À ceux qui sont sur une première ligne à haute tension !
Les agents EDF
Les opposants au nucléaire sont souvent excessifs, parfois injustes envers cette armée d'anonymes valeureux qui affronte au quotidien bien des périls pour maintenir notre niveau de vie et la prospérité de notre nation. C'est ainsi qu'en toute justice et en bonne politique, nous ne pourrons jamais rien faire sans l'adhésion d'une partie des employés de l'industrie nucléaire.
Ce sont eux qui peuvent briser l'omerta, qui peuvent apporter des solutions transitoires pour sortir sans conséquences dramatiques de ce choix si critiquable. Ce sont enfin eux qui devront être respectés pour ne pas avoir une nouvelle vague de chômeurs comme on aime si souvent le faire dans ce pays, où les travailleurs sont des variables éjectables.
Hélas, d'autres ne sont pas de cet avis et j'ai reçu une charge terrible contre nos amis, les salariés des centrales nucléaires. Je vous la livre telle quelle, sans rien avoir retouché. Elle a le mérite de pointer quelques réalités mais en les noircissant à l'envie et sans nuance. C'est ce piège que nous devons éviter. Je vous laisse votre faire une opinion !
Cher Nabum. Je viens vous soumettre une modeste contribution au débat que vous alimenter chaque jour au travers des pérégrinations des caravaniers indignés par le nucléaire. Je constate avec un certain agacement que vous ne tirez pas sur les lampistes, qui en la circonstance, sont, selon moi, partie prenante dans cette farce dramatique. J'use à dessein de l'ironie que vous semblez goûter. Merci de bien vouloir relayer ma prose à l'heure où Montebourg tombe le masque du PS en affirmant que le Nucléaire est une filière d'avenir.
Gloire à ces héros méconnus.
Nous devons tout d'abord nous incliner devant le sacrifice que les agents d'EDF font de leur héritage génétique. Ils acceptent sans récrimination et avec un sens du devoir qui les honore ces petits inconvénients qui surviennent au fil des années. Troubles de la thyroïde, problèmes sanguins, difficultés génétiques qui demeurent farouchement niés par leur cher employeur. Pareil don de leur personne mérite le respect !
Nous ne pouvons qu'admirer ensuite cette détermination infaillible qui les anime et qui, le jour venu s'exprimera par la mise en péril de leur existence pour préserver les vies de leurs concitoyens. Il ne fait aucun doute, en effet, que ce seront ces agents de l'ombre, ces petites mains de l'atome qui, ici comme ailleurs, iront dans la fournaise d'un réacteur qui s'emballe pour sauver ce qui peut l'être encore. À ce moment là, les décideurs politiques, les financiers, les ingénieurs, les scientifiques ou les actionnaires seront bien loin de la zone de risque quand eux, seront sur cette première ligne à si haute tension !
Il nous faut encore féliciter leur sens du bien public, eux qui dépensent sans compter l'électricité en leurs demeures. Ils ont la lourde responsabilité de montrer à leurs voisins ébahis ce que serait la vie quotidienne d'une nation entièrement autonome en énergie. Des appareils électriques dans toute la maison, un chauffage poussé à fond, des lumières qui brillent toute la journée. Ils sont des exemples et nous ne sommes capables que de jalousie à leur égard.
Plus louable encore est leur sens de l'équité et de la justice sociale. Ils sont les bienheureux bénéficiaires des largesses d'un comité d'entreprise richissime. Leurs enfants disposent de centres de vacances luxueux, ils n'hésitent pas à profiter de voyages fastueux payés en grande partie sur nos factures. Les avantages en nature sont conséquents. Ils ont parfaitement conscience d'être ainsi des privilégiés dans une société en proie à une crise sans précédent. C'est pourquoi nous ne pouvons que louer leur désir collectif de confier les tâches les plus rudes, les travaux les plus dangereux à du personnel intérimaire, frappé plus que tous les autres par la dure réalité de ce monde sans pitié. De ce sacrifice nous devons leur en être reconnaissants.
Ils ont de plus la lourde tâche de relayer auprès de leurs amis, de leur entourage, de leurs relations associatives le discours plein de confiance et de duperie d'un employeur peu scrupuleux de la vérité. Ils ne reculent pas devant cette délicate propagande. Ils se font ainsi les chantres d'une industrie aux si lourdes zones d'ombre. Ils acceptent le risque de s'aliéner des amitiés ou de subir les attaques injustes des opposants à la parole de vérité qu'on leur demande de véhiculer . Ce n'est pas simple de tromper ainsi ce qu'ils aiment ou simplement respectent ou apprécient. Ils le font avec une persévérance qui inspire la plus grande admiration.
Ils ont désormais à supporter le retour à la réalité quand l'actualité braque ses feux sur Tchernobyl, Long-Island ou bien Fukushima. C'est alors avec un patriotisme inégalable qu'ils défendent la version officielle d'une sécurité française largement au-dessus de celles de toutes les autres nations. Ils se targuent ainsi d'être les meilleurs du monde sans se rendre compte de l'incroyable forfanterie que cela représente.
Oui, mon cher Nabum, il est impossible d'accorder la plus petite parcelle de confiance à de tels suppôts d'une religion technologique. Je vous demande de ne jamais chercher à leur donner la parole ni même à tenter un conciliation avec ce genre de personnages. Merci à vous.
Vous admettrez que cette diatribe est parfaitement dérisoire, qu'elle perd, par ses excès toute crédibilité. Je prie les personnels qui se sont sentis offensés, insultés et pourquoi pas humiliés par notre démarche de considérer que ce brûlot n'a qu'une valeur documentaire, simplement illustrative afin de démontrer à quel point une rupture s'est constituée en France sur ce débat.
Nous avons pu constater dans un autre billet à quel point l'écologie était, elle aussi, victime d'anathèmes effroyables. Chers amis, travailleurs dans les centrales nucléaires, vous êtes les cibles et, sans aucun doute, les premières victimes de personnages qui vous endorment avec leurs discours sécuritaires au dessus de tout soupçon - une spécificité française -. Rejoignez-nous sur le terrain du dialogue pour aborder lucidement et loyalement toutes les composantes de cet épineux débat. Ouvrez-nous vos portes pour que demain, vos établissements soient un espace de discussion.
Épistolairement vôtre.
Commentaire confidentiel envoyé par un militant.
Un militant « CGT énergie » d'une centrale nucléaire de la Région Centre que j'ai reçu pendant plus de 2H30 il y a maintenant deux années à ce sujet m'a bien confirmé qu'il y avait des travailleurs étrangers notamment des roumains, bulgares et russes qui vivaient dans des campements comme nombre de nomades du nucléaire et que la direction leur avait interdit de rentrer en contact avec eux. Des vigiles veillaient même à cela.
Ces travailleurs étaient tous des travailleurs du nucléaire dans leur pays d'origine. Cependant, même moins payés en France que les travailleurs EDF ou bien des entreprises sous-traitantes, ils étaient de toute façon bien mieux payés que dans leur pays.
La surveillance quant à leur santé, les irradiations dont ils ont été victimes auparavant par contre ne suivent pas : pas de dossiers.
Si scandales il y a, ce sont bien sur ces deux points, se faire de l'argent sur le dos des travailleurs et de leur santé tout en les mettant en concurrence dans l'Europe toute entière pour les plus grands profits et bénéfices du capitalisme.
Secrètement sein.