samedi 7 avril 2012 - par cliquet

Austérité ou croissance ?

Enfin, nous commençons à entendre parler des sujets qui fachent dans la campagne présidentielle.

Il faut dire qu'il ne reste pas beaucoup de temps et nos chers candidats ont peut-être pensé que les sous-developpés du bulbe que nous sommes n'auront pas le temps en 15 jours de comprendre de quoi il s'agit.

Petite remise en jambes ; il y a quelques semaines, on a appris que, très discrétement, les députés avaient adopté le projet de traité dit "du MES" L'UMP a voté pour et les socialistes, divisés sur ce texte comme ils l'étaient lors du référendum de 2005 ont pris l'énergique décision de...s'abstenir. Moyennant quoi le texte est passé.

http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/traite-mes-pacte-budgetaire-110731

Seulement voila, maintenant, il va falloir l'appliquer.

"l'article 3 stipule que le déficit structurel ne devra pas dépasser 0,5% du PIB. Au delà de ce seuil, des mécanismes de correction seront automatiquement déclenchés. Enfin lorsque les déficits dépasseront 3% du PIB les sanctions deviendront quasi-automatiques".

En effet, le traité contient un volet sur la règle budgétaire qui nous interdit de laisser filer les déficits. Bonne chose, me direz-vous. Certes, mais dans un pays qui, comme le nôtre, a copieusement "laissé filer les déficits"depuis prés de 40 ans, on se doute bien que quelques petites mesures prises ça et là vont pas le faire.

Il va falloir du lourd, voire du brutal, pour corriger tout ça. Seulement voila, on est en pleine bourre sur la campagne des présidentielles, alors on tourne la tête négligemment, on sifflote, on se distrait comme on peut, on pense à autre chose, chaque jour qui passe est un jour de gagné, Peut-être que personne va poser de question, qu'on va pas faire le rapprochement...

Et voila que, patatras, y a ces c.. de la presse étrangère, à qui on demandait rien, qui viennent semer la zizanie. Non mais, de quoi je me mêle ? Reste qu'il faut cracher la pilule, dévoiler le poteau rose... et que la plaisanterie va nous couter dans les 115 milliards d'euros par an.

Les impots, on connait. Je dirais même qu'on est habitués depuis le temps. Mais là, on touchait déja le fond et ils veulent nous en coller pour 40 milliards de plus et comme ça suffit pas, ils nous préviennent (gentiment) qu'on va devoir faire 75 milliards d'éconocroques parce que, sans ça, on va être tricards du coté de Bruxelles.

Le pire est encore à venir, car, même à ce prix là, on va pas en sortir. 75 milliards en moins dans le système actuel, déja à la ramasse, ça va pas nous aider, question croissance. Or, on nous bonit la croissance (oui, celle qu'il voulait chercher avec les dents, notre Nicolas national...) comme devant être le remède miracle, celui qui guérit tout en 2 coups les gros...On voit que, somme toute, les choses sont simples ; d'un coté, on austérise à tour de bras, histoire de pas banquer la prune que les Bruxellois veulent nous coller sur le pare-brise,(ce qui augmenterait encore le déficit) et de l'autre, on nous vend de la croissance au mètre étalon.

Je crois que là, on fait dans le cornélien. C'est fromage ou dessert, mais pas les 2. Si on veut de la croissance, faut ouvrir les vannes à pognon et laisser le grisbi mouiller la terre pour que le PIB repousse bien, ou alors, si on veut réduire la toile, faut aller vers la disette.

Seulement, la disette, y parait que ça fait "boule de neige" et que ça se termine au sirtakis, parce que, comme disait l'autre : "plus qu'on nous donne moins de pognon et moins qu'on en dépense plus..."

Dans le temps, y avait une pub à la télé qui nous disait : "en France, on a pas de pétrole, mais on a des idées" et maintenant, y vont bien nous dire que "chez nous, y a plus d'oseille, mais on a des génies..."



8 réactions


  • misled mankind misled mankind 7 avril 2012 11:42

    Entièrement d’accord.
    Austérité ou non, c’est là tout l’enjeu de cette présidentielle.

    Le MES représente une (énième) trahison de la part du ps envers le peuple.

    Leur « changement » il va faire mal au c** de beaucoup...


  • Scual 7 avril 2012 12:15

    « en France, on a pas de pétrole, mais on a des idées »

    La France n’a pas d’ennemis, mais elle a son oligarchie.


  • paul 7 avril 2012 13:55

    Bien résumé tout ça . Si par défaut, il faut se résoudre à voter Hollandréou, on sait déjà qu’il faudra adopter son régime minceur, même ceux qui n’en ont pas besoin !


  • André-Jacques Holbecq André-Jacques Holbecq 7 avril 2012 14:56

    En fait il n’y a qu’une seule solution, c’est de dénoncer l’article 123 du Traité de Lisbonne qui interdit à la Banque Centrale de financer le Trésor Public.
    Mais, conséquence induite, il faudra faire évoluer l’euro monnaie unique, vers un euro monnaie commune avec un retour à la monnaie nationale.

