mardi 9 août 2011 - par Olivier CHAZOULE

Avis de gros temps, forcissant à tempête, sur les marchés financiers internationaux

Rétrogradation du rating de la dette américaine par l’agence de rating Standards & Poors le 5 août de Triple A à AA+, mettant fin à 70 ans de confiance incontestée dans le dollar ; convocation d’urgence du G7 décidée le 6 ; effondrement réel ou clamé des dettes grecque, portugaise, irlandaise, espagnole, italienne… et américaine, toutes culminant dans la même semaine ; crise de l’Eurogroupe ; nouvelle mise en cause de l’existence même de l’Euro ; critique inédite par Jean-Claude Trichet gouverneur de la Banque Centrale Européenne de la situation économique américaine qualifiée clairement de nettement moins bonne que celle de l’Union Européenne ; riposte immédiate, indignée et coordonnée de Wall Street et des medias financiers américains vilipendant Jean-Claude Trichet et une Europe à genoux qui n’a de leçons à donner à personne… il y a là tous les ingrédients de la réalisation d’un film financier catastrophe sur le modèle de la Tour Infernale, du Jour d’Après-demain, ou d’Independence Day. On pense aussi au Jour le Plus Long, pourquoi pas à une futur Wall Street Brûle-t-elle ?

Peut-être cette fois ne s'agit-il pas d’une fiction mais du possible scenario apocalyptique souvent redouté par les financiers et les économistes du monde entier : une incertitude économique et financière internationale généralisée et durable. Une volatilité extrême.

On croyait en avoir fini avec la crise des subprimes, l’effondrement de Lehman Brothers et celui d’AIG. On pensait les attaques structurelles contre l’Euro devoir appartenir au passé d’une année 2010 tourmentée. On imaginait bien que le Congrès et le Président des Etats-Unis allaient finir par remonter le plafond de la dette US comme ils l’avaient fait 60 ou 70 fois depuis cinquante ans, sans pourtant croire à l’inévitabilité du psychodrame qui s’est déroulé pendant de longues semaines sous nos yeux pour culminer dans un accord de dernière minute au soir du 31 juillet dernier.

L’accélération dans l’enchainement des causes et des conséquences a stupéfait les places financières.

Jeudi dernier a vu l’effondrement des bourses asiatiques, européennes et américaine, pour plus de 4%, cumulant une perte de valeur supérieure à 10% en moins de deux semaines de cotations.

La Banque Centrale Européenne s’est réunie d’urgence ce dimanche, une réaction inédite pour une banque centrale ; une réaction qui d’ailleurs adresse un signal mixte : s’agit-il d’une réunion visant à apaiser les marchés ou bien d’une réunion de nature à accroitre l’inquiétude générale ?

Du côté des pays subissant et participant à la panique, on notera entre autres et avec intérêt les Allemands et le gouvernement de Berlin qui doutent de l’efficacité financière des Italiens et de leur capacité à effectuer les reformes structurelles nécessaires à rétablir la confiance. 

C’est assez regrettable car ce sont les Euros allemands qui sont censés fournir les Euros italiens qui font défaut au Trésor italien. Rome n’est plus dans Rome. Berlin non plus.  

A propos de Rome d’ailleurs : la Maison Blanche ne décolère pas des audaces de Standards & Poors et poursuit l’agence de rating de sa colère médiatique et politique ; et elle le fait savoir. Ce qui crée un précédent. Il est courant que les mal notés soient mecontents. Ils l’est moins qu’ils manifestent publiquement leur désaccord et réclament une révision de la note.

C’est le Japon qui vient au secours de Bons du Trésor américains en déclarant dimanche matin que les Treasury Bonds sont encore très attractifs. La raison de cet engouement déclaré : les Japonais sont après les Chinois les plus grands détenteurs de Bons du Trésor américains. Critiquer la valeur de ces Bons du Trésor serait dévaluer de facto leurs propres avoirs.

Finalement donc, c’est en louant les titres des autres qu’on préserve ses économies à soi.

La valeur financière des instruments financiers internationaux jusqu’ici les plus liquides se mesure désormais à l’intérêt direct de leurs détenteurs. Cela n’est pas sans rappeler les agences de rating critiquées par le Congrès des Etats-Unis en 2008 pour leur participation à l’inflation artificielle de la valeur et de la notation afférente des Mortgage Backed Securities, les fameux instruments financiers mêlant les subprimes aux prêts immobiliers solides pour les vendre astucieusement en triple A au monde entier. Avec les résultats qu’on connaît.

