lundi 18 septembre 2006 - par

Tours et détours du discours chiraquien sur les propos du pape

 

Interviewé ce matin sur Europe 1 par Jean-Pierre Elkabbach, le président de la République a donné un clair exemple de l’usage de la prétérition - figure de style qui consiste à dire qu’on ne dit pas ce qu’on dit...-

Ainsi, première affirmation : « Je n’ai pas vocation, ni l’intention de faire un commentaire sur les propos du pape ». Soit, la phrase entérine la distinction entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Et si les propos du pape ont un caractère politique, c’est la politique vaticane qu’il engage. Mais en quarante-cinq minutes d’entretien le président a le temps de développer, et il ajoute : « Je veux simplement dire, dans le cadre du dialogue des cultures et civilisations, il faut éviter tout ce qui anime les tensions entre les peuples et religions [...] Il faut éviter tout amalgame entre l’islam et l’islamisme radical, il faut éviter tout amalgame entre l’islam, qui est une religion respectée et respectable naturellement, et l’islamisme radical qui est une action tout à fait différente et qui est une action de nature politique. » Le président dit se placer « sur le plan général et dans le cadre du dialogue des cultures et des civilisations que (je) prône », et appelle à éviter tout ce qui anime les tensions entre les peuples ou entre les religions.

Le président français s’est donc exprimé au sujet de l’intervention de Benoît XVI sur le rapport entre religion et violence. Commentaire présidentiel : « à éviter ». Cette recommandation renverra à une politique de l’esquive, ou à une habileté diplomatique, c’est selon chacun.



 




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