lundi 8 août 2005 - par Michel Monette

À qui profitent les achats de l’ONU ?

En 2001, les divers organismes des Nations Unies ont acheté pour plus de $ 4,6 milliards US de biens et services. Les trois-cinquième étaient destinés à l’Afrique. Or à peine 7 % des achats de l’ONU l’ont été sur ce continent. La situation n’a guère changé depuis. Cherchez l’erreur.

Une quarantaine d’organismes onusiens forment ce que l’on appelle les « marchés de l’ONU ». Cinq de ces organismes achètent toutefois à eux seuls les trois-quarts des biens et services dont a besoin l’ONU pour réaliser ses diverses missions.

La palme va au Programme Alimentaire Mondial avec plus de $ 1 milliard US en 2003.

Les achats de l’ONU sont en hausse constante depuis 1998. L’an passé, ils se seraient chiffrés à plus de $ 6 milliards US, selon de récentes estimations.

Vous trouvez que $ 6 milliards US ce n’est pas beaucoup ?

Sachez qu’en additionnant les fonds transférés aux gouvernements bénéficiaires des institutions financières internationales, ce sont des marchés annuels de plus de $ 30 milliards US qui s’ouvrent aux entreprises du monde entier.

Tiens, tiens, tiens, l’intérêt grandit chez certains d’entre vous !

Allez donc voir du côté du United Nations Global Marketplace ou du site UNbiz ou du Bidding/Consulting Opportunities de la Banque mondiale.

Remarquez que si vous souhaitez être consultant pour la Banque mondiale, il vaut aussi la peine d’aller sur Requests for Expressions of Interest for Consulting Work.

Ah, et puis n’oubliez surtout pas la tournée de chacun des organismes de l’ONU. Mieux vaut vous faire connaître.

Qu’est-ce que je disais déjà ? Merci ami lecteur de la Côte d’Ivoire de me rafraîchir la mémoire. La machine onusienne est d’une telle complexité que mes neurones ressemblent aux boules d’une table de billard que l’on viendrait tout juste de casser.

Je disais donc que certaines régions du monde, curieusement celles qui ont le plus besoin de l’aide internationale, sont moins choyées que d’autres par les retombées économiques des achats de biens et services liés aux diverses missions de l’ONU.

Il est vrai que l’ONU n’est pas la seule à vivre cette profonde contradiction. Pays donateurs et organisations non gouvernementales dépensent des milliards de dollars chaque année avec peu de retombées pour les entreprises des pays auxquels ils viennent en aide.

Le Centre du commerce international (l’Agence de coopération technique de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) et de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans les domaines opérationnels et orientés vers les entreprises pour le développement du commerce) a entrepris de convaincre qu’aider c’est bien, mais qu’acheter là où l’on aide c’est beaucoup mieux.

Rêvons un instant que tous les beaux milliards d’aide aux pays pauvres y soient entièrement dépensés auprès d’entreprises de ces pays.

On peut toujours rêver d’un impossible rêve, non !




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