lundi 11 juillet 2005 - par Franck Bulinge

Illettrisme : un arbre qui cache la forêt ?

Par Franck Bulinge

Maître de conférences à l’université de Toulon

Illettrisme ou analphabétisme ? L’analphabétisme et l’illettrisme sont des notions suffisamment proches pour être parfois confondues, y compris dans nos dictionnaires. Etymologiquement, l’analphabète est celui qui est sans alphabet : il ne sait ni lire ni écrire, n’ayant pas l’usage de l’alphabet. A défaut de pouvoir décoder les symboles d’une langue, l’analphabète se voit dans l’impossibilité physique d’exploiter le moindre élément textuel : plan de ville, de métro, et jusqu’au tarif d’une chambre d’hôtel pour qui ne connaît pas les chiffres. Le tourisme japonais est donc en quelque sorte, un analphabète en visite à Paris... De fait l’analphabétisme n’est pas synonyme d’ignorance ou de déficience intellectuel ou mental, même si les déficients mentaux sont généralement analphabètes. L’analphabète présente au contraire un potentiel d’intégration dès lors qu’il met en oeuvre sa capacité d’apprentissage et de construction de connaissance. L’illettrisme signifie l’absence de culture littéraire, de savoir intellectuel. C’est une forme d’ignorance, d’inculture. L’illettrisme est également considéré comme l’état de ceux qui ont perdu l’usage de la lecture et de l’écriture après l’avoir possédé. Il concerne ainsi les individus n’ayant pas développé ou ayant perdu la capacité de construire une connaissance, en raison d’une mauvaise maîtrise de la lecture et de l’écriture. Dans une société fondée sur l’information textuelle et l’économie de la connaissance, il est clair que l’illettrisme et l’analphabétisme se dressent comme une limite au développement culturel et social des individus.

