mardi 19 février 2008 - par Jérémy dumont

Le choix de notre alimentation nous appartient-il toujours ?

La tentation de retourner à des logiques quantitatives dans l’agriculture est grande, le choix de notre alimentation nous appartient-il toujours ?

L’alimentation représente un véritable enjeu économique, politique et social... et individuel !

Le Salon international de l’agriculture, vitrine de l’élevage et de l’agriculture, ouvrira imperturbablement ses portes en France le 23 février 2008. Comme les années passées, institutionnels, entreprises, restaurateurs et consommateurs se retrouveront dans ce microcosme intemporel pour apprécier les produits traditionnels du terroir.

Le secteur alimentaire est le premier des secteurs industriels en France : il représente un chiffre d’affaires de 145 milliards d’euros intéressant près de 11 000 entreprises. Il est tourné vers l’avenir : l’agronomie a amélioré les rendements et intègre les nouvelles contraintes écologiques, tandis que les biotechnologies attirent les investissements, et l’alimentation est de plus en plus considérée comme un moyen de prévenir des maladies et de vivre plus longtemps.

Mais, malgré les avancées économiques, technologiques et scientifiques c’est aussi un secteur dont les marges bénéficiaires s’érodent avec le développement des produits low-cost. En effet, les capacités à innover sont limitées par l’éclatement du tissu industriel en PME, l’innovation ne semble guidée que par elle-même et ne pas aller vers une amélioration de notre nutrition. Les Français se nourrissent encore et ne savent plus ou est le "mal".

Nulle trace de ces enjeux dans la bataille des municipales qui commence tout au plus à pointer la question du pouvoir d’achat. Il s’agirait plutôt d’un enjeu global car les normes de production semblent désormais européennes (cf. la renégociation prochaine de la PAC) ou mondiales... À moins que cela ne dépende avant tout des entreprises : d’une multitude de PME et de grands groupes agroalimentaires.
Ou encore des consommateurs, car le « pouvoir d’achat », c’est aussi l’opportunité pour chacun de nous d’exercer une influence à travers nos choix professionnels et nos achats personnels.

Le film de Sean Penn Into the Wild questionne le rapport difficile entre la nature, l’homme et la technique et montre l’impossibilité d’un retour à la nature.

Toute la difficulté consiste à synchroniser le système alimentaire dans un écosystème assurant l’équilibre entre l’homme, la nature et la technique.

Mais la chaîne de production à travers laquelle passe ce qui arrive dans nos assiettes est des plus complexes. La pomme que Jacques Chirac invitait à manger en 1995, à l’occasion du Salon de l’agriculture, passe aujourd’hui au travers d’une multitude de systèmes interdépendants : l’agriculture la fait pousser, l’industrie la transforme, les marchés fixent son cours, les institutions le régulent, la distribution l’achemine plus près de nous, le système digestif l’assimile et la nature la recycle.

Des signes avant-coureurs d’une prise de conscience des conséquences globales de nos choix devraient influencer positivement les entreprises les consommateurs : Carrefour diffuse une campagne dévoilant les péripéties de la truite de la rivière jusqu’à notre assiette, D’Aucy nous informe de son organisation en coopérative, Danone se recentre sur les produits dérivés laitiers pour permettre à ses actionnaires de diversifier leur portefeuille d’actions, le « made in France » se porte bien, les Français recyclent... On se prend à rêver que dans un futur proche il y aura un magasin Picard Bio sur le canal Saint-Martin à côté du Daily Monop.

Bien que la norme ISO 22000 exige un système de maintien de management de la sécurité alimentaire, l’ensemble de la chaîne de production, de l’agriculteur à l’assiette, manque de coordination. Le maintien des quotas dans la production agricole française semble de prime abord contradictoire avec l’accroissement de la demande internationale et la montée des cours du lait, des céréales...

La Collective de l’agneau incite à la consommation pendant que l’EPIC s’inquiète de la consommation excessive de la viande rouge en France. Leclerc retire de ses rayons des produits en hausse de prix irraisonnée. Le remplacement de l’herbage par le maïs dans l’alimentation des volailles entraîne des déficiences en Omega 3. Pro-activ réduit certes efficacement le mauvais cholestérol, mais d’autres produits Unilever, trop salés ou trop sucrés, ne sont pas nutritionnellement optimisés. Les médias et la Communauté européenne, en amplifiant le danger représenté par la listériose, font les éloges de la pasteurisation de nos fromages, mais contribuent aussi à un affadissement de leurs saveurs et à une normalisation des goûts.

