samedi 26 janvier 2019 - par Octave Lebel

La matinale de France Inter 25/01/19. Où l’on comprend mieux le détournement et les usages du terme « élites »

C’est toujours navrant de voir les élites proposées à la vindicte dite populaire. Le chirurgien qui vous opère, le professeur respecté, l’écrivain qui vous enchante en sont. Alors comment cela arrive ?

Pierre Rosanvallon a été invité ce matin pour nous faire bénéficier du recul de l’historien et de l’homme de culture et nous éclairer sur l’actualité. Il avoue ne pas connaître l’émission de Cyrille Hanouna et trouve pourtant adaptée la participation à sa demande d’une ministre de la République, Marlène Schiappa, venue instrumentaliser ce type de pratiques télévisuelles pour tenter de regonfler un parti politique en mal de légitimité et de capacité à gouverner le pays. "Au titre que cette émission faisant de l’audience est populaire" dit-il.

Ce n’est pas l’événement du jour, certes. Ce n’est qu’une certaine pratique culturelle choisie par un type d’intellectuels pas à l’abri du besoin de reconnaissance de la part des pouvoirs et maintenant des médias qui toujours les flatteront, s’en serviront et les mépriseront s'ils perdent leur utilité. Les mêmes ne manquent pas de s’offusquer de ce qu’ils appellent la critique des élites par ceux qui ne se cachent pas derrière des diplômes et des titres pour exposer une critique, un mécontentement, un point de vue et qui, souvent moins habiles en rhétorique, sont parfois redoutablement lucides. Ceux qui connaissent l’émission d’Hanouna, ses contenus, ses méthodes, son patron et ses sponsors, sans prétention d’appartenir à une élite se sentent insultés comme citoyens de cet avilissement et souillure du débat démocratique au moment même où ils l’ont rendu nécessaire.

Heureusement, ces personnes, leurs comportements et leurs entremetteurs ne représentent pas toutes les élites de notre pays. Celles-ci, scientifiques, économiques, culturelles, médicales, politiques, syndicales, etc., par leur activité professionnelle et leur participation à la vie sociale avec l’ensemble du peuple dont elles sont une composante contribuent chaque jour à la richesse et au rayonnement de notre pays.

Ces personnes sont en réalité avec d’autres élites qu’elles servent le signe d’un épuisement et d’une impuissance inquiète, égoïste et vindicative à fédérer la production des richesses et leur partage équitable. A permettre l’accès aux outils du savoir et aux formations par les talents et le travail plus que par l’origine sociale et le levier de moyens financiers. A instituer une démocratie participative qui protège de la confiscation de la parole, du détournement des évolutions demandées et permet l’accès aux éléments de compréhension et à la véritable nature des enjeux. A favoriser au service d’authentiques démocraties l’explosion des savoirs et des technologies pour en faire des ressources et non pas des dangers ou des instruments de pouvoirs incontrôlés.

 Un épuisement et une inquiétude, convaincues que l’intérêt de quelques-uns, la subordination persuasive ou forcée à cet intérêt de toutes les forces et intelligences de la société est le meilleur garant du bon fonctionnement d’une société. Que l’enjeu vital de la maîtrise des évolutions est de préserver cet équilibre ancestral par tous les moyens s’il le faut.

 Il est juste de dire aussi que, c'est souvent le cas, l’œuvre de Pierre Ronsavallon ne se réduit pas à ces faiblesses qui sont il est vrai autant un enseignement que le reste de ses contributions. 

Que ceux qui ont un peu de temps et s’intéressent à ce sujet consultent le petit livre de l’historien Marc Bloch, résistant tué en 1944, « L’étrange défaite » livre posthume écrit en 1940, remarquable de simplicité et de clarté. Un cadeau à se faire ou à faire.



3 réactions


  • Sergio Sergio 26 janvier 2019 10:21

    Bonjour Octave, il va falloir que le peuple fabrique tout seul sa propre culture, cela s’appelle :

       L’ÉMANCIPATION !


  • Albert123 26 janvier 2019 17:08

    « Pierre Rosanvallon est fait chevalier de la Légion d’honneur le 2 octobre 1998. Il est promu officier de la Légion d’honneur le 13 juillet 2010 »


    les gens de valeur n’y ont pas le droit et quand on leur propose ils la refusent.


    ce hochet pour adulte, est à la fois la marque du collabo et celle de l’infamie.



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