Indémodable bicyclette
Contrairement aux idées reçues, la bicyclette, indépendamment des années et des évolutions technologiques, demeure l’un des principaux moyens de transport dans le monde.
Depuis les années 1950, sa production mondiale a fortement évolué, pour atteindre depuis le milieu des années 1980 les 100 millions. Depuis lors, excepté les années 1997 et 1998, environ 100 millions de bicyclettes ont été produites tous les ans.
L’automobile, qui faisait jeu égal dans les années 1950 et 1960, est depuis largement dépassée avec 42 millions de véhicules produits en 2003.
La Chine demeure de très loin le premier producteur, avec 73 millions d’unités sorties d’usine en 2003, dont le tiers a été exporté vers les Etats-Unis. Les autres principaux fabricants sont l’Inde, Taïwan, le Japon, mais aussi l’Union européenne.
Il faut dire que la bicyclette présente bien des avantages. Accessible économiquement pour des milliards de personnes, elle ne nécessite pas, contrairement à l’automobile, d’infrastructures coûteuses à réaliser et à entretenir, et ne pose pas de problème de stationnement. Non polluante, non bruyante, elle n’entraîne pas de congestion du trafic. Elle offre également la chance à son utilisateur de pouvoir s’entretenir physiquement, à une époque où, avec l’élévation du niveau de vie et la sédentarisation, l’obésité se développe.
Ces avantages, les Européens, surtout ceux du Nord, les ont bien compris. 33% des déplacements aux Pays-Bas sont effectués avec ce mode de transport. A Copenhague, un tiers des banlieusards se rend à son travail à vélo, et beaucoup de villes européennes développent des pistes ou des itinéraires réservés afin d’améliorer la sécurité.
La limitation de l’utilisation des automobiles dans les centres ville des grandes métropoles, alliée à la flambée du prix de l’essence et du stationnement, se sont révélées être les meilleures alliées du développement de la bicyclette.
Paradoxalement, alors que 100 millions d’Américains possèdent une bicyclette, 1% des déplacements effectués aux USA le sont par ce moyen. En une génération, le nombre d’enfants se rendant à l’école à pied ou à vélo a chuté de 75 %. Dans le même temps, les taux d’obésité ont triplé. Des Etats comme la Californie tentent d’inverser la tendance, et prennent des mesures pour favoriser l’utilisation du vélo.
En Chine, avec le boum économique, la petite reine n’a plus la cote. Son utilisation, essentiellement dans les métropoles, chute. La bicyclette est considérée comme une source de problèmes dans le trafic urbain. Une approche qui a amené la ville de Shangaï à interdire le vélo sur les axes principaux en janvier 2004.
Mais, il ne s’agit là que d’un épiphénomène, et l’on peut raisonnablement être optimiste sur l’avenir de la bicyclette. Elle demeure pour l’avenir, dans le contexte mondial d’urbanisation, une réelle alternative, en terme de transport, face à l’explosion des coûts de l’énergie et aux problèmes climatiques.