Le remontage de bretelles
Discipline olympique.
À moins d'une année de l'échéance capitale pour l'honneur de la nation, la flamme vacille du côté du sport Roi de la manifestation planétaire. Le bon défunt Général doit se désoler du haut de son nuage, si la Cathédrale sera au rendez-vous, les médailles risquent de manquer sauf intervention divine du locataire du Palais.
C'est justement ce qu'a compris notre Grand Méprisant de l'Arrêt Public qui s'est imprudemment avancé sur un bilan comptable de médailles. La politique sportive à courte vue quand le sport à l'école est le parent pauvre de ce ministère pléthorique ne peut se contenter de prévisions hors sol du pouvoir.
Pourtant, il y va de l'honneur de ce monsieur qui entend asseoir sa légitimité au somment d'un podium de carton-pâte. Alors, si les entraîneurs ne peuvent améliorer les performances de leurs champions, il suffit de convoquer leurs dirigeants pour mettre les points sur les « i ». Une belle remontée de bretelles en France remplace des années de travail.
C'est la ministre des sports qui va appliquer la méthode miracle. Une bonne fessée donnera l'impulsion nécessaire pour faire de gentils bourricots des chevaux de course. Dans d'autres nations, les grands chefs ont choisi une méthode plus efficace en instituant le dopage à grande échelle. Il n'est pas écarté que l'idée ne trotte pas dans la tête de ce furieux de l'image. En voyant la méthode actuelle, on ne peut écarter la moindre hypothèse digne des Républiques bananières.
C'est donc la queue basse que les dirigeants de l’Athlétisme tricolore se présenteront devant l'ancienne espoir du tennis français, pour retendre les cordes et tenter de centrer les balles en évitant désormais le revers à une ou deux mains au profit exclusif du coup droit dans le mille. Que peut faire de plus cette pauvre Amélie Oudéa-Castéra devant les évidences ?
Un athlète de haut niveau se prépare durant un très long processus qui ne débute pas une année avant l'échéance. Il y a d'abord un terreau favorable avec de nombreux pratiquants et chacun sait que des pistes d'athlétisme sont accessibles à tous nos établissements scolaires. Il faut ensuite une détection qui pour le coup, ne se contente pas de nos seuls départements d'outre-mer. Des moyens sont indispensables pour que ces espoirs ne soient pas les parents pauvres du sport pour attirer les ambitions.
Rien de tout ça est assuré et malgré tout, la ministre doit tancer au nom du Grand Patron, ceux qui ne font que tenter de faire des miracles avec des bouts de ficelles. Comme ils sont polis, ils baisseront leur froc pour recevoir la fessée censée leur remonter les bretelles. On mesure ici l'incohérence de la pratique qui est totalement contradictoire. Ajoutons qu'avoir les fesses rouges pour sauver la face, semble constituer le marche pied pour monter sur le podium.
Si la médaille a un revers, elle a d'abord des conditions préalables qui sont loin d'être réunies dans ce sport premier qu'est l’athlétisme. Sport premier car il concerne toutes les nations quelles que soient leurs ressources économiques contrairement aux pratiques qui sont surtout des activités de nations privilégiées. C'est donc en observant le bilan de l’Athlétisme que l'on mesure véritablement le rapport d'une nation au sport de masse.
La ministre aura beau hausser le ton, rouler des épaules et menacer de sanctions, rien ne pourra infléchir le désastre à venir. Il se peut que la puissance de l’événement donne des ailes à quelques-uns de nos champions qui font ce qu'ils peuvent, ils se désoleront de découvrir combien ces miracles seront honteusement exploités par une classe politique qui est coupable du marasme actuel.
À contre-marche.