    Il faut que la Banque de France puisse monétiser chaque année 100 md€ (5% du PIB) pour a) payer les intérêts de la dette, b) rembourser une partie du capital afin de ne plus être sous le joug des marchés, c) lancer un plan de transition écologique et énergétique tel que proposé par la FNH

    Si nous ne pouvons faire cela, nous allons vite rejoindre la Grèce et l’Espagne avec ses 25% de chômeurs...


  • sdzdz 7 avril 2012 17:56

    Il y a plusieurs dimensions non abordées :

    -le transfert de compétences de l’Etat aux collectivités locales, ce qui peut permettre d’atteindre le fameux équilibre rapidement, au moins au niveau National 1qui sert de cible principale aux investisseurs étrangers : on pense en verticalité plutôt que sur la seule horizontalité Dépenses/Recettes, même s’il s’agit d’une « patate chaude » refilée aux élus locaux... Mais à la guerre...
    -la refonte de la fiscalité avec hausse des prélèvements obligatoires, lutte contre l’évasion fiscale. Bon nombre de paravents doivent sauter dans tous les domaines, qui dissimulent des rentes de situation.
    -l’élargissement du champ de vision à la francophonie, pour une « monétisation » de notre dette publique sur projets francophones, en fait par l’usage de monnaies de substitution.
    -sortie de l’UE et de l’euro
    -restructurer la dette, en dénoncer une partie après audit le cas échéant

    A AJ Holbecq, dommage que Hulot et autres écologistes n’aient pas mentionné la nécessité absolue pour un pays à disposer de l’arme monétaire. Son pacte écologique était intéressant, mais avec une grille de lecture trop monolithique ce qui en affaiblissait le propos.

    En fait la France est un pays qui peut s’en sortir mais en changeant rapidement de grille de lecture pour une autre souverainiste où la géostratégie prend toute sa place.


    • André-Jacques Holbecq André-Jacques Holbecq 8 avril 2012 08:42

      En fait, votre critique est un peu dure. Voici un extrait du rapport « financer l’avenir sans creuser la dette » de la FNH

      //

      Redonner à l’Etat son autonomie financière pour mener une politique d’investissement de grande ampleur

      Afin de redonner aux Etats les moyens d’investir dans le sens de l’intérêt général, la Fondation Nicolas Hulot propose d’adopter des méthodes non conventionnelles semblables à celles utilisées pour sauver le système financier. Pour cela, il faut revenir sur le carcan monétaire que les Etats se sont imposés, mettre à bas les dogmes et changer de modèle. Aujourd’hui, la politique monétaire est une affaire de techniciens dont l’objectif principal est la lutte contre l’inflation. La Banque Centrale Européenne est sortie de ce carcan pour sauver les banques puis la Grèce, mais il s’agissait de décisions d’opportunité justifiées par un contexte d’exception. Il faut, maintenant, aller plus loin afin que les Etats européens retrouvent les prérogatives monétaires qu’ils ont progressivement abandonnées depuis 30 ans.

      En pratique, il s’agit donc de redonner aux Etats la possibilité de faire ce que font les banques privés : emprunter à taux zéro à la banque centrale. En langage commun, cela pourrait être interprété comme un retour de planche à billets ce qui suscite une opposition épidermique, et pour le moins dogmatique, alors que le salut de notre société passe vraisemblablement par ce chemin. La monétisation par l’Etat signifie que la politique monétaire redevient un instrument de politique économique à part entière. Elle donne une plus grande autonomie aux Etats qui, de nouveau, peuvent dégager des marges de manœuvre financières en battant monnaie.//


      Ce rapport a été écrit en 2010 et début 2011 : je pense que s’il était écrit maintenant il ferait une part plus belle à l’idée de la monnaie commune


    • cliquet 8 avril 2012 10:16

      Je n’ai pas abordé (volontairement) la question du monétarisme, bien qu’elle soit fondamentale, parce que je compte proposer un petit article dessus d’ici quelques jours. Elle seule permet (à mon sens) d’analyser comment les théories économiques de Milton Friedman, omniprésent dans les processus économiques actuels, ont conduit la majorité de la zone euro dans cet état de mort économique.
      En ce qui concerne le transfert vers les collectivités locales, j’ai pu constater, en tant qu’ancien élu local, que celui-ci s’était considérablement accru depuis 2 décennies, souvent d’une façon dissimulée ou on invoquait un transfert de compétences , subventionné au départ, mais d’une façon « dégressive »
      Le montant des impots locaux est lui-même devenu préoccupant pour cette raison...


  • soubise 10 avril 2012 15:54

    Il est sur que dénoncer voir abolir l’article 123 serait une très bonne chose.
    C’est le pied qui nous maintiendra sous l’eau pendant la noyade...

    lire cet article qui nous démontre une dernière trahison du nabot avant son départ, un dernier cadeau aux investisseurs.


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