vendredi 13 septembre 2013 - par Capithalarion

La considération du vote dans la Vème République

Le 4 octobre 1958, la constitution de la Vème république est adoptée par référendum. Emplie d’espoirs démagogiques et, telle une Bible ou un Coran, soumise à toutes les interprétations des plus ubuesques aux plus extrêmes, elle s’impose néanmoins par sa réhabilitation du principe de l’homme fort, absent de la gouvernance française depuis la fin du Second Empire.

Le Général de Gaulle, considéré aujourd’hui par beaucoup comme le dernier grand homme d’état français, désirait mettre en place un exécutif fort, moins soumis aux tergiversations de l’Assemblée que dans les constitutions précédentes. En cela, il dût légitimer d’avantage le président de la République en le faisant élire par suffrage universel direct. Son projet, à terme, devait donner plus de stabilité à un pays qui venait de traverser une première moitié de XXème siècle plutôt agitée, la IIIème République ayant indirectement mené à la défaite de 1940 et la IVème fonçant dans le mur en Algérie, en cause un pouvoir exécutif souvent bridé par une Assemblée où une majorité peinait à se constituer.

La Vème République n’a qu’un seul grand défaut : C’est qu’elle est taillée de manière à ce qu’elle ne puisse correctement fonctionner et être appliquée qu’avec un homme intègre à sa tête, ayant dans l’idée le souci du peuple et de la France. Elle a été rédigée dans l’optique de donner un futur à un pays trop longtemps soumis aux intérêts personnels de ses serviteurs qui ne voyaient pas plus loin que la fin de leur mandat, en témoignent les « grenouillages » qu’évoque De Gaulle dans ses mémoires.

Avec le temps, la Proportionnelle mise en place à l’époque pour faciliter l’apparition d’une majorité à l’Assemblée et accessoirement empêcher les communistes d’accéder au pouvoir s’est vue perçue par les citoyens comme un système antidémocratique, bloquant l’arrivée dans l’hémicycle de partis comme le Front National, ce qui n’est pas pour déplaire à nos élites désintéressées.

Bien entendu, il serait aisé de décortiquer point par point chaque phrase de la Constitution pour démontrer qu’elle a entièrement perdu tout son sens et qu’elle n’est brandie en bouclier ultime que quand cela arrange les intéressés, néanmoins, il est nécessaire de s’attarder sur quelques idées fondatrices : Le principe et la devise.

Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. 

Tout d’abord, il faut savoir que le mot « Peuple » désigne littéralement un ensemble d’individus partageant un territoire, des mœurs, une culture ou un système de gouvernement. Littéralement, ça implique donc absolument tous les français, de l’Enarque millionnaire au chômeur longue durée. Littéralement, il n’y a rien à redire, le pouvoir est actuellement du peuple, par le peuple et pour le peuple, même si c’est plus pour le peuple d’en haut que le peuple d’en bas. Sauf que dans la langue française, le mot « peuple » désigne péjorativement les individus appartenant à la couche moyenne de la société. Si l’on prend donc le terme de manière péjorative, le gouvernement est objectivement seulement par le peuple. Combien d’ouvriers, de petits patrons ministres ? Combien de mesures destinées aux classes moyennes autrement que par le biais du « Je donne pour mieux reprendre » ?

Liberté, Egalité, Fraternité

Ne riez pas, c’est officiel, ces trois mots se trouvent être la devise de la France. Nous avons donc une Liberté très largement encadrée, ce qui est un charmant oxymore, une Egalité qui fonctionne par couche sociales (Grossièrement, tous les français aisés sont égaux entre eux devant la Loi et l’Impôt et tous les français moyens sont égaux entre eux devant les mêmes institutions, mais pas de connexions possible entre les deux mondes), et une Fraternité…Qui fonctionne un peu comme l’Egalité, la Fraternité marche, mais seulement entre nous, « Nous » désignant à peu près toutes les mouvances opposées entre elles de la société. Fraternité par castes, donc.

