lundi 15 avril 2013 - par Pale Rider

Même pas honte !

DSK, Cahuzac, Bernheim, etc. : La malhonnêteté est particulièrement grave dans la politique, puisque ceux qui nous administrent sont censés montrer l’exemple. Mais il y a pire, puisque le scandale atteint désormais la sphère religieuse. Le plus inquiétant, c’est qu’aucune contrition ne s’y mêle.

Archéologie de la fange

Petit retour en arrière. Il y a eu l’affaire DSK. Le président du Fonds Monétaire International était pressenti pour être Président de la République Française. Certains savaient qu’il avait de gros problèmes de maîtrise de sa libido, qu’il fréquentait les boîtes échangistes et que tout cela, même dans notre société où il ne faut plus faire de morale, ne faisait pas très joli dans son curriculum vitae. À New York, il y a eu ce qui semble bien être une tentative de viol sur une femme de chambre. À Lille, M. Strauss-Kahn a bénéficié des services de prostituées de luxe dans des conditions où son taux de complicité reste à définir. Et on ne sait pas tout ! Voilà donc l’homme que certains voulaient voir gouverner la France. Or, je prétends que si on est corrompu à ce point dans ses mœurs privées, on ne peut pas être absolument intègre dans ses pratiques politiques, voire financières. On verra bientôt si DSK a de l’argent caché en Suisse ou ailleurs (lui ou sa future ex-femme)…

Récemment, a éclaté l’affaire Cahuzac. Ce monsieur, ministre du Budget, c’est-à-dire responsable suprême des économies de la France et de la lutte contre la fraude fiscale, a fini par avouer qu’il avait fraudé le fisc. Mais ses « aveux » sont extrêmement partiels : personne ne croit à la somme de 600 000 euros dont il parle ; et la somme inconnue et manifestement sous-estimée n’est plus en Suisse mais à Singapour. Ce Ministre, qui s’est dit, avec un bel anglicisme, « dévasté », n’est pas si dévasté que ça puisqu’il lui faut beaucoup de temps pour renoncer à reprendre, comme il en a légalement la possibilité, son poste de député ! DSK, quant à lui, continue de s’exhiber dans des conférences internationales grassement rétribuées.

Un peu plus récemment, quelqu’un a eu la bonne idée d’éplucher quelques livres publiés par le grand rabbin de France, Gilles Bernheim ; et il a prouvé que celui-ci non seulement avait utilisé un « nègre », c’est-à-dire qu’il n’avait pas écrit ses livres lui-même (ou pas entièrement), mais qu’il avait volé des pages entières de livres déjà publiés, sans mention de la source, c’est-à-dire en s’attribuant la paternité de ces passages. « Ses » écrits contre le Mariage pour Tous avaient été salués par Benoît XVI. On s’en étonnera d’autant moins que certains passages avaient été « empruntés » au père Joseph-Marie Verlinde ! Bernheim s’est muré dans le silence, jusqu’à ce que quelqu’un s’avise d’aller vérifier s’il était vraiment agrégé de Philosophie, comme il le prétendait partout. Là aussi, mensonge (un document retrouvé par TF1 montre qu’il mentait déjà il y a une trentaine d’années, sur ce point, dans une émission avec Josy Eisenberg !). Deux ou trois jours plus tard, le spécialiste des Saintes Écritures trouvait des explications misérables, mais pas un mot de contrition. Et il n’envisageait pas de démissionner de sa fonction, car ce serait de l’orgueil, disait-il !

Pour vous remonter le moral, je vous signale cependant que François Ier a décidé, contrairement à son prédécesseur Benoît XVI, de ne pas laisser traîner toutes les affaires de pédophilie qui entachent l’Église catholique. Voilà un scandale épouvantable sur lequel la hiérarchie vaticane a longtemps adopté l’attitude du « pas de vagues », avant de céder à contrecoeur sous la pression des média. Ce changement d’attitude est à saluer. Enfin !

La conscience tuée

Dans tous ces cas, il a fallu attendre d’être pris la main dans le sac, ou la main au panier. Et même avec ça, les aveux ont plus que tardé. Pire encore : les personnages mentionnés ne semblent même pas avoir sincèrement honte de leur attitude. Ils s’accrochent à leurs privilèges, continuent de paraître en public, ne s’excusent de rien ou avec une absence évidente de sincérité.

