Des pots-de-vin aux juges pour remplir les prisons
Un entrefilet paru le 17 février dans La Libre Belgique m’a légèrement choquée, même si on a l’habitude des magouilles judiciaires, surtout aux Etats-Unis. De quoi s’agit-il ? De deux juges qui ont touché des pots-de-vins par une entreprise qui "exploite" les prisons de jeunes (et des autres), afin de remplir lesdites prisons. Il s’agit de la pire dérive liée à la privatisation du système pénitentiaire qui puisse exister. C’est ni plus ni moins que du trafic d’êtres humains. Nous vivons une époque formidable.
Deux juges de Pennsylvanie, Michaël Cohalan et Mark Ciavarella (qui a présidé le tribunal pour enfant du comté de Luzerne pendant 12 ans), viennent donc de plaider coupables et ont quitté la Cour. Ils auraient touché 2,6 millions de dollars pour mettre en prison, durant quatre ans, de 2003 à 2007, des jeunes qui n’auraient jamais dû recevoir une telle sanction pour les actes qui leur étaient reprochés. En échange des cet argent, nos deux juges ont facilité le placement de jeunes pseudos délinquants dans des centres gérés par PA Child Care et Western PA Child Care, via des procédures inventées ad hoc et très efficaces.
L’an passé, un groupe d’avocats de Philadelphie (The Juvenile Law Center) a porté plainte au sujet du traitement infligé par le tribunal à une centaine de jeunes du comté de Luzerne où opèrent nos deux magistrats, et ont demandé l’annulation des décisions de justice les concernant. Certains de ces jeunes n’avaient même pas pu avoir un avocat (et on ne le leur avait pas proposé non plus même s’ils y avaient droit), et d’autres avaient été sanctionnés de manière disproportionnée. Cette semaine, les avocats remettent ça et vont déposer des plaintes pour des dizaines de parents qui ont appris le pot-aux-roses.
