mercredi 28 juillet 2010 - par
Lunettes noires pour Paradis discrets
La crise impose aux riches la plus grande discrétion, et même si la « jet-set » au contraire, aime se montrer, le bonheur des grandes fortunes se doit à la pratique de l’adage : « pour vivre heureux, vivons cachés ».
A St Tropez, personne n’a oublié les fêtes organisées par Bardot, ou par d’autres comme le 7 juillet 1968, deux mois après les célèbres évènements : 1000 personnes invitées, la police se chargeant de filtrer les indésirables.
Au programme DJ, orchestre, champagne à gogo.
Vêtue d’un petit bikini noir, installé dans un fauteuil « Emmanuelle », elle reçoit entre autres Eddy Barclays qui s’est transformé en Tzigane.
Mais ce « gitan » là ne risque pas d’être inquiété par la police.
Certains convives sont arrivés en attelage, ou même à dos de chameau.
Il y a quelques jours, ils étaient 1800 « people » à fêter au champagne, le nouveau sac de Brigitte Bardot. lien
Et pourtant la même Bardot vient d’envoyer une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy exprimant sa colère, et décrivant son passage au pouvoir « d’une négativité et d’une médiocrité inquiétantes » et évoquant aussi « les promesses non tenues ». lien
Mais revenons à nos riches.
En 1988, le Prince Baron de Lignac s’offre pour dix millions de francs, un « bal à Versailles » sur la plage de Coco Beach, à Pampelonne, dans la banlieue de St Trop. lien
L’immobilier flambe à st Trop : une propriété ultra sécurisée vient de se vendre 35 millions d’euros, battant le record atteint l’année précédente de 25 millions d’euros, pour la célèbre villa « Von Opel ».
Olivier Le Quellec, patron de Transacmer , l’une des 80 agences immobilières du secteur se frotte les mains : cette villa « Von Opel » s’était vendu il y a dix ans 8 fois moins cher.
Vincent Bolloré le copain de Sarkozy, s’est acheté pour 10 millions d’euros deux domaines viticoles : la Bastide blanche à Ramatuelle, et le domaine de la Croix de st Valmer. lien
Mais St Tropez est ridicule face à St Jean Cap Ferrat, ou comme le dit Benjamin Mondou, agent immobilier, « le ticket d’entrée pour une villa correcte se chiffre aujourd’hui à 50 millions d’euros ».
Une certaine Liliane Bettencourt vient de défaire ses malles pour une semaine dans sa suite du Grand Hôtel du Cap-Ferrat : 4200 euros la nuit.
On y trouve à la carte : « fine lasagne au caviar d’aquitaine » 128 euros…
Mais qu’est-ce 4200 euros lorsque l’on a reçu de la part de l’état un remboursement de 100 millions d’euros au nom du bouclier fiscal. lien
Selon les déclarations de Me Wilhelm, elle aurait reçu pour l’année 2009 280 millions d’euros de dividendes de la part de son groupe et elle ne paiera aucun impôt sur cette somme, puisque ces dividendes ont déjà été soumis à l’impôt chez l’Oréal.
Pour pénétrer dans St Jean Cap Ferrat, il faut passer par la case « gendarmerie » :
St Jean Cap Ferrat, ce sont seulement 500 habitations toutes luxueuses, et la sécurité y est primordiale.
Ce qui explique les nombreuses caméras de surveillance.
Il n’y a qu’une route pour y entrer et en sortir, ce qui complique bien sur toute tentative de malveillance, mais çà n’a pas empêché le vol d’un million d’euros de bijoux, le 13 juillet dernier. lien
Faut-il voir un symbole dans la date choisie pour commettre ce vol ?
Bien sur, vous pourrez aller visiter la villa « Ile de France » décorée par les trésors des Rothschild, ou même faire un tour du coté du parc zoologique, mais pour pouvoir vous attabler dans l’un des restaurants chic et cher de St Jean Cap Ferrat, il ne faut pas avoir les poches vides.
Récemment, pour un anniversaire, il fallait compter 2000 € par personne, et un mathusalem de Dom Pérignon s’est vendu 15 000 €. lien
Tout cela est bien dans l’air du temps, puisque l’Elysée est dans la même logique.
Qui a oublié le repas offert avec nos sous, lors du sommet de la méditerranée (5050 euros par personne) ? lien
Ce sommet méritait bien son nom, car pour faire bonne mesure, il convient d’y ajouter 136 000 € pour le fond de scène, 194 900 € pour des jardinières, 91 500 € pour accorder la moquette du Grand Palais aux couleurs de l’Union.
Aujourd’hui encore, les 300 mètres carrés des salons particuliers de l’Elysée coutent en fleurs 280 000 € annuels.
Mais revenons à nos milliardaires :
1011 milliardaires sont été recensés dans le monde, mais combien ne le sont pas ? lien
Le plus riche est mexicain (Carlos Slim Helù) avec ces 53,5 milliards de $, suivi par Bill Gates avec « seulement » 53 milliards $, et Warren Buffet pour 47 milliards $.
Le premier Français est Bernard Arnault avec 27,5 milliards de $. Liliane Bettencourt arrive ensuite avec ses 20 milliards de $.
Mais ces derniers savent-ils, que sans les cadeaux généreux du gouvernement Sarkozy, le budget de l’Etat serait supérieur de plus de 100 milliards d’euros et que la dette publique serait donc de 20 points de PIB inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui.
La raison essentielle de ce gouffre financier est donc les baisses d’impôts, décidés depuis dix ans, comme l’écrit dans Médiapart le journaliste Laurent Mauduit. lien
Sans oublier le fameux « bouclier fiscal » qui aura couté à l’état plus d’un milliard d’euros (458 millions € annuels) pour le plus grand bénéfice de 14 000 nantis. lien
En effet, un rapport de l’assemblée Nationale enregistré le 30 juin 2010, (rapport sur la situation des finances publiques) déposé par la commission des finances, met en évidence l’extrême danger qu’a fait courir aux finances publiques les cadeaux faits aux plus riches des français.
Si l’on ajoute à ces milliards d’euros, les gaspillages d’état constatés depuis le début du quinquennat, on comprend aisément que la politique de ce gouvernement, en accélérant la dette publique, va nous faire payer encore plus durement la crise.
Pendant ce temps la, les Bettencourt et autres Arnault se font tranquillement bronzer dans leurs paradis dorés, bien à loin des regards, et de nos soucis.
Et l’argent des Bettencourt et de quelques autres somnole paisiblement dans des coffres discrets en Suisse, ou ailleurs.
Comme disait mon vieil ami africain :
« Plus le singe monte haut dans l’arbre, plus il montre son derrière ».