Tout cela est extrêmement inquiétant et, me semble-t-il, relativement nouveau. Il y a un engrenage qui mène au suicide de la conscience. Et on se pose alors trois questions :

Vivent-ils dans le même monde que nous ?

Allons-nous devenir comme eux ?

Et si nous étions déjà comme eux ?…

Gilles Bernheim aurait dû lire le Nouveau Testament. Il y est dit que lorsque la convoitise débouche sur le passage à l’acte, il est presque impossible de faire marche arrière (Jacques 1.14-15). On finit même par prendre des habitudes, et par les trouver normales. Et quand on a le pouvoir et l’argent, la satisfaction de la convoitise est illimitée, et on grille sa conscience.

Le dire et le faire

Personnellement, je suis très sensible à l’exigence exprimée par Calvin. On a dit qu’il avait tyrannisé Genève, mais sait-on que, après l’avoir chassé de leur ville, ce sont les Genevois qui l’ont supplié de revenir de Strasbourg, où lui-même se trouvait très bien depuis trois ans ? Pourquoi ? Parce que c’était la « chienlit » à Genève. Il fallait remettre de l’ordre. Au sens de Calvin, cela signifiait une chose simple : quand on se dit chrétien, on mène une vie qui correspond à la foi qu’on affiche, et on se détourne de tout ce qui offense le Christ et qui nuit aux autres. La « sainteté », c’est un principe que tout le monde comprend parfaitement (l’abbé Pierre est resté longtemps le personnage préféré des Français) : les principes qu’on a, il faut les vivre. D’ailleurs, quand on regarde les réactions des gens, toutes opinions confondues, que demandent-ils ? De l’exemplarité. Que ceux qui nous gouvernent ne soient pas plus pourris que nous, et même qu’ils soient meilleurs. Même si, bien évidemment, il faut commencer par soi-même, cette demande est légitime. Et un homme politique aussi intègre que Bernard Stasi trouvait normal qu’un politicien soit plus exposé qu’un autre, et qu’on exige de lui qu’il soit exemplaire.

Le cas de Gilles Bernheim est donc inquiétant au plus haut point. Les Juifs sont d’excellents commentateurs de la Bible. Ils la lisent, la scrutent tous les jours. Ils peuvent y trouver tout ce qui est nécessaire pour se comporter dignement, à commencer par les Dix Commandements (Exode 20.2-17), dont l’interdiction de « porter un faux témoignage ». Sur France Culture, leur émission religieuse est de loin la meilleure. Et voilà que leur responsable suprême pour la France est pris en flagrant délit –et un délit de longue date– d’usurpation et de mensonge ! Comment ne pas se souvenir des accusations terribles portées par Jésus contre les pharisiens : « Malheur à vous, spécialistes de la Loi et pharisiens hypocrites ! Vous êtes comme ces tombeaux crépis de blanc, qui sont beaux au-dehors. Mais à l'intérieur, il n'y a qu'ossements de cadavres et pourriture.  » (Matthieu 23.27)

Eh bien, c’est cela que nous sommes amenés à penser de ceux qui nous gouvernent, et peut-être même de ceux qui sont à la tête de nos communautés religieuses… C’est épouvantable, au sens strict. À qui pourra-t-on se fier si on en est à ce point de corruption, de mensonge et de duplicité ?

Il faut réagir

Je ne dis pas qu’il faut que nous racontions à tout le monde tous nos petits secrets, toutes nos faiblesses, tous nos écarts de conduite. Ce n’est pas souhaitable. Mais il faudrait au moins que nous nous confessions nos fautes… à nous-mêmes. Que nous ne nous racontions pas d’histoires. Que nous n’allions pas croire que nous sommes des gens pas trop mal alors que Dieu dit que nous sommes tous indignes (Romains 3.22-23), d’où, en théologie chrétienne, la nécessité d’avoir Jésus-Christ le Parfait comme Sauveur. 

