mardi 25 novembre 2008 - par Laurence Bonzani, Serge Guérin, Safia Lebdi et Jean-Marc Pasquet

Crise sociale : drames invisibles et silencieux

La banquette du bar est éventrée. Ça sent le vieux mégot et le client rare. À côté de l’église de Creil, cernée d’immeubles qui la dépassent, on croirait que la crise a ajouté à cette ville moyenne un parfum d’après guerre.

Routes défoncées, façades décrépies, la gare sinistre accueille des populations qui attendent un train qui ne vient jamais. Après 19 heures, l’ambiance ne se prête pas à la balade. C’est encore plus vrai pour les filles. Dans la rue principale, les tarifs qu’affichent les rares commerces du cœur de ville trahissent une population asséchée dans son portefeuille, prisonnière de la cité.

L’air y est lourd, ethnique et non métissé. Il suffirait d’un crissement d’allumette pour rallumer la révolte à peine éteinte. A 20 minutes de la Gare du Nord, ce bout de lumpenprolétariat n’a pas trouvé son documentariste ou son réalisateur. Des centaines de dramaturgies grecques se sont certainement nouées dans la sous-préfecture de l’Oise.



Brisées par un enfant disparu, un père absent, quelques Faye Dunaway en pantalons pressent le pas pour ne pas trop se faire remarquer. Devant la piscine municipale aux horaires peu commodes, uniquement des hommes. A travers la grande baie vitrée du hall de l’entrée, un rayon de soleil révèle des parois crasseuses. La départementale se déverse sans discontinuer juste devant : cela ne sert plus à rien de les laver. Plus loin, un des rares marchands de journaux étale la « une » du Parisien : le Maire de la Ville a laissé un trou de 200 000 euros dans les caisses de la fédération de son parti. Les berges de l’Oise oscillent entre friches industrielles à perpétuité et parkings sans fins.

Le bruit lancinant de la circulation indique que la ville est encore vivante. Du train qui s’enfuit vers la capitale, travelling sur les tours des hauts de la ville. Enveloppées d’une lumière jaune de la journée finissante, zoom sur les tours des hauts de la ville. Une fenêtre s’allume, un histoire commence.



7 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 25 novembre 2008 10:46

    Ce qu’on voit du train en direction de la gare du Nord ne donne aucune envie de s’arrêter à Creil ! smiley
    c’est aussi sinistre que st denis un peu plus loin !


  • Danouch 25 novembre 2008 11:46

    Cette article est vrai sur certains points, la crise touche plus fortement les éternels exclus du système dans lequel nous vivons.
    Une précision toutefois Creil n’est pas la sous préfecture de l’Oise, c’est Senlis.
    La gare de Creil est un lieu de passage, des milliers de personnes y circulent ou y échouent.
    La ville de Creil est en majorité "prolétaire" même si ce mot sort des vocabulaires convenus.
    Pour autant ce qui parait important c’est que la majorité conduite par le maire dont vous parlez est de gauche et ne trouve pas de solutions durables à ces problèmatiques. Il y a certes un souci de finances, il y a aussi une volonté politique.
    La ville de Creil est aussi centre d’une agglomération importante et donc souvent elle est l’image des problèmatiques humaines de notre société.
    Les commerces de proximité meurent les uns après les autres, faute de pouvoir d’achat de ses habitants et notre ville bien que très peuplée et très jeune, n’apporte pas les solutions d’avenir à sa population. Les drames industriels font encore souffrir ! La gare devient une des solutions, trouver de l’emploir ailleurs, la circulation prouve la nécessité pour beaucoup d’utiliser ce moyen de locomotion toujours pour des raisons professionnelles.
    Pour autant les Creillois, du moins ceux qu’on appellent les anciens Creillois, aiment leur ville, car malgré ce portrait triste que vous faites, cette ville est aussi forte des initiatives de ses associations. De la volonté d’une partie de la population d’apporter des solutions. De créer un véritable apport citoyen pour améliorer le quotidien.


    • finael finael 25 novembre 2008 14:59

      Est-ce vraiment le rôle d’une ville, surtout en banlieue parisienne, d’apporter des solutions d’avenir à ses habitants ?

      C’est à l’échelle du pays, voire du monde entier que les gens ne voient plus de solutions d’avenir !!!!


    • dom y loulou dom 29 novembre 2008 02:51

      oui Danouch

       et je rajouterais que ceci n’est pas un article mais un texte littéraire ... genre qui aime bien la mythologie partiale plutôt que la pleine vérité... certainement qu’on y trouve aussi des gens très charmants à Creil. Vous êtes -vous doné la peine d’en rencontrer un seul de ces habitants inquiétants ? En stéréotypes ils sont plus rassurants ?.

      on devrait qualifier ce texte d’insulte à bled


       c’est surtout son regard qu’il dépeind, c’est le propre de l’art sachez-le. Encore faut-il s’en rendre compte et pas croire que notre regard est universel. Pour atteindre cela nous avons besoin des autres et les connaitre sans le jugement qui nous obstrue la vue.

      j’aurais été plus intéressé de savoir ce que disent eux-mêmes les gens de Creil même si je comprends cette envie de tout peindre en décrépi obscur. Mais au vu de votre métier... c’est pas un peu complaisant monsieur le consultant financier de l’argent publique local   ? Vous vous foutez de nous.


  • EricB 25 novembre 2008 17:57

    "Les commerces de proximité meurent les uns après les autres, faute de pouvoir d’achat de ses habitants"

    Ce n’est pas la seule raison, si l’on en croit ce navrant témoignage. Certains communautarismes semblent faire beaucoup de dégats...

    http://www.ripostelaique.com/Je-suis-libraire-au-Bourget-93-et.html


  • JONAS Virgule 25 novembre 2008 21:39

    @ L’Auteur :

    Amusant votre article : " Devant la piscine municipale aux horaires peu commodes, uniquement des hommes ".

    Une certitude, même si vous ne donnez pas le lieu exact de vos observations, on sait que ce n’est pas de Lille que vous parlez, car à Lille les piscines sont réservées pendant des heures exclusivement aux femmes et de préférence Musulmane à l’exclusion de tous hommes.

    Le paysage pourrait changer, si le Tchador ou la Burka ne vous dérange pas.  smiley

    Mais à vous lire, vous n’avez pas connu la misère des années 1945-1955, il vaut mieux être pauvre en famille, qu’en communautés, vous l’apprendrez bientôt à vos dépens.

    @ +


  • licorne 1er décembre 2008 16:22

    quel est le but de l’article ?

    essayer de faire culpabiliser les autres ?


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