Un coût pendable
Le coup de bambou …
Madame la première dame se monte du col, prenant sans doute son filleul pour une girafe qu’il convient de peigner. Dans la longue liste des cadeaux princiers, le Panda tiendra pour longtemps le pompon car à n’en point douter, c’est là, cadeau empoisonné pour les contribuables que nous sommes. Mais n’allons pas gâcher le plaisir du couple présidentiel qui a ainsi l’occasion de découvrir les joies de la paternité.
Bien sûr, cette farce a au moins le mérite de démontrer à quel point nous avons collectivement perdu pied avec le réel, l’indispensable et le sérieux. La naissance d’un Panda a occupé la France, a tenu les médias en haleine, a déplacé des foules dans un zoo où désormais les plus curieux spécimens de la faune planétaire sont devant les barrières. C’est le renversement complet des valeurs qui fait des humains les bêtes les plus curieuses de la création.
Quant à la fonction présidentielle, on découvre avec stupeur qu’elle s’est abaissée à des fonctions largement subalternes. Voilà notre chef de l’état chargé de curer la demeure de ces drôles d’animaux, de leur livrer du bambou frais, de les soigner tandis que son épouse donne le biberon à leur rejeton. C’était bien la peine de vouloir transformer la politique hexagonale pour la faire passer ainsi des palais aux écuries.
Même les commentateurs politiques ont revêtu leurs habits de palefrenier pour suivre à la loupe les soubresauts de l’enfant à naître qu’il convient de ne pas envoyer paître. Il en irait alors du crime de lèse-majesté puisque la légitimité du pouvoir s’est incarnée dans cette petite boule de poils qui garde sa nationalité chinoise. Il y a de quoi se pisser dessus pour peu que nous ayons l’autorisation de partager la litière du divin enfant.
Fort heureusement, nous n’accordons pas les mêmes faveurs à ces indésirables bipèdes qui nous viennent par la mer en ayant fui la misère et la guerre. Les finances de la nation n’auraient pas les moyens d’accorder à ces pauvres bougres le même budget par tête de pipe que les sommes englouties par les trois mangeurs de bambou. Nous devons nous réjouir du sens des priorités de notre chef suprême qui gère l’état en bon père de famille qu’il est ainsi devenu par la grâce de cet enfantement par procuration.
La farce du Panda va marquer durablement le basculement définitif de la politique dans le spectacle honteux et l’indignité absolue. C’est à pleurer de rage tout autant que de désespoir devant la dose d’inhumanité nécessaire pour participer à cette pantomime animalière au coût financier parfaitement indigeste. Nous savons désormais à quoi nous en tenir sur la crédibilité intellectuelle de ceux qui se livrent à pareil travestissement de la fonction.
L’expression « Le coup de bambou » n’aura jamais eu plus parfaite illustration. Nous savons ainsi qu’il nous faudra encore consentir toujours plus d’efforts et de sacrifices pour les prochains caprices de ce couple inénarrable. Que tous ceux qui défendent encore les acteurs de cette comédie se couvrent le visage de suie. Que la honte s’abatte sur eux.
L’aventure du Panda est le plus pendable scénario que les conseillers en communication ont pu concevoir depuis belle lurette. Je suis admiratif du succès de leur entreprise, non seulement ils ont subjugué le pays tout entier mais en prime, ils ont flatté dans le sens du poil la Chine, cette merveilleuse nation où les droits des animaux semblent bien plus importants que ceux des humains.
Je n’ai qu’un souhait à formuler pour clore ce billet sans queue ni tête et à rebrousse-poil. Puisqu’il faudra bien restituer nos amis les pandas, aux généreux donateurs - contre énorme contribution, ne l’oublions jamais - il convient de ne pas oublier de mettre dans le paquet assurant le retour à l’envoyeur, la marraine et son compagnon -. Voilà qui mettrait un point final acceptable à cette incroyable aventure.
Pandablement leur.