Les lecteurs d’AgoraVox savent que Pale Rider est protestant. Alors, qu’en est-il du protestantisme ? Il a, jusqu’ici, une réputation d’intégrité, mais est-ce bien certain ? Pour ne citer que deux exemples assez anciens pour ne fâcher personne, on cite comme protestant Rousseau, qui a fait cinq enfants à sa maîtresse et qui les abandonnés un par un, tout en écrivant de magnifiques traités sur l’éducation des enfants. On cite André Gide, soi-disant protestant et pédophile notoire. Alors, ça veut dire quoi, être protestant ? Un vernis ? Une étiquette ? Un club ? Un style de vie ? Un niveau intellectuel ?

Dans ses captivants Mémoires d’un galérien condamné pour cause de religion (Édipro, Hendaye, 2010), Jean Marteilhe, le seul bagnard protestant qui ait laissé un témoignage écrit, raconte que les forçats protestants étaient tellement honnêtes que tout le monde leur faisait confiance, y compris les garde-chiourme, y compris les assassins et les musulmans qui étaient enchaînés avec eux ! J’aimerais qu’on puisse dire cela de nous : que nous sommes fiables, honnêtes, dignes de confiance, que nous ne sommes pas des tombes remplies de cadavres en décomposition.

Que nous ne sommes pas des pourris.

Nus comme Adam et Ève

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Masaccio : Adam & Eve chassés du paradis
fresque florentine

Nous pouvons nous abuser nous-mêmes, et cacher les pires actions ou les pires pensées aux autres… mais peut-être pas pour toujours, comme le montre l’apôtre Paul : « Il y a des personnes dont les fautes sont évidentes avant même qu'on les juge. Pour d'autres, on ne les découvre que par la suite. Il en est de même des bonnes actions : chez certains, elles sont immédiatement apparentes, mais là où ce n'est pas le cas, elles ne sauraient rester indéfiniment cachées. » (1 Timothée 5.24-25) Devant Dieu (s’il existe, ajouterez-vous peut-être), nous sommes aussi nus qu’Adam et Ève. Et il serait bien que nous n’en ayons pas honte.

Cela dit, qu’on soit croyant ou incroyant, on peut avoir une conscience. Il n’est pas interdit à M. Cahuzac, et encore moins au rabbin Bernheim, de se repentir, c’est-à-dire non seulement de regretter, mais de changer de conduite. Sans cela, on s’enfonce dans sa pourriture. Soyons exigeants avec nous-mêmes. Ayons ce que même les truands avaient autrefois : de l’honneur. Le plus grave dans toutes ces affaires, c’est qu’il n’y a plus d’honneur, plus d’accès à la honte, plus de vergogne, ce mot délicieusement désuet que nous ferions bien de remettre à la mode.



33 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 15 avril 2013 12:55

    la honte , il ne connaissent pas ! et ils vous disent les yeux dans les yeux ..........
    politicien , c’est un métier d’acteur sans scrupules .....


  • Plus robert que Redford 15 avril 2013 13:03

    Pour un républicain athée comme moi (encore que le républicanisme puisse être une forme de religion !...) votre point de vue se résume en ce qui devrait être LA qualité essentielle chez un être humain : l’honnêteté morale !
    Rien de cucul-la-praline là-dedans, puisque nous sommes tous faillibles (vous diriez sans doute « Pécheurs » ) et susceptibles de succomber à des penchants dictés par nos hormones ou par la très partagée « soif de l’or ».
    Au moins, comme vous l’exprimez, faut-il en être conscient, essayer de s’en défaire (ça s’appelle devenir civilisé !) et s’efforcer de ne pas recommencer !
    C’est ainsi que le protestantisme s’est acquis une réputation de rigueur, voire d’austérité portée à son paroxysme par un certain Corneille Jansen (1585-1638), évêque d’Ypres, (encore qu’il se qualifiât de catholique, ses vues nétaient guère éloignées de celle de la Réforme)

    Mais il est vrai que chez nos « zélites », les mots Morale et Honnêteté sont devenus obscènes...


    • Pale Rider Pale Rider 15 avril 2013 17:00

      @ Robert« Redford » : Merci pour ce message réconfortant. Je suppose que vous avez dû lire le Petit Traité des Grandes Vertus de Comte-Sponville, que vous me rappelez. Il faudrait davantage de gens comme vous. Merci aux autres lecteurs qui réagissent dans le même sens. Il faut faire une coalition de l’intégrité.