Il n’est pas sans dire qu’un Président de la République se doit de faire son possible pour que la Constitution qui l’a fait élire soit appliquée, en commençant par calquer ses décisions sur les principes de bases, qui n’ont rien de compliqué. Depuis que Georges Pompidou, ancien employé de la banque Rothschild, a vendu les intérêts français aux banquiers, on assiste à un total mépris des Présidents de la République successifs pour les français et leurs valeurs, dont le degré s’est aggravé depuis la disparition du dernier qui faisait l’effort d’essayer d’avoir l’air d’un homme d’Etat, Jacques Chirac.

Par définition et dans son contexte de rédaction, la Constitution n’est pas démocratique, mais elle n’en demeure pas moins dans la forme bien intentionnée et désireuse du bien commun. Néanmoins, à la manière des djihadistes interprétant une faute d’orthographe dans le Coran comme un message divin les intimant à guerroyer en dépit des Commandements basiques (Le principe de la jurisprudence appliqué aux livres de Religion), le gouvernement français joue sur les mots et les formulations pour piétiner les institutions tout en restant dans la légalité.

Face à cela, l’impuissance du citoyen demeure, dans la mesure où il est peu probable qu’un coup d’Etat ait lieu en France au vu du fait que les prétendants au pouvoir s’entendent très bien entre eux, et s’amusent d’une alternance qu’ils ne prennent même pas la peine de masquer. Un peu comme si deux amis jouaient au tennis, adversaires le temps de la partie, mais le match terminé, ils s’en vont bras dessus bras dessous boire un café en terrasse discuter cinéma. Nous n’assistons malheureusement qu’à la partie de tennis.

La Constitution, à la manière de l’ONU, est là pour la parade. A la manière d’un pot de fleur qui égaille une pièce, sans réelle utilité dans le fond mais parfait pour la forme. Et dès qu’il devient trop encombrant, on le change de place, on le change de couleur, de forme, on l’adapte. Au final, on appelle toujours ça un pot de fleur sauf qu’au gré des modifications, c’est devenu une niche pour chien.

Certes, le vote Front National apparaît comme une alternative. Mais la Constitution fait que, même si par un miracle le parti arrivait au pouvoir, il ne pourrait pas gouverner et voter les solutions miracles qu’il prône car il n’a pas la structure nécessaire pour obtenir une majorité à l’Assemblée, perdant donc toute crédibilité. Le FN a tout intérêt à être un parti fort, car plus un parti est fort et plus il touche de subventions de l’Etat, mais le pouvoir détruirait son socle d’électeurs « dégoutés du système », c'est-à-dire une très large majorité, car il rentrerait justement « dans le système ». D’autant plus que dans ce système, il a le rôle du catalyseur de la grogne qui monte. Le FN fait 20%, les français ont l’impression d’être entendu, ils ont l’impression que voter à une incidence alors que le système est bloqué de telle manière que rien ne peut changer sans modification radicale de la Constitution. Les partis ne servent qu’à eux-mêmes, ils sont les intermédiaires entre le peuple et le pouvoir et remplissent très mal leur rôle. En démontre le comportement de certains députés socialistes en désaccord personnel avec une loi quelconque qu’ils votent quand même !

Non, la France, ce n’est pas de la démocratie, c’est la dictature des partis. Et ce n’est pas en allant voter justement pour un parti, même s’il se prétend hors du système, que les choses vont changer. Le FN, comme le FDG et consort, sont semblables à des cochons qui se prétendent sauvages, passent la journée en pleine nature à courir dans tous les sens, mais dès que la nuit et la faim viennent, ils se ruent dans la bergerie républicaine bouffer aux râteliers et dormir bien au chaud, légitimés par le vote du peuple, lui-même bouffi de culpabilité à l’égard de son choix et désireux de transformer tout cela en une bonne poêlée de lardons.