Enfin, nous voulons savoir qui mange vraiment cinq fruits et légumes par jour et si ça peut vraiment améliorer notre santé sur le long terme alors que l’étude Suvimax n’a pas apporté toutes les réponses attendues sur les bénéfices des micronutriments et surtout des antioxydants...

C’est à nous d’innover ensemble de façon plus responsable.



9 réactions


  • ThatJazz ThatJazz 19 février 2008 20:36

    Vive le Bio !

    Evidemment que le choix de notre alimentation ne nous appartient pas...c’est comme pour tous les autres produits de consommations. On te fait croire que t’as "besoin" de manger de la viande tous les jours pour te faire acheter de la viande, et ensuite des études prouvent que trop de consommation de viande rouge bouche les artères et que les végétariens sont en meilleure santé générale...


    • Jérémy dumont Jeremy 19 février 2008 23:33

      Oui...c’est amusant ce que tu dis...ca me fait penser au film "dans la peau de john Malkovitch" que j’ai regardé il y a quelques jours...enfin non c’est pas drole...

      Mais...le BVP évolue vers une autorégulation plus efficace et responsable de la publicité : : http://www.bvp.org/fre/hidden/actualites/bvp-evolue.html

      L’INRA et l’AFSSA vont monter un observatoire de l’alimentation : http://www.blogagroalimentaire.com/?Nutrition-et-sante

      Mais est ce que ca va pour autant orienter les agriculeurs, industriels, distributeurs, et...consommateurs vers des produits de meilleure qualité ?

       

       

       


    • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 21 février 2008 10:20

      En tant que végétarien, ça me fait toujours plaisir de voir d’autres que moi gueuler contre la consommation et même la surconsommation de la viande. Merci. A force, je finis par me demander si nous, les végétariens, nous ne prêchons pas dans le désert. Il faut néanmoins garder l’espoir. Il est évident qu’un jour l’humanité sera entièrement végétarienne : un bifteck par jour pour tous, c’est une absurdité et en plus une impossibilité…

      Et une imbécilité.


  • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 21 février 2008 11:10

    Deux choses

    L’étude suvimax : vous semblez l’ignorer mais l’étude suvimax était d’abord et avant tout une opération médiatique visant à promouvoir les compléments alimentaires, c’est-à-dire la bouffe en pilules… Le but était de montrer quelles carences généraient notre mode d’alimentation moderne. Beaucoup de facteurs non alimentaires (pollution, type d’activité sédentaire ou mobile, tabagie, alcoolisme, etc.) n’ont évidemment pas permis d’avoir des réponses claires. Tant mieux ou tant pis. De toute manière il faut souligner que malgré l’industrialisation de la production alimentaire, en moyenne, l’Européen d’aujourd’hui mange beaucoup mieux, beaucoup plus varié et équilibré qu’il y a 50 ans. Preuve en est la longévité. Notre espérance de vie est passée de 60 à plus de 80 ans en 50 ans.

    Deuxièmement, vous oubliez dans votre cycle de consommation de la pomme, que même après avoir été excrétées dans les "lieux d’aisance", les résidus fécaux de la pomme ne sont plus recyclés par la nature depuis longtemps. Les eaux usées passent aujourd’hui, pour la plupart, dans des usines de traitement qui séparent les matières solides de l’eau. Et ces matière solides sont incinérées. Ou alors, la matière va finir dans une fosse septique pour être métabolisée par une flore spécifique. Tout ça pour dire que notre contact avec dame nature est sérieusement effiloché…

    Manger bio et chier bio…


  • myriade33 27 février 2008 13:05

    A.M.A.P. !!!! Enfin... c’est mon choix....

     


  • Valou 5 mars 2008 11:15

    Quand on mangera végétarien(pas bon la viande), qu’on ne fumera(pas bon le cancer) plus qu’on ne boira plus(pas bon la sirose), qu’on n’utilisera plus de téléphones celullaires(pas bon le cancer), qu’on ne mangera plus ni charcuterie ni fromage(pas bon le cholesterol), ni poisson( il n’y en aura plus) qu’on ne regardera plus les écrans (pas bon pour les yeux) qu’on ne sortira plus (pas bon les UVs) bref qu’on bouffera des pillules par intraveineuse en courant sur un tapis roulant (il faut faire du sport) au fond d’un bunker entouré de 3 plantes vertes et qu’on vivra 200 ans.

