mardi 16 avril 2019 - par C’est Nabum

Ce Maurice qui venait de Sully

JPEG

Le grand Bâtisseur de Notre Dame de Paris !

Il était une fois, il y a bien longtemps de cela, un garçon qui naquit au bord de notre Loire. Nous sommes en un temps où la mémoire se perd et où il est bien illusoire de retrouver trace précise de l'année de naissance d'un enfant quand il est issu d'une famille de serfs. Les registres d'alors ne sont pas restés, sa postérité future ne retint pas le début de l'histoire.

Ce que nous savons vraiment, c'est que cela se passa entre 1105 et 1120, un espace bien assez grand pour se perdre en chemin. Maurice, puisque cela est certain, le garçon avait pris ce prénom, Maurice n'avait pas eu bonne fée pour se pencher sur son berceau. Le destin et la Loire commencèrent donc par lui jouer mauvais tour en apportant son père lors d'une des colères dont le fleuve a le secret.

Maurice grandit, petit insignifiant, auprès de sa pauvre mère qui pour vivre, fabriquait des balais de genets et entretenait un maigre lopin de terre et avait repris le métier de son homme, un bûcheron à la tâche. La pauvre femme, dans son malheur, avait le bonheur de n'avoir qu'un fils aux yeux si brillants qu'il fut vite remarqué par le curé de Saint Germain.

L'homme de Dieu prit l'enfant sous son giron, lui enseigna quelques rudiments du peu de latin qu'il savait et surtout, chose si rare à l'époque, lui apprit à lire. Maurice avait un esprit vif, un appétit de savoir, une mémoire incroyable. Le brave curé comprit que son élève allait bien vite dépasser son maître et en parla aux moines bénédictins de l'abbaye de Fleury.

Voilà comment va le cours des choses et l'on peut passer de l'obscurité à la gloire par le seul truchement d'une colère de la Loire. C'est d'ailleurs sur le fleuve qu'il se rendit chez ceux qui allaient l'initier aux mystères insondables. Les chemins étaient peu sûrs et c'est toujours sur la Loire que l'enfant revenait rendre visite, bien rarement, il est vrai, à sa pauvre mère qui s'usait à la tâche.

Maurice eut, privilège suprême, droit à l'enseignement des bons pères. Il profita ainsi de ce qui se faisait de mieux à l'époque. Son talent, ses prédispositions pour les études firent merveilles. L'enfant devint bien vite, l'élève le plus brillant du monastère. Les enfants des notables voyaient d'un mauvais œil, ce fils de personne, leur disputer la première place. De cette période, Maurice garda toujours au cœur, le respect des plus humbles.

Maurice fut bien vite à l'étroit entre les murs austères de l'abbaye de Saint Benoit. Le père supérieur le recommanda, et cette fois, c'est à pieds qu'il partit poursuivre son chemin de culture et de savoir à l'université de Paris. L'adolescent d'alors, quoique recommandé, n'avait pas de subsides pour survenir à ses maigres besoins.

Il mendiait son pain et dormit quand il le pouvait durant ses années de théologie. Sa mère était bien incapable de lui donner de quoi payer ses études et grand privilège il avait que de pouvoir étudier quand on est comme lui, fils de rien et enfant de serf. Maurice avait la foi chevillée au corps et une force si grande que rien ne lui fit dévier de son but.

À l'Université aussi, Maurice fut un exemple et un modèle pour les enfants des grands du royaume. C'est là qu'il noua des liens étroits avec celui qui deviendra plus tard Philippe Auguste, bon et grand roi de France. En entendant, il lui fallait pour survivre, tendre les bras à la religion catholique, c'était son seul espoir, quand on n'a pas de nom, de s'élever parmi les hommes de cette époque.

Bardé de tous ses titres universitaires, Maurice s'en retourna dans notre région. C'est à Bourges qu'il se fit chanoine pour démontrer sa grandeur d'âme et ses immenses mérites. Sa réputation fut si grande, que l'enfant de la bûcheronne fut appelé dans la capitale. Il fut enfin admis au rang d'ecclésiastique malgré ses origines serviles le 11 octobre de ce l'an de grâce 1160. Plus de 40 ans pour faire oublier ses trop humbles origines : quelle époque !

Maurice n'oublia jamais d'où il venait et avait besoin de vivre auprès d'un fleuve comme il le fit toute son enfance. À défaut de Loire, la Seine devint son royaume des flots. C'est sur l'île de Lutèce qu'il entreprit son grand œuvre, ce don qu'il légua à la postérité.

Maurice de Sully, fils d'une humble bucheronne des bords de Loire dessina et entreprit de bâtir Notre dame de Paris. Il tint aussi des sermons qui restèrent longtemps dans les mémoires et l'on peut comprendre qu'il était enfant de Loire car c'est contre le péché de gourmandise qu'il ferraillait le plus.

C'est lui encore qui garda le trésor du royaume quand son ami devenu roi, Philippe Auguste, partit en croisade. Il tint encore sa croisade personnel en pourfendant le péché de chair. C'est sa doute sa minière de tourner le dos à la Loire et de lui faire une Seine. Sa foi le sauva de cette nouvelle contrariété.

Naturellement, Maurice s'enrichit comme le faisait à l'époque tous les princes de l'église, il aurait aimé faire venir auprès de lui sa pauvre mère mais la misère avait eu raison d'elle bien avant sa formidable ascension. Puis, quand la vieillesse le prit, il se retira au bord d'un fleuve : La Seine, pour mourir en paix en l'abbaye Saint Victor en 1196. Tous ses biens allèrent aux pauvres en souvenir de l'enfant très pauvre qu'il avait été et de Notre Dame, très gourmande en deniers du peuple !

Il ne vit pas la fin de son grand œuvre. Notre Dame fut achevée en 1250, elle doit sa grandeur à Maurice de Sully, un petit gars des bords de Loire, un enfant de chez nous, mon compatriote. Gloire lui soit rendue ici, en ce récit menterie. Si tout n'est pas vraiment exact, rien ni personne ne viendra me démentir. Beaucoup d'eau a coulé depuis ces temps obscurs. Quand on raconte l'histoire d'un de son pays de Loire, on peut bien s'offrir quelques libertés.

Sulliassement sien.

JPEG



4 réactions


Réagir