vendredi 12 mai 2017 - par Yannick Lacassagne

Succession du PDG de Carrefour : la menace Bompard pèse sur les salariés

Les salariés de Carrefour ont du souci à se faire. Le groupe a lancé le processus de sélection du successeur de Georges Plassat, dont le mandat de PDG se termine en 2018. Or, si l’heureux élu n’est pas encore trouvé, les spéculations vont bon train et plusieurs noms circulent, dont celui d’Alexandre Bompard. Pas vraiment rassurant, à en juger par les états de service du personnage.

Le sombre bilan social d’Alexandre Bompard à la tête de la FNAC

Le bilan social de M. Bompard à la tête de la Fnac est désastreux. L’organisation FO rappelle en effet que le dirigeant « a touché 13,9 millions d’euros en 2016 » (soit + 21 % par rapport à 2015) alors que « des centaines d’emplois sont menacés » dans le cadre de l’intégration de la Fnac et Darty.

Les peurs des organisations syndicales sont d’autant plus fondées que l'enseigne de distribution ne dégage du résultat que par les économies qu’elle opère « sur le dos de tous les salariés », comme le dénonce Thierry Lizé, délégué central à la Fnac Relais. Alexandre Bompard avait lancé un plan d’économies de 80 millions d’euros en 2012, qui devait se traduire par la suppression de 500 postes, dont 310 en France. Mais la CGT estime aujourd’hui que 19 % des CDI, soit environ 1 350 postes, ont été supprimés en quatre ans dans les magasins.

Or, fin 2016 la CFTC s’alarmait déjà face à un possible plan social pouvant entraîner la suppression de 350 à 500 postes supplémentaires. La question que tous les salariés du nouveau groupe Fnac-Darty se posent est évidente : combien de nouveaux postes seront supprimés dans les années à venir ? Une seule chose est certaine : même si le groupe continue à afficher de bons résultats, les salariés vont continuer à trinquer.



Mais le danger ne s’arrête pas là. En plein état d’urgence et alors que les menaces pèsent obstinément sur notre pays, la Fnac s’est permis de faire un million d’euros d’économies en réduisant les effectifs de sécurité ! Ce sont à nouveau les salariés, et les clients, qui se retrouvent ainsi exposés aux conséquences des décisions de M. Bompard, pour qui il n’y a visiblement pas de petites économies.

A moins que les faibles investissements en matière de sécurité ne trahissent une stratégie beaucoup plus large visant la disparition des magasins physiques. Auquel cas tout ferait à nouveau sens. « La poursuite de la croissance mise en avant par la Fnac s’appuie majoritairement sur le développement du Web et de la franchise au détriment des magasins physiques », s’inquiétaient début mars à nouveau les élus CGT. Pour ces derniers, le « manque d’investissement chronique » dans les boutiques ne peut qu’alerter sur leur pérennité.

Bompard à la tête de Carrefour : on prend les mêmes et on recommence ?

On imagine l'angoisse des salariés de Carrefour à l’idée qu’un tel personnage prenne les rênes de la société. S’il devait succéder à Georges Plassat, qu’en serait-il de la question du travail dominical ? Au sein du groupe de distribution, la majorité des syndicats se sont prononcés contre, mais leur avis serait-il respecté par celui qui a su imposer son point de vue aux salariés de la Fnac ?


Alexandre Bompard a systématiquement insisté sur la « nécessité » pour l’enseigne d’ouvrir le dimanche afin de faire face à « l’agressivité des e-commerçants ». Mais peut-on combattre l’agressivité par l’agressivité ? Majoritaires à Carrefour, les syndicats FO ont voté à 85,72 % contre le projet d’accord sur le travail le dimanche matin. M. Bompard brandira-t-il à nouveau l’argument de la concurrence pour passer en force s’il arrive chez Carrefour ? On peut le craindre.

Selon la CGT, le millionnaire a fait un intense lobbying pour mettre fin au repos dominical dans les commerces culturels. À tel point que la centrale syndicale a baptisé « amendement Bompard » l’article du projet de loi Macron stipulant que les commerces culturels peuvent déroger à la règle du repos dominical sur le modèle du « bricolage ». « Une fois de plus, la loi Macron satisfait les demandes d’un patron. Ce texte est une compilation des exigences du patronat », s’indignait alors la CGT.

Et cette indignation, comme celle des autres syndicats et des salariés, n’est pas prête de s’arrêter. En prenant la tête de Carrefour, M. Bompard pourrait être accueilli avec « welcome bonus et golden parachute en dizaine de millions d’euros assortis d’une rémunération substantielle », comme l’écrivait le 12 avril dernier la Lettre de l’Expansion. L’Assemblée Générale de la Fnac-Darty pourrait prochainement débloquer le super bonus d’Alexandre Bompard, qu’il percevrait au titre de l’année 2016 (12 millions d’euros). Un bonus pharaonique qui le classe déjà « parmi les patrons les mieux payés de France, bien au-dessus de la moyenne de ceux du CAC 40 », selon Libération...
 



2 réactions


  • zygzornifle zygzornifle 13 mai 2017 10:27

    Alexandre Bompart pote a Macron a touché 16 millions d’euros de rémunération en 2016 et prépare un plan social de 1600 suppression d’emploi partagé entre Darty-FNAC ....


  • zygzornifle zygzornifle 6 juin 2017 10:53

    la femme a Bompart passe conseillère financière de notre 1er ministre ....


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