Les origines de l’illettrisme L’illettrisme peut être d’origine involontaire ou volontaire.
- Involontaire par une mauvaise acquisition ou une perte de pratiques culturelles (lecture, écriture, compréhension). On trouve ici l’influence du niveau intellectuel, du milieu socio-culturel, du système éducatif et des médias de masse. Car bien souvent la lecture et l’écriture sont abandonnées au profit de la télévision, des jeux vidéos, du désoeuvrement et jusqu’à par l’usage de stupéfiants. Cette dérive involontaire est essentiellement due à un recul de certaines valeurs éducatives, qu’elles soient parentales ou scolaires, comme nous le verrons plus loin. - Volontaire lorsque ces nouvelles pratiques apparaissent plus faciles, plus captivantes, plus ludiques. Cet abandon volontaire est d’ailleurs beaucoup plus inquiétant. Ne reflète-t-il pas un refus d’aller dans le sens du développement défini par des choix politiques ou économiques auxquels les citoyens n’adhèrent pas ? On retrouve là les grands mouvements de contestation (hippies, punk, etc) à la différence que les conséquences de ce refus pourraient être irrémédiables. A terme, nous courons le risque d’une rupture socio-culturelle, déjà visible via les langages alternatifs (banlieues) ou la désaffectation vis-à-vis de la classe politique. L’illettrisme pourrait même devenir un choix de société dans une population de jeunes qui ne se reconnaîtraient pas dans les repères que nous leur donnons. L’exemple des banlieues est caractéristique de ces minorités de jeunes issus de l’immigration qui s’excluent du système sociétal faute de pouvoir s’intégrer via le système éducatif. Les deux niveaux d’illettrisme On peut dégager deux niveaux d’illettrisme :
- Un illettrisme primaire qui concerne les individus aux limites de l’analphabétisme et qui ne parviennent pas à maîtriser l’exploitation des signes du langage (écriture et lecture). Ces individus sont généralement des français de souche en situation d’échec scolaire, ou des français d’origine immigrée. Les recherches montrent à cet égard que l’illettrisme primaire est largement influencé par l’environnement social : parents peu instruits ou ne parlant pas le français ;
- un illettrisme secondaire, beaucoup plus vaste et diffus, caractérisé par une perte des pratiques de lecture et d’écriture liées à l’enrichissement intellectuel. Il se caractérise par une paresse et une passivité intellectuelles qui favorisent l’absence de pensée critique au profit du prêt à penser médiatique. C’est un peu la génération « téloche » qui se développe depuis les années 70, et qui se nourrit aujourd’hui des produits type starac-loft-sms. Un problème éducatif L’illettrisme pose en tout cas la question de l’éducation et de la formation. On a par exemple tendance à constater une baisse du niveau scolaire au fil des ans. De moins en moins de jeunes savent lire et écrire correctement en arrivant au bac. Or l’analyse montre de multiples facteurs sont en cause. Ainsi la situation est plus complexe qu’il n’y paraît. On considère généralement l’éducation comme une interaction entre trois acteurs (l’enfant, les parents et les enseignants), qui évoluent dans un environnement complexe et en constante évolution, notamment par l’apport des nouvelles technologies. On pourrait donc imputer la baisse de niveau scolaire et culturel à une désolidarisation du bloc enfant-parents-enseignants qui entraîne une faiblesse de la structure éducative. L’analyse du problème permet de distinguer quelques éléments de réflexion :
- Au niveau de l’éducation nationale, on peut regretter une politique d’éducation nationale qui développe l’utopie de l’égalitarisme intellectuel, aux dépens des formations professionnelles et des métiers manuels. 80% d’une classe d’âge au bac, telle est la consigne de nos ministres depuis 20 ans ! Cela explique que de moins en moins de jeunes semblent ne pas maîtriser la culture littéraire alors qu’en réalité ils n’ont ni le niveau ni vocation à suivre des études universitaires. Les pousser dans cette voie entraîne un illettrisme « doctrinal », derrière lequel se cache un risque encore plus grand, celui de perdre le sens des valeurs du travail, et notamment du travail manuel.
- Du côté des parents, on constate une sorte d’abandon de cet aspect de l’éducation (parmi tant d’autres) qui consiste à accompagner et guider les enfants vers la culture et la connaissance générales par la lecture. On s’aperçoit malheureusement que les parents eux-mêmes lisent de moins en moins, constat évident pour le secteur de l’édition.
