mercredi 4 juillet 2007 - par minijack

De Charybde en Scylla...

Comment se raccrocher aux branches sans les casser ni se casser la g...

Patrick Devedjian a dérapé, d’accord, il en convient, il s’excuse, ça arrive à tout le monde.
On ajoute de la graisse aux caractères d’écriture quand il n’y a pas lieu, on utilise dans le cadre d’une conversation privée des épithètes disgracieux pour désigner les gens du camp d’en face, ou même parfois pour "faire un bon mot", aussi mauvais soit-il... Tout ça ne vaut pas tripette, et les journalistes sont bien à plaindre s’ils ne trouvent plus d’autres sujets "passables" aux infos que les pitreries des uns ou les bavures et bévues des autres...

Mais il y a bien plus grave qu’un propos assassin, c’est l’arrière-pensée assassine... Or, je relève sur son blog le reproche suivant à l’intention des internautes qui ont relayé l’anecdote :
"Enfin, la façon dont mes propos ont été diffusés et visionnés par des millions d’internautes pose quand même un vrai problème : si plus rien n’est privé, si tout doit être totalement transparent, le totalitarisme n’est pas loin et la liberté individuelle vraiment menacée. Et, au-delà d’une indignation que je crois sincère chez certains, il y a chez d’autres une exploitation politique qui a peu de choses à voir avec les bons sentiments évoqués."
(blog Devedjian)

Parler de "totalitarisme" à propos d’internet - et qui plus est sur un blog ! c’est le comble... - au prétexte de s’excuser d’un mauvais propos public me semble un tantinet plus dangereux et bien plus grave que de traiter de salope une adversaire politique... Ca révèle une pensée qui, elle, est totalitaire... Et pour le moins une impudence assez scandaleuse ! Car les dirigeants qui voudraient mettre internet sous tutelle de quelques grands groupes financiers et sous surveillance policière permanente, c’est bien vous, c’est bien l’UMP dont vous êtes, M. Devedjian ?... Qui a fait passer DADVSI aux forceps ? Qui a interdit la diffusion de vidéos privées sur les bavures policières sans carte de presse éjectable ? (et pas seulement sur le détestable happy slapping)...
En bref, qui veut la mort des libertés d’expression individuelles ? Ce ne sont pas les internautes M. Devedjian, c’est vous et votre parti !
Entendons-nous bien : je ne suis pas anti quoi-que-ce-soit ou qui-que-ce-soit, et tout autre parti disposant des mêmes écrasantes majorités partout aurait sans aucun doute été tenté lui aussi de chercher à contrôler l’incontrôlable, car c’est la tentation de tout pouvoir que de tendre vers l’absolu.

M. Devedjian est-il pour autant un salaud ? Non, bien sûr ! Pas plus que Anne-Marie Comparini n’est une salope. Mais comme il devrait tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, il devrait aussi réfléchir avant d’écrire, surtout "sur" internet quelque chose qui ressemble à un reproche "envers" internet...

On sait très bien qu’internet est un vecteur d’information libertaire, c’est-à-dire parfois de n’importe quoi, mais aussi et surtout d’information brute, non filtrée ni édulcorée par un service de presse quelconque dépendant d’amis politiques...
C’est précisément ce qui fait l’intérêt et la force d’internet par rapport aux autres médias. Quand on est un homme public, on s’expose donc - bien plus qu’avant l’arrivée du net - au jugement permanent des électeurs. Plus rien n’est vraiment "off" comme on disait dans les couloirs de la télé. Et ça oblige, non plus seulement à "paraître" sincère devant les caméras, ou pas seulement à dire vraiment le fond de sa pensée quand on prend la parole à l’Assemblée même si le parti pense majoritairement autrement, ça oblige à être vrai tout le temps ! Exercice difficile, j’en conviens, pour un homme politique...

Alors, oui M. Devedjian, aujourd’hui tout doit être plus transparent, tout doit être inattaquable sur le plan éthique. Mais tout doit être et rester libre.
A vous, à moi, à nous tous, de prendre conscience de ce que nous disons ou de ce que nous faisons hors de nos pénates, dès que nous sommes dans la rue ou sous l’oeil d’une caméra physique ou virtuelle.
Les libertés individuelles ne sont pas "menacées" par le net, elle sont simplement plus "étroitement surveillées". Tout comme les caméras de surveillance au-dessus de nos têtes dans les rues permettent aujourd’hui d’épier nos moindres fréquentations légitimes ou pas, ou les radars sur les routes photographient très intrusivement nos passagers ou passagères... Et plus on est un personnage public, et plus on doit se surveiller soi-même, sous peine d’être immédiatement "épinglé"...
Qu’avez-vous donc instauré avec DADVSI ?... La même chose !... Mais là c’est le pouvoir, autrement dit vous, qui cherchez à épingler les internautes... Pire ! Vous avez donné le droit à certains groupes privés de mettre en place une police parallèle sur le réseau... Les débordements ne tarderont pas à se produire, et vous osez parler de "menace sur les libertés individuelles" parce que quelques-uns ont rapporté cette broutille vous concernant ?... Mais contrôlez-vous, cher Monsieur ! J’espère que là aussi cette expression a dépassé votre pensée !