    • Aldous Aldous 15 avril 2013 17:15

      @Robert 


      En tant qu’athée, sur quoi vous basez vous pour definir l’honnêteté morale ?

      Je ne parle pas de la vôtre, c’est votre conscience qui vous la dicte, mais celle d’autrui.

      Comment pouvez vous vous attendre à un comportement ’’moral’’ d’autrui quand il n’y a pas de définition commune de cette morale ? (ce que signifie religio) 

      Vous présupposez qu’autrui a le même degré de conscience que vous ? 

  • Gabriel Gabriel 15 avril 2013 13:24

    Pourquoi auraient-ils honte ? Même après avoir été (exceptionnellement) mise en examen, ils se représentent et ils sont à nouveau élus ! A qui la faute ? Ces bandits là ne prospèrent qu’avec l’assentiment et la soumission de leurs victimes…


    • amiaplacidus amiaplacidus 15 avril 2013 13:58

      Absolument d’accord avec vous Gabriel.

      Le cas d’école en occurrence, c’est Balkany. Multi-récidiviste, condamné à plusieurs reprises, il a complètement plombé les finances de Levallois-Perret.
      Et pourtant il. a été réélu !

      Je pense que le mode de scrutin, bien fait pour protéger les soi-disant « élites » en place, n’y est pas pour rien.

      Que faire pour un électeur résolument de droite* à Levallois-Perret ? À cause des listes bloquées, il n’a le choix qu’entre aller à la pêche (et alors, indirectement favoriser la gauche) ou voter pour un homme qu’il méprise : Balkany.

      J’habite tout près de la frontière suisse. Eh bien la-bas, en Suisse, tout d’abord les élections sont au système proportionnels et ensuite, l’électeur à le droit de biffer un nom qui ne lui plait pas sur la liste.
      Avec un tel système, un gredin du genre Balkany ne dépasse pas une législature .

      .
      .
      * Même si je suis résolument à gauche, je pense qu’être à droite, d’une droite responsable, n’est pas forcément une tare, mais une autre vision de ce que devrait être la société.


    • Pale Rider Pale Rider 15 avril 2013 17:03

      @amiaplacidus : Je connais bien la Suisse pour avoir bossé avec les Helvètes pendant 25 ans, et j’y ai toujours des amis. Il y a effectivement certains côté exemplaires chez eux. Mais il ne sont que 7 millions, et nous 65. La petite taille ainsi que le fonctionnement cantonal aident certainement à l’exercice des « initiatives » qui sont un exemple de démocratie assez directe.
      Ils ont aussi leurs corrompus, mais Ziegler veille !...


  • alinea Alinea 15 avril 2013 14:56

    Je me suis laissé dire que la cour des rois n’étaient pas un paradis de vertus, ni celle des papes non plus !
    Le pouvoir autorise aux esprits faibles un monde sans limites ; ils se les posent eux-mêmes en abusant ; ainsi, un jour ils sont découverts ( et s’ils se sentent couillons, ils pratiquent assez l’apparence pour n’en laisser rien paraître), ils savent qu’ils ont perdu au jeu, voilà tout.
    Sinon, une révolution populaire mettra fin à leurs dérives : dans les deux cas, cela prouve qu’il y a toujours des limites ! Entre temps, certes, beaucoup de dégâts... pour les autres !
    C’est le pouvoir qu’il faut limiter ; je ne pense pas que la religion ait quoique ce soit à voir avec ça.


  • cevennevive cevennevive 15 avril 2013 15:13

    Bonjour Pale Rider,


    Très bon article auquel je souscris totalement.

    D’éducation protestante (assez rigide par mes grands mères, un peu moins par mes parents), j’ai, très jeune, acquis cet amour propre que l’on peut ressentir à rester honnête, même en face des pires saletés. 

    Il y une certaine fierté à posséder une conscience claire et propre, et cela n’a rien à voir avec une quelconque pratique religieuse. C’est une question d’éducation, je crois, et aussi un atavisme familial venu de très loin. Nous aurions cru déchoir, dans ma famille, si nous avions menti, volé ou mal agi.