- Cette désolidarisation trouve également son origine dans la perte de contrôle induite par l’autonomisation des enfants, devenus la cible de stratégies marketing incontrôlables. Le téléphone portable, les SMS, les vidéos, les émissions télévisées incultes et les forums Internet sont des exemples de l’échappatoire offerte aux enfants aux dépens d’une culture et de valeurs reposant sur une capitalisation des connaissances. La question n’est pas de juger mais de comprendre cette tendance : ne serions-nous pas en train de vivre une mutation profonde, de franchir une nouvelle limite ? Après l’ère de l’écriture ouverte par Gutenberg, qui elle-même succédait à l’ère de la rhétorique antique et du chant des ménestrels, nous sommes entrés dans l’ère du multimédia. Internet, le multimédia et les nouvelles tentations de l’illettrisme La perte de pratiques littéraires au profit d’autres pratiques préfigure un changement de fond de notre société auquel nous sommes naturellement amenés à résister. Pour autant pourrons-nous résister longtemps ? Il me semble aujourd’hui que la question n’est plus de savoir si nous devons résister, car il est déjà trop tard, mais de lutter sur le terrain même du multimédia. Plutôt que de prôner un retour à la littérature classique comme vecteur de connaissance, il s’agit de reconquérir les territoires du multimédia au profit de l’éducation. Cela passe par l’éducation des jeunes et des adultes au multimédia. Autrement dit cela signifie que les parents tout comme les enseignants, doivent revenir dans la course aux technologies de l’information et de la communication afin de reprendre le contrôle de la situation. En maîtrisant eux-mêmes ces outils, ils pourront guider les enfants vers l’Internet intelligent. Et ne nous trompons pas de cible : ce n’est pas Internet qui est en cause, mais l’usage qu’on en fait. Car Internet n’est qu’un média. Prenez l’exemple de la télévision : combien d’enfants sont guidés par leurs parents et leurs professeurs dans le choix de leurs émissions ou le décryptage de l’actualité ? Combien d’enfants bénéficient du regard critique de leurs parents sur les images qu’ils reçoivent ? Combien d’enfants de moins de 10 ans ont été autorisés à regarder Jurassic Parc ou AI, simplement parce qu’ils étaient signés Spielberg, sans pouvoir en comprendre le sens ni gérer le stress et/ou la violence générés par ces films ? Internet est une source inépuisable de connaissances, mais c’est également un lieu de perdition culturelle dès lors que les parents n’exercent plus leur contrôle, faute de compétence, de volonté ou de temps. Parmi les sources de détournement intellectuel, citons :
- les sites pornographiques qui exploitent les pulsions individuelles, génèrent de la violence sexuelle et renvoient une image dénaturée de la femme et de la sexualité en général ;
- les sites pro-nazis qui exploitent la fascination exercée par la mythification du personnage d’Hitler, des ordres noires, de l’occultisme si bien décrit dans « Le matin des magiciens » de Pauwels et Bergier ;
- Les sites religieux fondamentalistes et/ou sectaires qui invitent, avec une subtilité psychologique étonnante, à entrer dans un espace entièrement manipulé, où chaque mot est choisi pour son impact sur des esprits plus ou moins vulnérables (et nous le sommes tous) ;
- les sites gores et trash qui exploitent le voyeurisme et la fascination pour l’horreur ;
- les forums sur lesquels se développent un langage et une écriture complètement décalés, de type sms. Sans compter ce qui s’y raconte ! Allez faire un tour sur les forum d’ados et vous en aurez froid dans le dos ;
- les blogs ; journaux intimes en ligne, dont le contenu dépend uniquement de son auteur...
- les sites de téléchargement, dont certains sont illégaux ;
- les sites commerciaux qui deviennent les laboratoires du neuro-marketing... Bref, la liste serait longue, mais l’exploration de cet univers par les parents et les enseignants est indispensable. Sans une connaissance et une compréhension de ces univers virtuels et de leur impact concret sur le mental des enfants, il est impossible d’espérer lutter contre l’illettrisme et plus encore, contre la perte des valeurs de l’humanité. Enjeux et conséquences Si l’analphabétisme touche une minorité confrontée à un problème d’intégration, il trouve une solution relativement simple dans l’alphabétisation qui consiste à acquérir des mécanismes, des réflexes de lecture et d’écriture. On perçoit ici la limite de l’alphabétisation au sens où, une fois acquis ces mécanismes, l’individu retrouve un moyen de communication et se trouve en mesure de développer des connaissances dans un environnement sociétal. En simplifiant, il acquiert la possibilité d’intégrer la société et de gravir les échelons sociaux par la maîtrise du langage, de la lecture et de l’écriture. Ainsi nombre étudiants étrangers intègrent parfaitement les enseignements universitaires, y compris en droit, matière qui implique une maîtrise parfaite de la langue. D’autres ne passent pas la barrière du langage et restent aux portes du savoir alors qu’ils possèdent un bon dossier scolaire dans leur pays d’origine. L’illettrisme primaire et secondaire, volontaire ou non, atteint en revanche des classes citoyennes de plus en plus larges. On estime entre 10 et 14% le taux d’illettrisme primaire (pour moitié du à l’immigration). Au niveau secondaire, on s’aperçoit qu’une majorité d’étudiants de 18 à 