Hollande remanie son conseil municipal
Tenant compte de la déroute électorale de dimanche dernier, le Maire des 36500 communes françaises a décidé de remanier son conseil municipal. Il faut dire que l’état de la commune suscitait de nombreuses critiques de la part de la population et que les impôts locaux, malgré une stabilisation bienvenue en 2013 ont connu une progression sans précédent tout au long du mandat.
Pour ne rien arranger, les banques régionales rechignaient à prêter de l’argent à la commune qui avait de plus en plus de mal à boucler son budget, et l’intercommunalité, l’œil rivé sur le déficit budgétaire menaçait M. Hollande, qui n’avait pas tenu ses promesses, de sanctions.
Contrairement à la tradition qui veut que à la veille des élections on fasse des promesses et on saupoudre un peu, cette fois-ci, la commune, aux abois, n’avait pu rien inaugurer ou annoncer : pas le moindre rond point, pas de rallonge financière aux associations et restrictions sur le colis de fin d’année aux personnes âgées. Pire encore, la commune avait du abandonner, faute de financements du Conseil Général son projet de musée des traditions rurales, porté par le comité des fêtes et les commerçants locaux.
Valls premier adjoint
Il se dit que l’intéressé pourrait briguer la poste de Maire lors du prochain renouvellement, aussi le Maire actuel a-t-il décidé de le promouvoir à ce poste exposé en contact direct avec les citoyens afin qu’il fasse ses preuves ou qu’il se plante, c’est selon. Cette nomination a été accompagnée d’autres au sein de la municipalité parmi lesquels on notera celles de M. Cazeneuve, chargé de la police municipale, de Mme Royal en charge de la déchetterie et de la chaufferie, de M. Hamon, responsable des écoles et du dialogue avec les parents d’élèves, de Mme Filipetti, organisatrice des fêtes et cérémonies communales, Mme Touraine en charge du C.C.A.S., et de M. Fabius, délégué à l’intercommunalité.
Bien évidemment, les finances communales ont été confiées à un proche du Maire, M. Sapin, et M. Montebourg garde sa délégation à la zone d’activités et aux relations avec les artisans.
Cette nouvelle équipe est-elle susceptible de redonner aux citoyens la confiance perdue et de modifier leurs votes pour les prochaines cantonales ? Ce n’est pas l’avis en tout cas du principal opposant au Maire, qui lors d’une interview donnée à FR3 a demandé « solennellement » au Maire de lui indiquer clairement quel était son projet et sa vision prospective pour la commune pour le mandat à venir, en qualifiant la gestion communale de « bateau ivre ».
Revenons à la réalité
Remplaçons banques régionales par marchés financiers, intercommunalité par Europe, déchetterie par écologie, police municipale par police nationale, impôts locaux par TVA ou IRPP,… et on percevra les rapprochements qui peuvent être faits entre gestion locale et gestion nationale. Il n’est donc pas étonnant que les électeurs, par un raccourci rapide, aient abattu les frontières et désavoué le Président de la République responsable de tout à leurs yeux, y compris des crottes de chiens sur les trottoirs.
Les français se sont donc exprimés, moins en fonction de la gestion communale des sortants, mais davantage en tenant compte de leur étiquette politique ou bien en s’abstenant massivement. C’est ce comportement qui surprend le plus dans ce scrutin, où l’on juge les élus locaux à l’aune des résultats (ou plutôt de leur absence) du gouvernement au pouvoir. Le sentiment d’incompétence s’élargit à des élus locaux principalement en raison de leur appartenance politique sans que l’on soit certain que ceux qui vont les remplacer pourront faire mieux ou faire autrement, ce qui prépare le prochain zapping dans 6 ans, lorsque les opposants nationaux actuels auront sans doute repris les commandes gouvernementales sans plus de succès que leurs prédécesseurs. Les bilans, pour les uns et les projets, pour les autres pèseront peu lors des campagnes électorales. Seule comptera l’impression acquise.
Les électeurs manifestent à leur manière leur détestation du jeu politique, des promesses non tenues, des résultats aléatoires et d’un corps politique qui s’éloigne de plus en plus du citoyen, qui ne leur explique pas les enjeux et qui est suspect de vouloir protéger sa caste avant de s’occuper du quotidien des français.
Un coup à gauche, un coup à droite, voire en certains cas au-delà, les électeurs testent et sont déçus tout simplement parce qu’on maintien l’illusion d’un pays souverain alors qu’il est englouti dans la mondialisation, qu’il est lié par des traités qu’ils n’ont pas voté et qu’il est durablement affaibli par la dette creusée pour tenir des promesses ou bien sauver des banques qui n’en sont même pas reconnaissantes, occupées qu’elles sont à jouer au casino en préparant le prochain crash.
Il ne faut donc pas s’étonner de la désacralisation des fonctions, et que l’on confonde Président de la République avec Maire et premier Ministre avec premier adjoint.