    Pour ce qui est de la religion protestante, à part quelques calvinistes purs et durs en France, les luthériens en Allemagne et dans les Pays Nordiques, les pratiquants de cette religion ne donnent pas beaucoup l’exemple de probité... Pas plus que les adeptes des autres branches du protestantisme (je pense notamment aux USA).

    Vous avez raison, le sentiment d’honneur (que j’appelle, moi, l’amour propre), la honte, la vergogne, sont les choses au monde les moins partagées aujourd’hui.

    Mais comme je ne veux pas m’ériger en « mère la vertu », je dirai aussi que l’éducation protestante rigide (et peut-être catholique aussi), si elle est un frein aux dérives malhonnêtes, est aussi un barrage un peu nocif à la liberté et à la spontanéité, et que trop de retenue peut nuire quelque peu au bonheur...

    Cordialement.



    • Pale Rider Pale Rider 15 avril 2013 16:56

      @cevennevive : Merci, chère coreligionnaire. De votre belle intervention, je retiens qu’entre intégrisme et intégrité, il y a un chemin constamment à reformuler. En tous cas, on ne meurt pas d’être honnête ! C’est une façon de contribuer au bonheur... des autres aussi.


  • Pelletier Jean Pelletier Jean 15 avril 2013 16:05

    @Pal Rider,

    merci de ce rappel simple et exigeant, je retiens tout particulièrement :
    « Au sens de Calvin, cela signifiait une chose simple : quand on se dit chrétien, on mène une vie qui correspond à la foi qu’on affiche ».

    On peut aisement extrapoler ce propos à toute situation religieuse ou politique...

    http://jmpelletier52.over-blog.com/


  • Maître Yoda Castel 15 avril 2013 16:17

    "Il n’est pas interdit à M. Cahuzac, et encore moins au rabbin Bernheim, de se repentir, c’est-à-dire non seulement de regretter, mais de changer de conduite."

    On peut changer de conduite, devenir intègre, complétement, sans regretter notre comportement d’autrefois.
    De mon coté, j’ai tendance à considérer que l’attachement est le pire des péchés. Par conséquent, avoir des regrets, c’est vraiment être attaché à l’image sociale que les autres ont de nous !
    Il faut aussi savoir assumer ce qu’on fait. Si Cahuzac fait des bêtises et qu’il devient la risée des français, c’est peut-être parce qu’il avait besoin de cela pour évoluer... Les regrets, dans ces circonstances-là, ne veulent pas dire grand chose.


  • Pale Rider Pale Rider 15 avril 2013 17:27

    @aldous : Puis-je m’immiscer dans votre débat ?
    Je suis de ceux qui pensent qu’effectivement, une référence à un absolu transcendant est la condition d’une morale bien comprise et solidement ancrée.
    Mais on peut la laïciser avec ce précepte du Christ : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. » (Mat 7.12) N’importe qui peut comprendre ça. Il est d’ailleurs piquant que cette phrase soit presque toujours citée à l’envers : « Ne faites pas à autrui... », dans la version qu’en a donnée la Déclaration de 1793. Celle de Jésus me semble plus positive.
    Pour le sujet qui nous concerne : Si je veux qu’on ne me prenne pas pour un con, je traite les autres correctement. Je ne les truande pas, je ne triche pas, je ne les arnaque pas.
    Mais nos dirigeants semblent, pour beaucoup d’entre eux, être déconnectés de ce principe qu’un gamin de 4 ans peut comprendre.


    • Aldous Aldous 15 avril 2013 18:48

      @Pale Rider, faites, c’est votre article, sommes toutes.


      Mais cette transcendance, on l’obtient comment ?

      Le monde laïc c’est justement celui des turpitudes.

      Dans un monde laïc on ne peut remplacer cette transcendence que par big brother.


    • Pale Rider Pale Rider 15 avril 2013 19:55

      @Aldeous : Le sujet n’est pas facile. Mais le fond de ma pensée (et c’est ce en quoi je ne suis pas resté longtemps nietzschéen), c’est qu’on ne peut rien construire à partir d’une table rase ; on part toujours d’un donné, et, évidemment, de mon point de vue, celui qui vient de Dieu offre les meilleures garanties d’être sage.
      Evidemment, il faut croire que Dieu existe, et encore faut-il savoir quel Dieu...
      Pour faire court (et non pas cours), je vous renvoie à Camus, homme sans la moindre éducation religieuse, et à l’essai qui le brouilla définitivement avec Sartre : L’Homme révolté. Je l’ai reparcouru. C’est assez sidérant, car cet athée s’élève contre... la révolte contre Dieu, en expliquant à quels crimes de masse elle a conduit. Lisez-le : c’est admirablement écrit, et ça donne à réfléchir.