20 ans ne lisent pas, ne s’informent pas, n’ont pas de culture générale, et ne parviennent pas à distinguer les événements en fonction de leur importance : dans l’actualité du mois de mai 2005, le référendum français sur la constitution européenne est moins cité que le procès de Michael Jackson... Or l’illettrisme conduit à une rupture du lien ou du contrat social : la perte des capacités de lecture entraîne une perte de la capacité cognitive des individus. Cela se traduit par une incapacité à lire le texte d’un contrat, d’une loi ou d’un texte réglementaire et plus généralement à comprendre, mémoriser et interpréter un document textuel, à écrire une lettre de motivation ou un CV. L’impact est très large, puisqu’il touche à la fois le domaine professionnel mais également personnel des individus. Ils deviennent ainsi vulnérables en s’installant dans une inculture généralisée. Ils sont alors la cible de toutes les manipulations de masses, politiques, religieuses, commerciales... le spectre des risques est très large. On le voit, les conséquences de l’illettrisme sont beaucoup plus graves que celles de l’analphabétisme en ce qu’elles touchent des générations de citoyens et jusqu’à l’évolution même de la société. On retrouve ici la notion de fracture sociale qui concernera non pas une minorité d’individus mais un ensemble beaucoup plus vaste. Or il est important de se rappeler que plus la culture générale est faible, plus les masses sont sensibles aux discours populistes, c’est à dire aux discours simplifiés et mobilisateurs qui exploitent l’ignorance, la frustration et la colère des peuples. Si l’enjeu de la lutte contre l’analphabétisme est humaniste, celui de la lutte contre l’illettrisme est sociétal. La lutte contre l’illettrisme est donc vitale pour la société toute entière. Car l’illettrisme est une menace pour la liberté de penser et de choisir, c’est donc une menace pour la démocratie. Il est une porte ouverte aux extrêmes, à l’intolérance, à la déraison bref, à tout ce qu’engendrent l’ignorance et la frustration contre l’intelligence. N’en doutons pas, dans la lutte contre l’illettrisme se joue notre avenir collectif, la survie de notre culture et de notre civilisation. Concrètement, comment lutter ?
- La lutte contre l’analphabétisme semble couler de source et se prête assez bien aux opérations ciblées : la Croix rouge internationale est l’un des acteurs les plus impliqués dans cette problématique. Les ateliers d’alphabétisation semblent être une réponse adaptée, ils visent en particulier les populations immigrées.
- En ce qui concerne l’illettrisme primaire, le problème est plus ardu au sens où les populations concernées sont le plus souvent passées entre les mains de l’éducation nationale mais sans résultat. La situation d’échec scolaire est évidente et les moyens de lutte doivent tenir compte de ces facteurs. Cela demande une détection précoce et des solutions personnalisées. Dans ce cas, la lutte est organisée au plan national, elle fait d’ailleurs l’objet d’une politique publique, notamment avec l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme.
- La lutte contre l’illettrisme secondaire est beaucoup plus incertaine au sens où il est pratiquement impossible de détecter et de mesurer le niveau d’inculture des jeunes. Cette lutte passe par une mobilisation des acteurs et du système éducatif, autrement dit les parents, les enseignants mais également le pouvoir politique. Il s’agit comme nous l’avons vu, de reconquérir les territoires de la culture médiatique afin d’accompagner et de guider nos enfants vers ce que j’ai personnellement appelé l’autonomie informationnelle, autrement dit la capacité à gérer l’information afin de construire ses connaissances. Cela passe par la définition d’un programme d’enseignement axé, dès la primaire, sur :
- la réintroduction de valeurs éthiques et d’une discipline intellectuelle, ce qui suppose une exigence morale et la responsabilisation des parents, le dialogue avec les enfants et leur accompagnement, la mobilisation et la formation des enseignants ;
- l’usage sélectif et intelligent des technologies de l’information et de la communication, ainsi que développement des capacités individuelles face à l’information. Autrement dit la recherche d’une autonomie informationnelle citoyenne pour le développement démocratique d’une écologie de l’information. L’illettrisme n’est pas une fatalité, il se construit au fil du temps et des politiques d’éducation, lesquelles n’assument pas l’héritage des politiques d’immigration. Mais attention de ne pas faire de l’immigration et de son corollaire politique, l’intégration, un arbre qui cache la forêt. Car la lutte contre l’illettrisme lié aux origines, quoi qu’il arrive, se résorbe avec le temps. Or elle ne doit pas servir à masquer, derrière des paravents humanitaires, le danger d’effondrement de la culture occidentale, liée à la perte des valeurs éducatives fondamentales. Un site à consulter : http://www.anlci.gouv.fr/



