lundi 14 octobre 2019 - par Orélien Péréol

Les hommes ne sont pas équipés pour résoudre leurs problèmes actuels (3)

Homme signifie humanité (homme versus animaux, végétaux et minéraux), et non l’autre sens du mot « homme » (homme-femme).

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C’est l’affolement. Les discours et les pratiques se croisent dans une confusion maximale. Les religions avaient organisé les pensées sur des schémas linéaires, où les pensées nouvelles prenaient place assez facilement dans les pensées déjà là, rangées. Dans ce rangement des théories en récits, les concurrences étaient réglées, régulées, on trouve dans ce système les religions monothéistes, le bouddhisme, le marxisme, et le scientisme… etc.

La science organise les choses sur la base de l’observation ; est scientifique ce qui peut, éventuellement, être montré faux (on ne peut pas montrer que les religions sont fausses). L’observation permet de créer des objets techniques qui nous facilitent la vie. On n’a plus besoin d’autant de force musculaire qu’il y a deux cents ans, on peut s'éviter sa pénibilité, on mange convenablement, au moins dans les pays riches, on souffre peu, on vit nettement plus vieux…

Le marxisme s’est déclaré scientifique et il a été falsifié (on a vu dans de grandes dimensions que cela ne marchait pas). Ce qui n’empêche pas des croyants, comme Alain Badiou, de nous dire que c’est tellement beau qu’il faut continuer à y croire et recommencer l’expérience, avec des gens honnêtes cette fois.

Les croyants des religions bénéficient des avantages des sciences et en tirent le parti ordinaire que tout le monde en tire, bien que le système d’idées appelé religion auquel ils adhèrent n’a pas contribué.

J’appelle scientisme le fait de croire que la science peut résoudre tous les problèmes. La science est très performante dans la relativement petite taille, elle n’a pas su tenir compte des dimensions de la planète Terre. Pour prendre quelques exemples, elle a su faire voler des avions, elle n’a pas su calculer ce que le vol de milliers d’avions en permanence dans le ciel ferait à l’atmosphère.

Il serait temps d’intégrer cette dimension à la recherche scientifique. C’est l’écologie scientifique, qu’il faudrait distinguer de l’écologie politique.

Le problème principal à résoudre était axé sur les pauvres et les riches, les travailleurs et les possédants, avec deux systèmes concurrents : le capitalisme et le communisme. L’échec du système censé apporter toutes les solutions, le communisme, a dissout cet axe. Plus rien à attendre, ni à espérer de ce côté-là. Plus rien à attendre des « structures ».

Maintenant, chacun invente ce qui lui paraît être le problème n°1. Ces problèmes ne tombent plus dans des organisations sociales, ils sont dans le domaine statique des « identités ». Il n’y a donc pas de terrain commun pour débattre et arranger au mieux ce qui peut l’être. Deux types de discours divergent, hétérogènes : un discours de plaintes et de demande de reconnaissance dans lequel les plaignants sont juges et parties, autant dire qu’ils ne sont jamais satisfaits et un autre discours de recherche de convergence intersectionnelle qui n’a aucune chance d’aboutir pour cause, parmi d’autres causes, d’incompatibilité avec le discours de non-reconnaissance.

La circulation de ces discours se fait dans un labyrinthe fermé et… en expansion.

Deux attitudes possibles : Faire taire l’autre, que l’on peut voir dans l’abondance des insultes, des verbes « tacler », « remettre à sa place » dans les médias ; Contempler la valeur de la plainte de l’autre et compatir à sa souffrance (ce qui va avec l’insulte aux agresseurs réels ou supposés). Cela n’aura jamais aucune action réparatrice sur la réalité. A ceci près que faire taire l’autre jusqu’à la mort augmente le malheur du monde et des hommes et que c’est déjà là.

Ces discours renversent leurs sens sans arrêt : Nous bannissons le mot « race » de la Constitution avec l’ambition de délégitimer fondamentalement le racisme, mais la plainte des racisés est accueillie sans aucune précaution, dans une adhésion naïve (toute plainte identitaire dit le vrai, si elle a un peu de volume). Le racisme est mal, parce qu’il n’y a pas de races humaines mais les racisés sont bien à plaindre et nous devons être favorables à la diversité. Mais c’est quoi la diversité, par rapport aux races ?

Les femmes et les hommes n’existent pas, on devrait donc avoir autant de femmes que d’hommes partout dans tous les secteurs de la société ; d’un autre côté, il y a des femmes et des hommes puisque les hommes sont des tueurs et les femmes donnent la vie, comme nous l’a dit France Inter (voir mon article « la plainte des femmes augmente sans cesse »).

On a l’impression que le mal sort de la conduite des hommes, on est dans la psychologie (agressive, pas du tout du côté du soin, comme la psychologie s’est créée). Alors que les hommes posent des actes dans un monde constitué de bien et de mal, dans lequel ils modifient en plus ou en moins le bien et le mal.

Evidemment, dans ce schéma des « identités », la dispersion des « identités » est sans fin. Les lgbtqia++ atteignent un sommet de comique involontaire en prévoyant par le ++ l’augmentation de la dispersion future (et l’intersectionalité grandissante aussi, on l’espère pour eux, parce qu’on ne souhaite pas le malheur des gens).

Nous devons retrouver des chemins d’observation de ce qui se passe vraiment et de discours qui parlent de nos vies, de quoi elles sont faites et qui permettent un travail de la société sur elle-même, en lieu et place de ces plaintes-condamnations identitaires.



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