    • Aldous Aldous 15 avril 2013 21:52

      Je pense avoir eu le meme parcours.


      L’athéisme, c’est un pari fou sur le partage generalisé d’une conscience qui n’existe pas.

      En fait on ne peut construire une communauté de regles morales dans l’athéisme car rien ne contraint autrui a vous respecter comme vous le respectez.

      Merci pour vos conseils de lecture.



    • epicure 16 avril 2013 00:46

      @aldous

      tu n’a rien compris à ce qu’est l’athéisme apparement puisque être athée c’est une psotion individuelle par rapport à certaines croyances ( on fait la somme des divinités aux quelles on croit, et si le résultat est égal à zéro on est athée ) , pas une idéologie.

      L’athéisme n’a pas de but en soi, et encore moins c elui d’une morale unique qui s’imposerait à tous, donc tes remarques sur l’athéisme sont sans fondement.

      C’est un peu comme reprocher à la science physique de ne pas être capable de donner des moyens de guérir des maladies et donc qu’il faudrait abandonner la science physique pour ces raisons.


    • Maître Yoda Castel 16 avril 2013 09:29

      "Si je veux qu’on ne me prenne pas pour un con, je traite les autres correctement. Je ne les truande pas, je ne triche pas, je ne les arnaque pas."

      Il faudrait revenir à la démocratie athénienne. Quelqu’un de trop riche était banni de la cité. Aujourd’hui, à cause de la mondialisation et du libre-échange, ça serait vraiment difficile de l’appliquer.


    • Aldous Aldous 16 avril 2013 10:49

      @epicure,

      Vous dites exactement la même chose que moi sans même vous en rendre compte.

      L’athéisme c’est l’absence de base commune pour une morale.

      Une société sans morale commune c’est une société chacun a sa propre définition du bien et du mal.

      DSK pensait que violer une femme de ménage noire c’est bien.

      Sa femme pensait que le fait que son mari se fasse sucer par une femme de ménage noire, c’est bien.

      Cahusac pensait que mentir à l’assemblée nationale et faire de l’évasion fiscale c’est bien.

      Ses collègues pensaient que le larguer comme une vielle merde et prétendre avoir tout ignoré, c’est bien.

      Olli Rehn et ses collègues eurocrates pensaient que voler les déposants chypriotes pour renflouer les banquiers c’est bien.

      Bush pensait que massacrer quelques millions d’Irakiens pour leur prendre leur pétrole c’est bien.

      Sarko pensait que renverser les régimes nationalistes arabes d’Afrique du nord c’est bien.

      Fabius pensait qu’infiltrer des extremis tes salafistes en Syrie et leur filer des armes c’est bien.

      Patrick Cohen pense que penser ce qu’on veux c’est mal.

      La classe politique européenne pensait que l’Euro c’est bien.

      Le bien et le mal, à géométrie variable ça permet de tout se permettre, surtout quand on est puissant.


    • Pale Rider Pale Rider 16 avril 2013 11:08

      @Aldeous : Dans la liste que vous faites, je crains que vous ne soyez encore trop optimiste. Car si VRAIMENT ils pensaient que ce qu’ils font est bien, ils auraient l’excuse de l’imbécillité (comme peut-être la mère Thatcher qui devait croire aux ignominies qu’elle commettait). Mais au fond d’eux-mêmes, dans presque tous les cas, ils savent qu’ils sont au mieux contestables, au pire abjects. Je doute que DSQ soit fier de ses exactions, et c’est pourquoi je parle de suicide de la conscience.
      A ce propos, Gilles Bernheim (dont personne ne parle dans les posts...) connaît ce passage du prophète Esaïe : "Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume !" (55.20) Tel est en fait le thème central de mon article.


