Starr chante le besoin de fulgurance
Qu’a donc fait Joey
Starr depuis la fin de NTM, huit ans déjà ? Peu de musique pour son
public, plutôt des affaires, lancement d’une ligne de vêtements (Com8),
émissions radio, émissions de télévision, une autobiographie, Mauvaise
réputation, rédigée avec
Philippe Manoeuvre, rédacteur en chef du mensuel Rock & Folk ; il a exercé ses responsabilités de
producteur, est toujours directeur du label
B.O.S.S., et puis il s’est engagé dans l’action militante, notamment en
fondant, aux côtés de Lilian
Thuram , Jean-Pierre Baccri, Olivier Besancenot (LCR), Jamel Debbouze, l’association
Devoir de mémoire, qui se félicite de l’augmentation de 30 à 40 % d’inscription
sur les listes électorales dans les quartiers où la violence grondait. Dans une
interview au Monde, il décrit son
évolution, la nouvelle disposition de sa conscience citoyenne : « J’irai (voter) pour la première fois. Il
faut que cela devienne un automatisme. Nous devons arrêter de jouer la carte
des victimes - je l’ai fait moi-même au début avec le rap. On votera pour le
moins enculé des enculés. Un jour, il y aura peut-être un Gandhi. Il y a quinze
ans, avec NTM, on chantait : "Le monde de demain nous
appartient." La populace qui se
fait endormir, ça suffit. » Il termine sa réponse d’un mot qui rappelle aux
accents de René Char : « On a besoin de fulgurance. »
Le jaguar -c’est lui
qui choisit cette métaphore, parce que l’animal est « bad et bondissant »-
sort un album en solo, dans lequel il évoque les émeutes de 2005, le
devoir d’aller voter, la politique d’immigration de Nicolas Sarkozy, la mémoire
coloniale de
« On ne peut plus m’interdire de faire vibrer les
consciences. De toute façon, c’est tout ce que j’sais faire. » Les
premières réactions des auditeurs, sur les forums et les blogs, sont très mélangées,
de la déception à l’enthousiasme délirant...