N’en doutez pas un instant, les internautes ne vous rateront pas si d’autres bévues verbales ou politiques surviennent à l’avenir. Que ce soit d’ailleurs dans le camp de la majorité ou dans celui de l’opposition. Et c’est bien là la grandeur du net, précisément ce que sont en train de perdre les "médias sous contrôle" !

Le net n’a pas réussi à s’ériger en 5e pouvoir à l’occasion de cette série d’élections. Trop neuf encore et trop inorganisé face aux écrasants moyens médiatiques de certains partis politiques, dont le vôtre. Mais ce sera pour la prochaine fois. N’ayez crainte pour nos libertés individuelles, nous saurons les préserver... et la vôtre du même coup... Il suffit juste d’être "vrai" !



18 réactions


  • jakback jakback 4 juillet 2007 11:12

    La liberté surveillée !! c’est bien la le problème, des quelle est surveillée la liberté meurt.

    Internet ainsi que tout les outils de communications permettent d’informer au plus vite, mais chaque médaille a son revers, ils permettent également la désinformation, mais également l’intrusion dans la sphère privée, et cela est liberticide et, dangereux.


  • Bulgroz 4 juillet 2007 11:20

    3ième article d’Agoravox sur le terrible et assassin mot verbal prononcé oralement dans une sphère privée entre potes.

    et rien sur les résultats du tournoi de la ligue Alsacienne du jeu de quilles à Berrwiller.

    1 mort, 2 blessés graves entre la vie et la mort et 12 autres blessés.

    C’est vrai, le net est là et bien là, sa vigilance ne laissera rien passer.


  • La Taverne des Poètes 4 juillet 2007 19:55

    Autrement dit, en privé Devedjian trouve tout naturel d’user habituellement d’injures déshonorantes envers ses adversaires politiques (surtout les femmes : ne pas se gêner). Tant qu’il n’y a pas de caméras : pas vu pas pris ! et l’on sort toutes sortes d’injures et de médisances. Comme Sarkozy avec Begag. C’est un genre...infréquentable !


    • spartacus 7 juillet 2007 18:38

      vu et revu, mais ça fait du bien de le rappeler quand même : Azouz Begag parle du VRAI visage de Sarkozy :

      http://www.youtube.com/watch?v=b6zTbJl2mt8&mode=related&search=


    • mariner valley mariner valley 8 juillet 2007 09:42

      @taverne

      Pourquoi ca ne vous arrive jamais d’insulte des gens en prive entre pots et des que vous etes en face d’eux on fait un jolie sourire de circonstance... par exemple avec les collegues de boulot....allons, allons pas de mauvaise foie.


    • mariner valley mariner valley 8 juillet 2007 09:44

      @taverne

      Pourquoi ca ne vous arrive jamais d’insulter des gens en prive est des que vous etes en face d’eux on fait un jolie sourire de circonstance...entre pots sur des collegues de boulot....allons, allons pas de mauvaise foie.

      ca nous ai tous arrive au moins une fois ou deux.


  • ExSam 4 juillet 2007 21:40

    Commentaire tiré de LCI :

    Sophie Barcella, avocate à la Cour : Patrick Devedjian peut considérer qu’il tenait des propos privés. A ce titre, le code pénal (article 226-1) protège la vie privée de chacun : on ne peut donc pas se faire enregistrer à son insu lorsque l’on tient des propos privés. Mais dans ce cas présent, il paraît difficile de considérer qu’il ait été atteint dans l’intimité de sa vie privée dans la mesure où Patrick Devedjian semble avoir parfaitement intégré la présence des journalistes. Comment ne pas voir les caméras qui le suivent et à qui il laisse entendre ses conversations ?

    Devedjian est coupable. Le ramage signe le personnage. Faut-il qu’un parti conserve à sa tête un individu qui considère ainsi et l’agora et la dignité d’une personne, même s’il est adversaire politique reconnue ? Je ne le crois pas.


  • minijack minijack 5 juillet 2007 05:58

    Devedjian a eu tort, assurément. Il n’est pas question ici de l’excuser. Il s’en est d’ailleurs excusé lui-même auprès de la personne en question.