     

    On se fera pas un peu chier ?

     

    Valou


  • Bug Cafard Bug Cafard 10 mars 2008 17:04

    Plus rien ne nous appartient pas même nous même. On a fini par donner un prix minimun à notre vie : le RMI (France). Avec les saletés qu’on est obligé de manger nous n’arriverons pas tous à 80 ans. Une sélection "naturelle" si je puis dire va s’opérer. Pour beaucoup de gens manger bio est un luxe, manger tous les jours une gageure pour de plus en plus de gens.

    Il faudrait qu’on se mettent au jardin potager seule solution acceptable au travailler plus pour manger mieux.

    Un autre monde serait possible ? Pour qui ?


  • Dolores 24 mars 2008 19:51

    L’espérance de vie s’est allongée,sauf pour ceux qui meurent jeunesd’un cancer ou d’accidents cardiaques.Et il y en a de plus en plus.

    Nous mourrons bientôt de la trop "bonne bouffe" qu’on nous fait ingurgiter aujourd’hui : prenez donc un peu plus de colorant, de conservateur, d’arômes chimiques, d’exausteur de goût, d’inibiteurs de ceci ou cela, de sel, de sucre etc.....

    Mangez de la volaiile élevée en batteries à la péllicilline (elle grossit plus vite et il y a moins d’épidémies,donc plus rentable), vous serez traités par avance contre tous les petits microbes, saufs s’il sont devenus résistants entre temps !

    Cosommez de la vache de réforme engraissée pendant quelques semaines avec dieu sait quoi pour que son abattage rapporte suffisamment !

    Dégustez du veau élevé aux résidus de lait et au suif de boeuf, qui n’a jamais avoir goûté au lait de sa mère parce que ça coûte moins cher de le nourrir avec des déchets.

    Passez la moindre parcelle de nourriture aux rayons pour éviter les empoisonnements alimentaires : vous pourrez avaler ainsi en toute tranquilité la nourriture avariée ou contaminée. Tout bénéfice et en plus on supprime le risque sanitaire !

    Noubliez surtout pas de manger 5 fruits et légumes par jours, tous bien tartinés de pesticides, d’herbicides qu’il est impossible d’éliminer entièrement. Bons courage, les végétariens !

    N’oublions pas les poissons de plus en plus élevés dans des "fermes de mer" où la promiscuité engendre des maladies et où on les trempe dans des solution désinfectantes pour les débarrasser de tous leurs parasites. Les saumons en captivité réussissent même à contaminer les poissons sauvages qui passent à proximité de leur cage et menacent leur survie. La truite de Carrefour, c’est de la même eau, si j’ose dire !

    Enfin protégez-vous des maladies, prenez bien tous les vaccins qu’on vous recommande. C’est très profitable pour ... l’industrie pharmaceutique ! Pour votre santé, c’est moins sûr.

    Notre longévité risque fort de diminuer dans les années à venir surtout si on ajoute à cette alimentation la pollution atmosphérique et la pollution des mers et des cours d’eau. Outre les engrais, pesticides, herbicides, souvenons-nous des métaux lourds qui polluent le sol où les animaux se nourissent et dont ils nous font profiter.

    Qui décide qu’il vaut mieux récolter 10 poireux dégoulinants de pesticide et d’herbicide que 9 poussés naturellement ? Pas vous , pas moi, mais personne ne proteste car ceux qui possèdent les 10 poireaux vous diront toujours qu’on veut leur ôter le pain de la bouche et que le bio c’est trop cher,utopique et tout juste bon à amuser la galerie. Pourtant la France y a survécu pendant 19 siècle. 

    Tout en sachant que nous nous empoisonnons lentement, nous acceptons ce qu’on prend pour une fatalité parce que nous sommes conditionnés . 

     

    En conclusion, il est dangereux de manger, de boire et de respirer. Abstenons- nous et nous vivrons très vieux !


  • Jérémy dumont Jeremy dumont 29 août 2008 11:42

    Le rapport d’innovation est maintenant en ligne et téléchargeable : "l’alimentation responsable"
    Vos imputs sont toujours les biens venus.
    Allez voir sur www.courtscircuits.fr
    jeremy dumont.


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