8 réactions


  • (---.---.248.31) 11 juillet 2005 12:09

    Bonjour,

    Me sentant concerné, j’ai lu passionnément votre article !

    J’ai trente six ans. D’origine étrangère, j’ai passé mon bac (avec un 18 en français) et effectué mes étude supérieure (Bac +5) en France.

    Mais actuellement, je me trouve confronté à un terrible problème. J’hésite sur le genre de presque chaque mot en français même les plus anodins et les plus usuels.

    Par exemple deux fois sur trois je demande au buraliste un cartouche de cigarette au lieu d’une cartouche !!!

    J’ai beaucoup du mal à m’expliquer l’origine de ce problème. Mais ce n’est certainement pas par manque d’éducation, de culture ou de lecture…

    La situation conduit automatiquement à beaucoup de blocages conversationnels et me met en situation de faiblesse et d’hésitation me deservant au niveau professionnel.

    Tout comme votre article je souhaite que mon témoignage serve à toute personne qui néglige l’orthographe.

    Amine


    • coco (---.---.244.99) 11 avril 2007 21:00

      Si tu peux te renseigner sur l’ethnopsychiatrie, je pense qu’il est possible que tu y trouves des éléments de réponses. J’ai parfois ce type de réactions quand bien même ma mère est de souche française et mon père mi sarde, mi espagnol. Cependant je crois avoir été marquée par un certain sentiment maternel de fragilité, peut-être d’humiliation alors qu’elle travaillé dans une école (en qualité de cantinière) par les remarques ou les corrections que le directeur lui faisait. En même temps mon père était fasciné par ces personnes reconnues socialement et me poussait à faire des études pour pouvoir ne pas être destabilisée par ces mêmes individus. L’instruction est devenue à la fois la clef pour m’insérer et ce qui me distanciait de mes parents. Comment réagir autrement que paradoxalement face à un tel paradoxe : que faire pour détenir ce qui a fait défaut à ses parents sans se lancer dans un conflit de loyauté ? Je crois qu’une réponse possible est dans l’accueil, l’acceptation voire la réconciliation... Je ne sais pas si ça t’aidera, ce sera au moins un moment de partage.


  • Jean Chol POIVRESSELLE Jean Chol Poivresselle 11 juillet 2005 16:58

    Attention à la stigmatisation excessive induite dans vos propos !

    Je vous renvoie, et pour tous ceux que ce problème intéresse, à la lecture de l’excellent ouvrage écrit par M. Bernard LAHIRE "L’invention de l’illettrisme, Rhétorique publique, éthique et stigmates, éd. LA DECOUVERTE, Paris 1999.

    Toutefois, j’aimerais bien connaître vos propositions concrètes pour remédier aux difficultés des personnes en situation de manque de littératie (remarque : je ne saurais trop vous conseiller d’éviter d’utiliser le mot « illettrisme » tant ce problème est complexe et qu’il correspond à de multiples degrés de difficultés rencontrées pour accéder à une maîtrise dite acceptable de la littératie).

    Enfin, pour avis personnel, j’aurais préféré de votre part, moins de jugements stimatisants et plus de propositions concrètes proposées et/ou décrites, visant à démontrer qu’il existe bien dans notre pays des personnes citoyennes et responsables qui s’engagent dans l’action auprès de ceux qui en ont besoin et qui ont des projets formidables (renseignez-vous !)

    Je suis obligé de constater en France, dans le monde universitaire, de l’élite bienpensante et/ou alterpensante ..., une fois de plus, qu’on aime mieux brasser des lieux communs pour stigmatiser et mépriser plutôt que de proposer, valoriser et éviter les postures « faciles ».

    C’est peut-être culturel ?

    « On n’arrête pas le progrès, dit-on, la bêtise non plus » Yves COURRIERE

    Jean Chol POIVRESSELLE


  • Franck Bulinge (---.---.164.68) 11 juillet 2005 17:39

    Mon propos est une simple réflexion, pas un programme de lutte, et encore moins une démonstration scientifique(un article n’y suffirait pas). Votre réaction montre que vous l’avez survolé avec un certain préjugé et c’est dommage, car la complexité à laquelle vous faites allusion y est justement décrite et les risques de simplifications et/ou focalisation soulignés. Le terme litératie n’existe malheureusement pas en France, mais au Canada... Je lui préfère donc celui de culture générale, dont l’appauvrissement conduit doucement, marche après marche, vers l’illettrisme. Pour les actions concrètes, je vous renvoie à cette adresse http://bulinge.univ-tln.fr/Franck_Bulinge/Articles/Territoire.pdf, vous y trouverez un document qui retrace une action avec une association où je suis bénévole. Quant à mon article que vous avez si mal lu, il est extrait d’une allocution faite aux membres du Rotary de Toulon, qui veulent placer cette année sous le signe de l’aide à la lutte contre l’illettrisme. Vous voyez, derrière les discours, se cachent parfois des intentions concrètes, fondées sur la Charité, au sens de Paul (1Co13)... Yves Courrière n’a probablement pas tort, mais ses citations sont à doubles tranchant... Cordialement FB


