Une chronique municipale
Les dernières élections municipales, en de nombreux endroits, ont été l’occasion d’une participation exceptionnelle des citoyens pour constituer des listes alternatives aux listes traditionnelles.
Ce fut le cas à Vaux-le-Pénil, commune de quelque 11 000 habitants de la périphérie de Melun, où l’équipe sortante a vu son maire, élu sous une étiquette de gauche “raisonnable”, s’impliquer étroitement dans la Macronie, ce qui l’a conduit à céder la place à un “technicien” devenu tête de liste de l’équipe s’apprêtant à se succéder à elle-même. Encouragés par un précédent maire, socialiste, et par le militant associatif J.F. Chalot, des citoyens se sont réunis en “collectif”, bien avant l’élection, à l’automne 2019, pour faire l’inventaire des besoins réels des habitants et débattre des moyens pour parvenir à les satisfaire. Des réunions amicales en “café-citoyen” ont permis les échanges en donnant la parole à chacun, quel que soit son statut, et ont abouti à la rédaction d’une plateforme programmatique qui sera soumise aux électeurs.
“Nous revendiquons notre existence et nous mettons en pratique nos idées de démocratie participative, écrit une participante depuis élue au Conseil municipal. Et nous entrons en campagne... J’ai beaucoup aimé rencontrer des personnes d’origine et d’orientation chamarrées mais unies autour d’axes communs : la démocratie participative, l’écologie et le social. Je peux afficher le fait d’être sans étiquette, j’ai envie d’œuvrer pour cette ville que j’aime et qui a permis à mes enfants d’avoir de belles années pour grandir et devenir de belles personnes. J’ai envie de le faire sans me référer à aucun parti, juste au gré de rencontres avec les Pénivauxois.”
La liste issue de ce “collectif” réussira à obtenir 27,56 % des voix au 1° tour, ce qui en fera l’arbitre du second. La fusion avec la liste “divers gauche” du maire sortant lui permettra de faire entrer au Conseil 5 élus (sur les 26 de la liste victorieuse) contre 7 à l’opposition de droite.
Pour les initiateurs de la liste “participative”, c’est une avancée significative et ils n’ont pas hésité à la considérer comme une amorce de renouveau, un véritable “printemps pénivauxois”.
La chronique municipale qu’on trouve dans petit livre collectif, publié sous l’égide de J.F. Chalot, donne à lire le récit de 30 ans de vie communale dans cette banlieue de Melun, des éclairages sur la campagne récente, des réflexions sur les politiques municipales et des pistes pour l’avenir à Vaux-le-Pénil et peut-être ailleurs dans le pays...
Un bémol à l’enthousiasme des membres du “collectif” ayant conduit à la liste emmenée par Julien Guérin : le faible pourcentage de suffrages exprimés : 32,73 % des inscrits. Deux électeurs potentiels sur trois se sont abstenus, ont voté blanc ou nul. Cela montre qu’il ne suffit pas de vouloir une démocratie participative pour amener les citoyens à participer. Bien sûr, ils ont été échaudés par le peu de cas qu’on a fait de leurs revendications ou de leurs votes par le passé. Mais ont-ils tous envie de participer ? Notre société n’est-elle pas en train de s’atomiser, nombre de citoyens se transformant en consommateurs autocentrés, adeptes du “chacun pour soi” et du “j’fais c’que j’veux”, la solidarité se diluant dans l'égoïsme et l'ignorance. La publicité, les médias audiovisuels et les réseaux sociaux ont trop souvent pris la place de ce qui fut l’éducation populaire. On ne peut que souhaiter bon courage aux Don Quichotte de la démocratie participative !
Jean MOUROT
Un printemps pénivauxois, J.F. Chalot et alii, Le Scorpion brun, 204 p., 12 €
En vente sur www.thebookedition.com ou chez l’auteur