qui gagne du terrain en Allemagne en « rapprochant l’Europe des citoyens ». Depuis le 1er janvier, l’Ode à la joie de Beethoven est diffusée chaque jour sur les ondes de Deutschandfunk, radio publique allemande. 60% des Allemands ignoraient fin 2006 que leur pays allait accéder à la présidence de l’Union européenne...

 




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