Il n’y a pas de bon choix. L’acte civique est justement de garder sa voix pour soi. Effectivement, quand nous sommes minoritaires dans cet optique, ce sont les autres qui choisissent. Une voix silencieuse au milieu de millions de voix qui hurlent tour à tour « Bleu ! » « Rose ! » « Rouge ! » ne se fait pas entendre. En revanche, si une pauvre voix esseulée hurle « Bleu ! », et que des millions de voix silencieuse l’accompagnent, ça change la donne. Le silence est plus puissant que n’importe quel cri.

Un pouvoir, pour se maintenir, doit se rendre légitime. En cela, il est logique qu’aux dernières élections les citoyens qui aient voté pour Hollande soient aussi responsable de son élection et surtout de son maintien que ceux qui ont voté pour Sarkozy. Voter, même contre, c’est légitimer.

Le crime parfait reste impuni. La dictature parfaite se fait passer pour une démocratie.

Un pouvoir « élu » avec 95% d’abstention, même si la Constitution ne prévoit pas d’invalidation des élections à ce niveau, perdra en légitimité aux yeux du peuple. Moins il pourra ramener de suffrages dans ses poches gonflées d’arrogance, moins il sera assuré de son impunité. C’est par l’abstention que l’on reprend le pouvoir. Le vote n’a de sens que s’il est pris en compte, et pas manipulé et passé à la machine mathématique à la manière de la Proportionnelle pour donner le résultat escompté.



7 réactions


  • Gavroche Gavroche 13 septembre 2013 09:56

    « La Vème République n’a qu’un seul grand défaut : C’est qu’elle est taillée de manière à ce qu’elle ne puisse correctement fonctionner et être appliquée qu’avec un homme intègre à sa tête, ayant dans l’idée le souci du peuple et de la France. »

    Tout à fait, et ça manque cruellement. Je rajouterais un politique qui n’a pas le souci permanent de sa réélection et qui aurait le courage d’appliquer la ligne politique sur laquelle il a été élu.


    • Capithalarion 13 septembre 2013 12:42

      Par cet article, je tenais principalement à relever le côté illusoire d’une reprise de pouvoir par les citoyens via leur bulletin de vote. Je l’ai peut-être mal exprimé, mais je pense que la moins pire des solutions est justement de renoncer à ce droit de vote qui n’est qu’un écran de fumée pour nous donner l’illusion de participer au débat démocratique.

      La solution serait une VIème République, bien entendu pas celle de Montebourg et Mélenchon, où tout serait revu de fond en comble. La faille dans le système, c’est l’Homme. Ce sont les politiques de métiers, c’est effectivement l’obsession de la réélection. On pourrait résumer un mandat parlementaire en trois phases :

      La première, celle de l’espérance bisounoursienne Le politique vient d’être élu sur un programme surréaliste et jure devant tous les saints qu’il fera l’impossible pour satisfaire les espoirs placés en lui par ses électeurs.

      Ensuite viennent le mépris et l’arrogance : "Les électeurs sont en fait des crétins incultes qui ne comprennent rien à la politique, je vais faire ce qui me semble juste, d’abord pour moi et mes amis on verra les autres ensuite, de toutes façon j’ai largement le temps avant l’expiration de mon mandat". Cette phase, c’est la pire, la plus longue, celle dans laquelle on navigue actuellement. Tous les politiques n’ont absolument rien à faire de nos gesticulations, des manifestations...Nous sommes des crétins qui ne comprennent rien (Ou des enfants capricieux qui n’assimilent pas qu’au fond, on ne veut que leur bien).

      Puis arrive la phase démagogique, celle qui est sensé les faire réélire. Pour ensuite reprendre le cycle au début.

      Il n’échappe à personne que le pouvoir broie beaucoup de gens, et qu’en cela il est nécessaire de le limiter au possible, pour empêcher la création d’une caste oligarchique soudée entre elle par la promiscuité des responsabilités, comme on a actuellement, où les élus pistonnent où recommandent en espérant un retour de manivelle en cas de futur échec électoral. Le simple fait que Serge Dassault siège au Sénat est pour moi un outrage à la démocratie et au respect du peuple.

      Il y a beaucoup de sources de réflexion pour remodeler un système de gouvernance basé sur l’intérêt du plus nombreux. Mais pour changer les choses, à part une Révolution, je ne vois pas d’autre alternative que le vote blanc.

