mercredi 5 août 2020 - par Théodore Vasseur

Virus « woke » contre molécule « populiste »

Avec le coronavirus, l’infiniment petit a déboulé dans le champ politique. Les résultats sont désastreux.

I – Coronavirus « woke »…

Depuis mars, tous les spécialistes scrutent les opinions politiques du coronavirus. Les meilleurs d’entre eux en ont conclu qu’il était « woke » (littéralement : « éveillé », conscientisé). Ainsi sait-on grâce à Christophe Castaner, ex-Ministre de l’Intérieur qui nous manque déjà tellement, que le coronavirus approuve les manifestations pour Black Lives Matter. Il va de soi que le virus déteste les « populistes » et qu’il est écologiste. Christine Lagarde nous a informés qu’il est féministe. Mieux, le/la Covid est non-binaire ! Jamais virus ventriloque n’avait disposé d’autant de marionnettes pour faire valoir ses opinions.

 

II – …contre chloroquine populiste

Le coronavirus a testé les capacités logistiques des Etats (disponibilité des masques, des tests, des ventilateurs, lits d’hôpital). La France s’est montrée défaillante, mais on aurait du mal à en blâmer le Gouvernement : la déliquescence de nos services publics remonte bien au-delà du sacre d’Emmanuel Macron.
Le Jihad anti-choloroquine, par contre, est bel et bien un choix politique. Confronté à l’incertitude, le Gouvernement aurait pu « ne pas recommander », voire « déconseiller » son usage. Foin de ces prudences : piétinant le principe de liberté de prescription des médecins, il a choisi d’en interdire la prescription. Sus à l’axe trumpo-raoultien !

Alors que de nouvelles études démontrent que la chloroquine (plus exactement sa cousine l’hydroxychloroquine) semble bel et bien être efficace, comme remède et comme prophylactique, il est trop tard désormais pour faire marche arrière : ce serait reconnaître que le Gouvernement est directement responsable de milliers de morts évitables. Heureusement, « Big Tech » veille au grain et censure tous ceux qui remettraient en doute le dogme de la diabolicité de cette odieuse molécule. Interdits de Youtube, de Facebook et de Twitter. Régression épistémologique médiévaliste : la science, humble processus itératif d’approximation de la vérité, doit céder la place à « La Science », dont les diktats venus d’en-haut ne souffrent pas la contestation. Plus ses « certitudes » sont chancelantes, plus la censure et la répression se font impitoyables. Le scepticisme est devenu un gros mot (euro-scepticisme, climato-sceptiscisme) : l’homme moderne se doit de croire, croire, CROIRE. « Nous sommes en guerre  » parait-il, et un bon soldat ne pose pas de question.

 

III – Mais faites quelque chose !

Le deuxième choix politique majeur auquel l’épidémie a confronté les gouvernements est celui du confinement. Nous connaissons tous le syllogisme :
1) Il faut faire quelque chose !
2) Ceci est « quelque chose ».
3) Donc il faut faire « ceci » !

« Ceci » fut donc d’abord le confinement. Jamais dans l’histoire de l’humanité un gouvernement n’avait décidé d’enfermer toute la population chez elle afin de lutter contre une épidémie. Peu importe : en l’espace de quelques jours à la mi-mars, à la suite du modèle chinois (quel beau modèle !), le confinement s’est imposé de par le monde comme « LA » solution à la crise. Les mauvais esprits feront remarquer que, cinq mois plus tard, on n’a toujours pas la moindre preuve de son efficacité pour lutter contre l’épidémie. Plus embêtant : en Europe, la corrélation est positive. Les pays qui ont eu le confinement le plus sévère ont également eu le plus de morts ! Alors certes, corrélation n’est pas causalité : tout de même, cela fait désordre. Le virus volage va et vient et se soucie des décrets que l’on met en travers de son chemin comme de son premier pangolin. Peu importe : un Gouvernement qui n’aurait pas « fait le confinement » eût été tenu pour responsable, politiquement et peut-être judiciairement, de chaque mort. Avec le confinement, le nombre de morts est probablement peu ou prou le même, mais le Gouvernement se disculpe : ce n’est pas de notre faute, nous avons fait tout ce que nous avons pu. On agite des manettes fictives, cela rassure le bon peuple : voyez, ils agissent, ils ont la situation « sous contrôle ».

On a par contre la preuve bien tangible des ravages du confinement sur nos sociétés : sur l’économie d’abord, et même sur la santé, ce qui est un comble. Notre nouveau Premier Ministre l’a dit : « Nous n'allons pas refaire un éventuel confinement comme nous avions fait celui du mois de mars. D'abord parce que nous avons appris, parce qu'un confinement absolu a des conséquences terribles, humaines et économiques."
Traduction de l’énarchique au français : « Oups ! Nous avons fait une énorme c…erie ! ». Effectivement, « nous avons appris », mais il est trop tard maintenant…

Fin donc du confinement, et bon débarras. Vient le tour du « quelque chose » numéro 2 : le masque. Irritant mais moins paralysant, son utilité n’est pas plus prouvée que celle du confinement. Solution hypothétique face à une non moins hypothétique « deuxième vague », que les hôpitaux d’Europe décèlent à peine et les morgues pas du tout, l’obligation du port du masque démontre que les Autorités font « quelque chose ». C’est tout ce qu’on lui demande. Par sa visibilité, il imprime dans les esprits l’omniprésence du danger. Une psychose collective, ça se travaille ! Demandez aux Suédois qui, sans masque et sans restrictions, ont laissé loin derrière eux l’angoisse du Covid. La « guerre » contre le virus abolit le réel : on s’est « mobilisés » en s’affalant sur nos canapés à regarder Netflix, la dette explose mais « on ne la remboursera jamais » et les « plans de relance » colossaux, miraculeusement, se financeront sans un centime d’impôt supplémentaire. La France est un de ces personnages de dessin animé qui marchent au-dessus du vide : tant qu’ils regardent devant eux, ils peuvent espérer ne pas tomber. Le Chantecler de l’Elysée a donc tout intérêt de poursuivre la rhétorique martiale : il coquerique haut et fort, et on oublie que ses pattes s’enfoncent dans le fumier. Quand se dissiperont les brumes de la « guerre », il ne nous restera plus qu’à contempler le champ de ruines qu’est devenu notre pays.

 

« Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise ?  » demande le Professeur Perronne. On serait tenté de répondre par la négative, mais ce serait surestimer la liberté de manœuvre de nos gouvernants. Emmanuel Macron était le fondé de pouvoir dont la mission était de rajouter une couche de peinture fraîche sur les institutions vermoulues de notre vieux pays. Ironie de l’histoire : avec la crise du coronavirus, il leur a peut-être donné le coup de grâce.



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