A ce jour et à l’heure qu’il est personne ne peut sérieusement prédire ce qui va se passer. L’histoire d’un nouveau monde économique et financier est en train de s’écrire sous nos yeux. Rien de moins.

L’agence de presse Thomson Reuters le disait aimablement il y a quelques heures : Wall Street a pressé cette semaine le Panic Buton – littéralement le Bouton de la Panique – et a survécu.

Qu’en sera-t-il cette semaine ?



13 réactions


  • alphapolaris alphapolaris 9 août 2011 13:57

    La chaine de ponzi américaine vient de se heurter à un plafond de verre. Qui pouvait croire que payer les anciens prêteurs avec l’argent des nouveaux allait marcher indéfiniment ?

    Le dernier chapitre des accords de Bretton Woods vient de commencer, et finalement, c’est peut être tant mieux. Cette crise est un mal nécessaire permettant de passer à un nouveau système un peu plus cartésien. Du moins, on peut l’espérer.


  • BA 9 août 2011 14:39
    Dépêche Reuters :

    Les rendements des emprunts italiens et espagnols sont en repli mardi en matinée, les investisseurs s’attendant à de nouveaux rachats de la part de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que la France et la Belgique pourraient à leur tour être sous pression.

    « Nous n’avons pas encore vu de rachats de la BCE, mais on s’attend à ce qu’elle s’implique à nouveau, et dans des volumes importants », explique un trader.

    La BCE a élargi lundi son programme de rachat à l’Italie et l’Espagne, troisième et quatrième économies de la zone euro, intervenant de façon importante sur les marchés obligataires.

    Mardi, le rendement du papier italien à 10 ans reculait de 19,7 points de base (pdb) en matinée, à 5,134%, tandis que son homologue espagnol se détendait de 16,3 pdb à 5,05%.

    Le marché obligataire pourrait tester la détermination de la zone euro à affronter la crise de la dette en mettant sous pression d’autres pays en délicatesse avec leurs finances.

    « En fin de compte, l’Italie et l’Espagne sont sorties du jeu, donc nous allons regarder ensuite du côté de la Belgique et de la France - des pays qui sont sans protection », prévient un autre trader.

    Le rendement des obligations françaises à 10 ans grimpait de 7,5 pdb sur la séance à 3,22 %, soit la plus mauvaise performance parmi les pays de la zone euro.

    (Dépêche Reuters)

    Alerte !

    La France et la Belgique sont attaquées !

    Alerte !


  • lesdiguières lesdiguières 9 août 2011 15:16

    Et pour ne pas perdre complètement le moral :

    Haro sur les bourses ;

    http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre36868.html

    Merci


  • reprendrelamain reprendrelamain 9 août 2011 16:20

    « On croyait en avoir fini … »

       Vous parlez au nom de qui ?  A part vous et vos semblables (Avocat spécialisé, professeur de droit, consultant, analystes, experts etc.) personne ne croyait en avoir fini avec le chômage, les discriminations, la misère, la galère. Oh mais pardon on ne parle pas du même monde, vos rêves de spéculateur et ceux de vos clients s’envolent, sachez que pour les  besogneux, ceux qui ne sont vivants que pour consommer et qui font votre richesse depuis la nuit des temps, risquent de moins le faire et se rendront vite compte que même au RSA ils ont le pouvoir de vous ruiner irrémédiablement...


  • Olivier CHAZOULE Olivier CHAZOULE 10 août 2011 16:07

    @ reprendrelamain

    Si, merci de vos contributions


  • reprendrelamain reprendrelamain 24 août 2011 15:45

    je connais la bille maintenant !

    Il ne faut pas écrire sur ce site si vous ne répondez qu’aux messages qui vous conviennent


  • efarista efarista 25 août 2011 17:10

    Gardez la foi ! l’état du Vatican va bien et il va sauvez tout le monde ! lol 

    c’est vrai que : « On croyait en avoir fini … » ....non j’ai jamais vraiment eu cette pensée là ! mais plutot : j’espère que cette fois est la bonne et qu’on va en finir de ce cloaque.


  • efarista efarista 25 août 2011 17:11

    pfffff ! sorry  : « sauver »


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