      Nous sommes pieds et poings liés. Ceux qui ont le pouvoir de déclencher un référendum pour un changement de Constitution sont justement ceux qui ont le moins intérêt à ce que la Constitution change. Que nous faut-il faire ? Attendre une grave crise politique comme prétexte, ou déclencher une grave crise politique, créer le prétexte ? La Révolution ou l’Abstention.

      Le soucis, c’est que le pays a été divisé depuis des générations de politiciens, pour être mieux soumis. Ils nous montent les uns contre les autres, nous incitant à croire que l’ennemi c’est le chômeur, l’immigré, l’ouvrier pour le patron et le patron pour l’ouvrier, le retraité, le fumeur, le mec « égoïste » qui se jette sous le train, le nationaliste...Au final, le peuple est trop occupé à s’entredéchirer pour se rendre compte que le véritable ennemi, c’est le monde politique.
      Le pire, c’est que majoritairement, les français marchent dans la combine. Ils courent, même, assistés par des médias qui n’ont de cesse d’exposer les franges opposées de la société.

      Néanmoins, malgré ce tableau pessimiste, il a été démontré par le passé que les Français sont capables de s’unir et d’oublier les divergences qui les divisent pour combattre un ennemi identifié. J’y crois encore un petit peu. Il manque juste une sorte de leader politique pour canaliser tout ça en un courant démocratique. Or, ce genre de personnalité est écartée par le système. L’Education Nationale se transforme petit à petit en épreuve de soumission à la pensée unique, et seuls ses plus brillants élèves peuvent espérer aspirer aux hautes responsabilités. L’oligarchie se renouvelle.

      « Demain, le gouvernance mondiale ou la révolte des nations ». Je pense que cette phrase de Soral résume ce qu’il va advenir du monde si on ne réagit pas. « La révolte des nations » peut se décliner en pas mal de variantes différentes. La plus réaliste, à mon sens, c’est l’Absention générale.

      Ou, un beau jour, on peut toujours espérer, une manifestation sur les champs Elysés qui réunirait TOUS les français. Et pas un dimanche les syndicalistes, celui d’après les opposants au mariage pour tous, ensuite viennent les retraités et les enseignants puis la cohortes des paysans en colère suivie des contrôleurs SNCF...
      Ce qui démarque les prémices d’une révolution d’une manifestation basique, c’est l’Union. Mais ça...Au vu de ce que j’entends à la radio et lis sur les blogs...ça frôle l’utopie.

      En résumé, il faut une nouvelle Constitution et pour cela nous avons deux moyens d’y parvenir, énoncés plus haut. Je suis bien évidemment pour les deux, mais mon côté cartésien me fait défendre la plus réalisable, celle qui demande le moins d’effort, qui demande même la suppression d’un effort !

      Je crois en l’Homme.
      Imaginez que vous trouviez en sortant de chez vous une lampe magique et un génie qui vous propose un seul voeu. Que feriez-vous ?

      Si vous souhaitez quelque chose du genre la vie éternelle, l’opulence, la plus belle femme du monde, le résurrection de votre père décédé il y a peu ou un paquet de cacahuète, alors vous êtes mûr pour vous présentez aux législatives, parce que la confrontation avec un pouvoir quelconque vous a poussé à faire un choix égoïste.

      Si en revanche vous souhaitez la paix dans le monde, l’accès à des conditions de vie décentes pour tous ou un truc en rapport avec le bien commun, vous n’êtes pas taillé pour cette oligarchie. En revanche, votre manière de penser ferait de vous un parfait chef d’état, place que le système ne vous accordera pas.

      Le soucis, c’est que passé le cap démagogique du « Ouaaah, je peux offrir un cadeau de Noel à tous les enfants pauvres » de la comédie hollywoodienne basique, les gens réfléchissent. Et au final, ils choisiront majoritairement un voeu en rapport avec leurs intérêts.