    • Maître Yoda Castel 16 avril 2013 13:24

      « L’athéisme c’est l’absence de base commune pour une morale.
      Une société sans morale commune c’est une société chacun a sa propre définition du bien et du mal.
       »

      On peut imaginer une société d’athée savante où la morale commune serait l’enrichissement intellectuel mutuel.
      Le problème de la morale chrétienne, c’est la séparation du bien et du mal. Cette séparation n’a d’intérêt que pour l’intégration sociale (pour l’éducation des enfants en particulier). Or, à partir du moment où l’on fait le bien « en apparence » dans la société, beaucoup recherchent à compenser en faisant le mal dans la vie privée. Nous sommes des créatures faibles et donc, à 99.99%, nous sommes tous comme cela.


    • Pale Rider Pale Rider 16 avril 2013 13:53

      @Castel : TOUTES les religions séparent le bien et le mal, sauf, en partie, l’hindouisme (d’où la complaisance envers les viols collectifs, peut-être ?). Il faut des critères de bien et de mal ; le problème, c’est leur définition.
      A cet égard, voir encore L’Homme révolté et l’analyse percutante du nihilisme que fait Camus.


    • Maître Yoda Castel 16 avril 2013 14:08

      A mon avis, les harcèlements et viols en Inde ne viennent pas directement de la religion. C’est un problème plutôt d’ordre public et de frustration sexuelle. Je fais remarquer que l’Europe, avec tous ces réseaux pédophiles et ces touristes sexuels ne sont pas des modèles dans le genre.

      Toutes les religions dites « révélées » séparent le bien et le mal, or, c’est un tord. Le bien et le mal sont les deux faces d’une même pièce, l’un de peut pas « exister » sans l’autre.
      De plus, il ne faut pas croire que les sociétés idéales sont du type chrétien. Sans parler des grecques, beaucoup de peuplades ont (eu ?) un système démocratique au point. Sans les multinationales et les sociétés privées d’exploitation, ils vivraient avec leur culture en harmonie.


  • Le péripate Le péripate 15 avril 2013 17:34

    Allons !!!! Ca fait 40 ans que tous les politiques votent des budgets en déficit, et on s’inquiète de quelques centaines de millions d’euros ? Cahusac ne reconnait-il pas que le mensonge porte sur l’ensemble des fonctions politiques ? Qui peut croire que la croissance sera positive, même de 0,3% ?

    Tous les élus ne sont-ils pas coupable de détournement de fonds ? Ils utilisent bien l’argent de Pierre pour le donner à Paul, c’est même pour ça qu’on les élit. Tous les élus sont des menteurs : ne disent-ils pas qu’ils luttent pour la croissance et contre le chômage, et ne font-ils pas exactement le contraire ?

    Les syndicats mafieux bénéficient bien d’une amnistie pour faits de violence, et pour opacité des comptes (où est le rapport Dosieres ? Perdu ?) Alors, les pauvres politiques eux aussi devrait être excusés.

    On peut pardonner aux politiques : c’est le système qui est mafieux. Eux sont juste des hommes.

  • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 15 avril 2013 20:20

    Bonsoir Pâle rider,


    Personnellement je pense que les politiciens en place et ceux qui les ont précédés n’ont aucune morale, aucun amour propre, aucun honneur, seul le profit et le maintien de leurs avantages les fait avancés.

    Ils ont laisé la ploutocratie détruire notre pays et ceux de nos cousins européen, ils ont presque totalement détruit ou exporté notre industrie, même celle qui est dite stratégique, ou militaire.

    Ils savent qu’ils mènent notre pays à la ruine et continue à nous raconté des conneries du genre « avec une croissance à 2,5 ils n’y aurra plus de chômage et patati patata, »

     la croissance on perd 1,5 point tous les dix ans depuis plus de 40 ans , de plus leur croissance elle détruit notre planète, le système bancaire bassé sur la dette engendre un besoin d’emprunt exponentiel qui entraîne à son tour une surconsommation des ressources, on jette la moitié des fruits et des légumes qu’ont produit avant même qu’ils n’atteigne les étals des marchands.

    Bref à part flatter leur ego, ce foutre de notre gueule, et ruiné l’avenir de nos enfants, ces bon à rien ne font rien, ils n’anticipe rien, il attendent que cela s’écroule en essayant de détourné discrètement le plus de fric possible, pour pouvoir ce mettre à l’abris quand leurs « je ne trouve pas le mots pour les décrirent » nous aurra menée au chaos.