  • Jean Chol POIVRESSELLE (---.---.40.241) 11 juillet 2005 20:43

    Le terme littératie (avec 2 t et un e accent aigu) existe et est employé en France, consultez : L’illettrisme, mieux comprendre pour mieux agir, Marie-Thérèse Geffroy, Valérie Grasset-Morel, éd. LES ESSENTIELS MILAN, 2003, Paris.

    Vous avouez confondre culture générale avec littératie : c’est donc bien la preuve que votre discours est stigmatisant à propos de ce phénomène qui ne peut pas être appréhendé avec 2 degrés : veuillez reconnaître qu’il existe une multiplicité de degrés de manque de maîtrise de la littératie !

    J’ai consulté votre site et, franchement, je n’ai pas lu de description de dispositifs de remédiation à la difficulté à maîtriser la littératie avec des évaluations probantes et des résultats lisibles.

    C’est grave, cher Docteur de l’Université !

    A bon lecteur, je vous salue Et bonne lecture de l’ouvrage de M. Lahire dont vous ne m’avez rien dit.

    Jean Chol POIVRESSELLE


  • Carlo Revelli Marc 11 juillet 2005 23:32

    Jean,

    J’ai vu que votre blog, s’intitule « DE LA BETISE EN GENERAL »... Intéressant comme concept... Faites attention quand même à ne pas vous focaliser que sur la bêtise en dehors de votre sphère personnelle ou de votre blog...


  • Quoique (---.---.162.156) 12 juillet 2005 07:48

    La variété des situations est telle que je ne me risquerais pas à généraliser. Accompagnant quotidiennement des jeunes « exclus de l’école » que je me refuse d’étiqueter voir stigmatiser, je m’attache à regarder et essayer de comprendre. J’ai ouvert un blog pour diffuser cette « expérience », je tatonne pour trouver l’expression juste mais je crois que ce moyen peut et doit être utilisé.


  • franck Bulinge (---.---.119.198) 12 juillet 2005 07:50

    Le document auquel je fais référence et qu’à juste titre vous trouvez incomplet, date de 2002. Il se trouve que je n’ai pas souhaité faire une publication sur les résultats de l’expérience, considérant que les SDF ne sont pas des cobbayes de laboratoire. En fait cet article faisait partie d’une stratégie de communication, via le colloque sur les TIC en juin 2002, à Saint Raphaël, qui nous a permis de collecter un don 15000 euros de la fondation Vivendi. Cet argent a servi à aménager une salle informatique au sein même de l’association, équipée de 8 ordinateurs, d’Internet, et des logiciels nécessaires. Dans le même temps, l’université a soutenu la formation d’une animatrice en l’accueillant, avec un public en situation d’illettrisme, dans une salle informatique, où elle animait un atelier afin de préparer et obtenir son diplôme (BEATEP). Le fait que des SDF viennent par leurs propres moyens à l’université fut un moment fort de cette action. Depuis maintenant deux ans, deux fois par semaine, une vingtaine d’accueillis viennent pianoter sur les claviers de l’association, avec l’aide de l’animatrice. Ceux qu’on appelait les « sans-claviers » sont aujourd’hui mordus d’Internet et demandeurs d’ateliers d’écriture... Statistiquement, ils représentent 25% de la population fréquentant l’association. Pour en savoir plus, il suffit de contacter Les Amis de Jéricho à Toulon et de demander Nathalie. Notre rôle s’est arrêté dès lors que l’association a été autonome, l’université n’ayant pas vocation à soutenir de tels projets sur le long terme. En espérant avoir répondu a vos questions. Cordialement FB


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