    Je disais simplement que tout-un-chacun peut dire une incongruité de temps en temps et que personne n’en est à l’abri. D’autant plus les hommes politiques ou les personnages publics. C’est la rançon de la gloire que d’être obligé de se bien conduire... On est forcément plus observé qu’un inconnu.

    Et il n’y a pas lieu d’en accuser les internautes qui ne sont pas et n’ont pas à être les boucs émissaires de la politique. C’est trop facile de les accuser à chaque fois qu’il y a des débordements d’infos gênantes par-dessus les couvercles des médias officiels.  smiley


    • ExSam 5 juillet 2007 12:37

      On a bien compris.

      Il est question de dignité publique et de liberté contenue justement en regard de celle des autres, en l’occurence des téléspectateurs.

      Un type qui se comporte à la télé comme s’il pétait dans ses chiottes n’a pas le respect des autres, pas plus que de lui-même. Il n’a pas conscience de limites d’urbanité et donc pas qualité à nous représenter, dans le sens où sa qualité est inférieure à celle du citoyen lambda.

      Ce type doit être privé de la direction de son parti, comme de tout mandat.


    • mariner valley mariner valley 8 juillet 2007 09:46

      d’ac avec vous


    • mariner valley mariner valley 8 juillet 2007 09:46

      c’est pour minijack


  • jltisserand 5 juillet 2007 06:48

    « il s’en est excusé lui même » ! Certes et c’est la moindre des choses mais il ne devrait pas nous appartenir de lui pardonner. Des gens comme « ça » n’ont rien à faire à nous representer. Aux prochaines éléctions, il faudrait l’éjecter.

    PS : je vote à droite et suis d’accord avec le nouveau gouvernement mais je trouve inssuportable ce genre d’individu. Croyez bien qu’il doit avoir le même comportement vis à vis de ses administrés.


    • mariner valley mariner valley 8 juillet 2007 11:05

      Ces gens qui mous reprensentent sont des hommes comme vous et moi. Se ne sont en aucun cas des modeles de vertue.

      Les derapages ca existe.

      Certains de droite comme de gauche ont fait pire que d’insulter (tuer indirectement des gens : Fabius (sang contamine), Prise d’interet diverses, tibery, DSK, Juppe.....)et ils sont toujours la et bien present.

      alors je trouve que faire des tonnes pour une insulte c’est un peu gros. Si on devait gicler tous ce qui sont impolis ou bien pire (voir plus haut) il n’y aurait plus personne.


  • Deneb Deneb 5 juillet 2007 09:29

    La seule bonne reponse d’Anne-Marie Comparini était : « merci du compliment ! ». En effet, une salope c’est une femme qui ne nous laisse pas indifférent. Une femme à qui on en veut de pas s’être laissée séduire. En la traitant de sorte, Devedjian a tout simplement exprimé sa frustration sexuelle de n’avoir pas pu coucher avec Mme Comparini. Rien n’est perdu, M. Devedjian, essayez encore ! Vous pouvez peut-être essayer avec « belle salope », je pense que c’est ce que vous vouliez dire, n’est-ce pas ?

    Je suis à 100% d’accord avec l’auteur de l’article. Lorsqu’on on a voté la loi DADVSI, se plaindre de manque de liberté, c’est docteur Mengelé qui se plaint du manque de confort à Auschwitz. Plus on a de pouvoir, plus on s’expose. C’est le prix à payer.


  • masuyer masuyer 7 juillet 2007 20:53

    L’analyse est intéressante.

    Maintenant cette « sortie » de Devedjian était-elle si involontaire ?

    1 semaine qu’on en parle. Pendant ce temps le gouvernement, euh non je voulais notre « Super-Président » travaille.

    En plus ça permet à Devedjian de dénoncer le caractère liberticide d’internet pour mieux le fliquer.

    J’ai beau regardé la vidéo, je n’arrive pas à m’imaginer que Devedjian avait « oublié » la caméra.


  • moebius 7 juillet 2007 22:01

    Cette vidéo est fascinante je le regarde moi meme en boucle du matin jusqu’au soir


  • haddock 8 juillet 2007 11:20

    A la place de Devedjian , je me mettrais en maillot de bain au bord de la piscine , et me tirerai une balle dans la tête avec un pistolet à eau , ensuite je me jetterai dans le vide depuis un escabeau à repeindre les plinthes , et si je suis pas encore mort , comme punition je m’ inscrirai au parti socialiste .


  • Stan 8 juillet 2007 17:15

    Edit> Article.

    Une conversation privée avec une caméra à cinquante centimètres du nez ?

    Devedjian vient de prouver qu’il ne sera jamais le « boss » de quoi que ce soit. Il a la vue trop courte et le verbe trop près de la pensée.


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