    Alors la morale, ils n’en non pas et n’en aurons jamais, cela fait trop longtemps que cela dure.

    Cordialement

    Franck



  • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 15 avril 2013 20:30

    Je voudrai rajouter,


    N’importe quelle industrielle véreux, type Monsanto pour ne citer que lui, qui pollue nos terre nos cours d’eau, inonde le monde de produit cancérigène, ou mortel pour la faune et la flore, peux revendre ces produits tranquillement n’importe ou. il suffit juste à Monsanto, ou n’importe quelle autre pétrolier « fracturation hydraulique » de prendre le temps de leurs refourgué de belle valise de billet. Ils sont à vomir tous simplement. Que pouvons nous dire d’autre ??

    Cordialement

    Franck

  • L'Auvergnat L’Auvergnat 15 avril 2013 21:11

    Et la « Barjot » dans tout cela........


    Pour qui travaille t-elle ????????????????

  • non667 15 avril 2013 22:24

    remercions plutôt cahusac+.......... d’avoir montré ce que sont les hommes politiques !reste aux électeurs a ne pas se laisser abuser par ceux qui veulent faire croire que se sont des exceptions  ! tous pourris  ! = examens d’entrée en politique coef :15/20 ! smiley smiley smiley


  • simplesanstete 16 avril 2013 09:19

    Surtout pas !
    En politique il vaut mieux avoir des amis que des remords.Jérome, le franc maque s’est lié et remarié avec un membre de....la tribu

    Fille de Dany Saval (la femme de Michel DRUCKER), Stéphanie JARRE (son papa est Maurice JARRE, le compositeur),s’est mariée l’an dernier avec Jérôme CAHUZAC !
    Drucker, lui-même grand pote de Sarko, ne va pas manquer de casseroles à la maison !

    • Pale Rider Pale Rider 16 avril 2013 09:39

      @simplesanstete : C’est ce qu’on appelle de la consanguinité politico-médiatique. Pas étonnant que ça finisse en dégénérescence ! Et je plaisante à peine...


  • Ricquet Ricquet 16 avril 2013 09:35

    Merci pour l’article et les commentaires associés.

    « Même pas honte ! »
    Tu as très bien choisi ton titre.

    Faire partie d’une assemblée d’élus, et ne pas dénoncer à la nation les dérives du système, est aussi une félonie qui s’apparente à un mensonge par omission. (et par intérêt...)
    (voir Laurent Louis seul contre tous en Belgique.)
    Faut croire, que pour pouvoir se présenter à un suffrage et être élu, il faut être de la caste des corbeaux.
    Ce qui justifie l’expression : « Tous pourris. »

  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 19 avril 2013 22:43

    « On cite André Gide, soi-disant protestant et pédophile notoire »

    Gide a évolué vers l’athéisme, comme tout le monde le sait.

    Par ailleurs il n’a jamais été pédophile, sauf pour ceux qui confondent les petits enfants avec les grands garçons. À son époque, l’âge de consentement était 13 ans, et ses relations ont toujours été avec des plus de 16 ans, soit ce qui serait encore légal aujourd’hui, notre législation ayant établi un seuil de consentement de 15 ans.


  • soi même 22 avril 2013 01:43

    merci pour ce billet, sans moralisme, vous pouvez que la morale qui fonde les religions sont toujours d’actualités. Et une rende part de ce que vous dénoncer et due en autre à la déspirutalisation que notre société vie.

    Certes avant cela n’était pas mieux, mais il y avait des freins, alors qu’actuellement tous est jeté aux orties, et en particulier notre intégrité morale est le plus sujet à cette attaque.

    De ce fait il n’est pas étonnant de se retrouver devant des affaires où les coupables non plus véritablement de remord, car pour eux c’est un fait qui est banal et banalisé.

     Je ne souviens quand j’étais à l’armée, cette phrase, nous avons droit de tout faire, il est interdit de se faire prendre, je croit que notre société et plus particulièrement la finance et la politique ont épousé cette cette valeur.

    Ce qui expliquerait pourquoi certains sont devenues coriaces à s’expliquer.


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