      Le paradoxe, c’est qu’il faut trouver un système qui fasse en sorte de couper l’accès aux responsabilités à ceux qui ont envie d’y accéder, aux ambitieux, à ceux qui ont une vie digne d’un parcours sportif, prédateurs du Darwinisme social. Autocentrés sur leur carrière, pour qui l’ascension hiérarchique est une raison de vivre, qui ne se contente jamais de leur poste, toujours à viser plus haut. Un système où chacun est à sa place sans envier celle de l’autre.

      Enfin bref, les bonnes idées sont là, il suffit de les concrétiser.


    • Salade75 20 septembre 2013 13:40

      @Démosthène,
      Vous avez certainement raison pour le fait que même si seulement 1% de la population les élisait, les politiques français (tous bords) ne verraient pas qu’il s’agit d’un refus.
      Mais il n’en est pas de même des citoyens qui prendraient (peut être) enfin conscience de leur force, et qu’il est inadmissible que 1% dicte sa loi à 99%.


  • anomail 13 septembre 2013 11:41

    Comme dit Etienne Chouard, la constitution telle qu’elle est pratiquée est une escroquerie.

    Elle est censée constituer un garde-fou, protéger le peuple contre ceux auxquels il a délégué le pouvoir.

    Or le problème, c’est qu’elle est écrite par ceux qui ont le pouvoir.

    Et pendant ce temps dans les écoles, on continue de marteler que vote = démocratie, alors que de toutes manières, on ne peut voter que pour des êtres supérieurs qui ont déjà été triés sur le volet.

    Triés par qui ?


  • YVAN BACHAUD www.ric-france.fr 14 septembre 2013 08:11

    S’il y a un seul vœux à faire, un seule loi à obtenir c’est sans conteste la modification de l’article 3 de la Constitution qui traite « de la souveraineté » , pour y instaurer le référendum d’initiative citoyenne en toutes matières y compris constitutionnelle et de ratification des traités.

    82 à 88% des Français sont POUR selon deux sondages.

    Avec cet outil démocratique et efficace le peuple pourrait obtenir toutes les autres réformes profondes et juste dont la France à grand besoin.
    Une nouvelle association ayant cette UNIQUE REVENDICATION devrait rendre publique son site très prochainement :www.article3.fr

    La première chose à faire est en effet de regrouper d’abord par une pétition tous ceux qui ne veulent plus que les citoyens soient réduit au silence entre deux scrutin de même niveau..
    C’est à dire ceux qu’il veulent qu’enfin la DÉMOCRATIE soit instaurée en France..

    En 2012 les députés Front de gauche, EELVV et radicaux de gauche se sont fait élire députés avec le référendum d’initiative citoyenne inscrit dans leur programme, MAIS tous ayant été contactés personnellement ainsi que les sénateurs des trois groupes ;PAS un seul n’a accepté de déposer une proposition de loi en faveur du RIC.. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Je vous invite à noter www.article3.fr 

    Et aller voir dans la semaine prochaine...


  • gogoRat gogoRat 26 septembre 2013 10:06

    J’avais apprécié cet article, notamment pour ce passage :

    • il est logique qu’aux dernières élections les citoyens qui aient voté pour Hollande soient aussi responsable de son élection et surtout de son maintien que ceux qui ont voté pour Sarkozy. Voter, même contre, c’est légitimer.

    mais quelle déception en lisant ces phrases (qui contredisent fort malheureusement cette claire logique) :
    • Mais pour changer les choses, à part une Révolution, je ne vois pas d’autre alternative que le vote blanc.
    => Comment ne pas voir que « voter blanc » cela reste voter ... et légitimer, sans rien dire, la technique de scrutin qui nous est imposée ! 
    Ce qui est bien aussi fautif que de donner un chèque en blanc à n’importe lequel des candidats qu’on refuse de choisir .
    • un beau jour, on peut toujours espérer, une manifestation sur les champs Elysés qui réunirait TOUS les français.
    => pour le coup ce souhait ne relève même pas de l’utopie ( rêve irréalisable, mais rêve porteur de désirs constructifs) ... Cela semble plutôt révéler une conception fort dangereuse de l’idéal démocratique ; où l’on voudrait s’attendre à ce que chaque citoyen marche comme un seul homme pour la même vision d’une même et unique « volonté générale » parfaitement identifiée de la même façon par tous ...
     Autant dire que cette vision me semble plutôt de nature à inspirer la naissance des pires dictatures ...
     Je suis plutôt persuadé que les bienfaits à attendre de l’idéal démocratique relèvent de la notion d’émergence ... ( fruits - pas fatalement anarchiques - d’une multitude de semblables rassemblés )
    • les Français sont capables de s’unir et d’oublier les divergences qui les divisent pour combattre un ennemi identifié. J’y crois encore un petit peu. Il manque juste une sorte de leader politique pour canaliser tout ça en un courant démocratique. Or, ce genre de personnalité est écartée par le système
    => Là j’ai du mal à suivre : s’il faut un ennemi - quitte à devoir le créer de toutes pièces, ou à l’élire nous-mêmes ... - pour arriver à nous entendre ... le problème est dans la solution !
     Pire : on en viendrait à un « courant démocratique » ... « canalisé » ! ... par un « leader » !!
     ça c’est le clou !

     Dommage, car pour l’essentiel, je reste par ailleurs en accord avec les indignations de l’auteur de cet article ...
     Alors maintenant, comment pourrions-nous concilier cette conscience de devoir faire bouger les choses, et l’impératif de ne pas dénaturer l’idéal démocratique ?
     Pour ma part, je serais enclin à m’inspirer des solutions positives que nous avons apprises à l’école, en Histoire :
     revisiter la technique des cahiers de doléances ! ...


  • gogoRat gogoRat 26 septembre 2013 11:15

    Lorsque Yvan Bachaud nous rappelle la solution du référendum d’initiative citoyenne ,
    il se dépêche de commencer par s’appuyer sur le résultat de sondages !

    • « 82 à 88% des Français sont POUR selon deux sondages. »
    ... ( sans nous préciser qui, comment, quand ... ni avec quelle légitimité ... )

    Cela contredit déjà un peu son affirmation présentant son RIC pour l’unique panacée universelle capable de nous garantir « La » Démocratie (  : il faut croire que le sondage, de son propre aveu - inconscient ou pas - est de nature à précéder LA solution ultime ! )

    Ceci dit, personnellement, je ne suis pas insensible aux attraits et à la simplicité apparente de cette approche qui se veut pragmatique ... Je remarque juste que les pétitions rassemblant plus de 100 000 signatures sont rarissimes ... et que pour atteindre ses objectifs une pétition dite « d’initiative populaire » doit être savamment concoctée et préparée par une campagne de ’sensibilisation’ bien orchestrée, agrémentée de moult « sondages » ...

    Il ne suffit pas de comptabiliser celles et ceux qui souhaitent éviter que « les citoyens soient réduits au silence entre deux scrutin de même niveau.. »  ;
     il est encore plus prégnant d’exiger que chaque citoyen puisse s’exprimer, à tout moment, au même niveau. C’est un peu semble-t-il ce que tendaient à permettre les cahiers de doléance de l’Ancien Régime ... Ce n’est pas vraiment ce qui est permis aujourd’hui au Français moyen d’aujourd’hui, même si, théoriquement, il peut toujours tenter sa ’chance’ en allant pleurer auprès de son député, en écrivant des lettres au Président de la République ... ou en blogant sur Internet.

     Ne saurait-on, aujourd’hui, concevoir des cahiers de doléances officiellement reconnus, accessibles à tous (en donnant le même ’poids’ à chaque citoyen) , et permanents ?

     ( Si le citoyen lambda que je suis peut imaginer une solution, c’est bien le signe qu’à plusieurs on pourrait, à fortiori, faire encore bien mieux ... et que la première difficulté n’est pas d’ordre technique, mais certainement plutôt liée aux convictions, a priori, ou consciences individuelles : quel est vraiment l’idéal "démocratique’ de chacun ?? )


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