mardi 17 avril 2007 - par Laurent Bervas

Casablanca : « jouer » à la mondialisation à trois heures de Paris

La mondialisation, autrefois réservée aux grandes entreprises, connaît, grâce à la démocratisation des moyens de communication, une accélération. Aujourd’hui, avec Skype, Easyjet et autres eBay, ce sont les PME qui entrent dans la course et qui veulent, elles aussi, « jouer à la mondialisation ».

L’histoire que je vais vous raconter commence il y 1quinze ans. Un ami chef d’entreprise, installé à Paris, avait choisi de « délocaliser » sa société à Nantes. Sa société de marketing direct employait à l’époque quatre personnes en région parisienne. Il avait peu de contact physique avec ses clients, si ce n’est au travers de salons spécialisés. Il avait envie de soleil et de s’acheter une petite maison au bord de la mer pour assurer sa retraite. Le TGV Paris / Nantes venait d’être mis en place et permettait de joindre Paris en trois heures. Il emploie aujourd’hui une dizaine de personnes et ne regrette pas son choix.

Si mon copain se trouvait aujourd’hui à Paris, il ne penserait peut-être plus à déplacer son activité à Nantes. Les prix de l’immobilier ont grimpé et trouver des ressources compétentes est aujourd’hui beaucoup moins évident.

Pour la suite de cette histoire, je voudrais vous parler d’un autre ami, Lionel. Agé de 33 ans, il a quitté Paris il y a un an et demi pour s’installer à Casablanca. Il dirige une société de vente en ligne d’articles de sport qui emploie aujourd’hui huit personnes. Ses clients sont en Europe, ses fournisseurs en Chine ou au Pakistan et l’essentiel de son personnel réside au Maroc. La raison de son installation ici est en grande partie économique.

Son activité repose essentiellement sur du travail à distance : des commerciaux travaillant au téléphone, un informaticien faisant évoluer le site wWeb et du personnel traitant les factures et le suivi des commandes.

L’informaticien perçoit un salaire net de 8 000 dh (1), les commerciaux 4 000 dh (plus intéressement) et le personnel traitant les commandes 3 500 dh. Il a gardé un infographiste en France. Il réalise une économie de 6 000 à 8 000 euros net par mois en charge de personnel, soit pratiquement 80 000 euros net par ans, l’équivalent de son bénéfice.

Il me confiait qu’au-delà de l’économie de salaire, il avait du mal à trouver du personnel stable en France. Le travail de back-office étant répétitif, le turnover était fréquent et rendait périlleuse son activité. Il est content d’être ici car il vit bien. Pour le loyer d’un studio à Paris il occupe un appartement trois fois plus grand avec terrasse. Il compte acheter une villa l’année prochaine, ce qu’il n’aurait jamais pu faire en France.

Certains pourraient se dire que Lionel est égoïste (2), qu’il manque de civisme mais à sa place que feriez-vous ?

(1) 11 dh = 1 euro / Smic marocain = 1800 dh
(2) Relire "Johnny, l’arbre qui cache la forêt"



12 réactions


  • (---.---.124.129) 17 avril 2007 12:30

    « Il me confiait qu’au-delà de l’économie de salaire, il avait du mal à trouver du personnel stable en France. »

    ==> il faudrait développer le « stable », et dire pourquoi il a du mal à garder son personnel. Maintenant, pour ma part, je pense qu’au-delà de l’économie de salaire, il n’y a rien d’autre. Ah si peut-être le soleil.

    Autre chose : jouer à la mondialisation c’est bien, mais il ne faut pas oublier qu’à ce petit jeu là il y a beaucoup de perdants, qui eux, ne « s’amusent » pas !!!

    Et pour reprendre le commentaire précédent : s’il se fait soigner au Maroc, se fait-il rembourser ses soins par la sécurité Sociale Française ? Quel est sont statut ?


  • Patrick (---.---.87.218) 17 avril 2007 12:36

    Hypocrisie, Mauvaise foi et Jalousie devraient être inscrite au dessus des frontons de nos mairies tellement nous détestons la réussite des autres.


  • tvargentine.com lerma 17 avril 2007 13:51

    J’ai postulé à un poste d’informaticien au groupe de distribution ATAC et j’ai eu la surprise d’apprendre que la production informatique du week-end était délocalisée au Maroc !

    C’est bien pour les Marocains,mais c’est des emplois en moins en France !

    Depuis,je ne fais plus mes courses chez ATAC smiley

    Cette manière qu’on des groupes de distributions en France à délocaliser leur production informatique et pour faire un maximum de profits sans véritablement aucunes redistributions ,alors qu’il existe en France beaucoup de tres petites entreprises prêtes à faire des efforts pour obtenir des contrats de services auprès de ces groupes de distributions.

    Que de mépris pour ces tres petites enteprises


  • ali (---.---.88.20) 17 avril 2007 13:56

    chér léon, je vous informe que les études supérieurs au maroc dont vous croyez à niveau faible. je vous informe qye je suis marocain ayant eu ma maitrise au maroc et j’ai fait directement un DEA en France et maintenant je prépare un doctorat. et dans ma promotion il y a un autre marocain qui était majeur de promotion obligeant la faculté à lui verser l’allocation de recherche. et ce n’est certainement pas un cas isolé car pour d’amis sont dans la meme situation. ce que malheuresement n’arrive pas à faire des etudiants des zep pourtant ayant fait tout leurs cursus en france. mais je vous rassure tous ces étudiants décrochent leurs diplomes et partent au maroc ou au canada. mesieurs sortez de vos clichés le monde est entrain de changer.


    • olivier 18 avril 2007 09:18

      Je ne vois pas un instant Léon a prétendu que les etudes etait de faible niveau. Il ne l’est surement pas d’ailleurs.

      Il demande simplement si les Francais qui vont s’installer en Francais reviennent se faire soigner en France où bien si ils envoient leurs enfants dans les universités marocaines. Pourquoi répondre à coté si ce n’est parce que vous avez peur de la reponse ?


  • idriss 17 avril 2007 22:41

    Je vais vous dire pourquoi, vous savez au maroc, la grande majorité des entreprises privées préférent les diplômés des écoles etrangéres que local malgrés que le niveau et le même, biensûr il y a des universités préstigieuses au Maroc, mais faut être doué pour y entrer, en plus les étudiants marocains préfére la France car c’est plus facile d’y aller qu’ailleur et c’est facile aussi de décrocher une inscription qu’au Maroc( et par amour de la France aussi pour certains ).

    Donc le niveau(théoriques) d’études est plus ou moins pareil, mais les universités en France sont plus favorisé par rapport aux marocaines.

    Et perso dans mon domaine(informatique) c’est l’autodidacte qui marche le plus même en pôle nord, faut juste avoir une connexion internet ^-^


  • Manale 19 avril 2007 13:03

    On pourrait éventuellement parler de « paupérisation » si les salaires énoncés étaient pratiqués en France (et encore... le débat est reste ouvert)

    Mais la démarche de délocalisation génère de la création d’emplois qui au delà de l’intérêt financier (qui reste non négligeable, le niveau des dépenses étant moins élévé que dans les sphères occidentales), il faut également relever des opportunités professionnelles qui s’offrent aux marocains induisant mécaniquement un phénomène de transfert de compétences qui a été bridé pendant des années.

    Arrêtez de diaboliser la mondialisation, et pensez plutôt à la réorganisation des moyens de production puisque le monde évolue qu’on le veuille ou pas.

    Moi aussi, je comprends pourquoi le soleil marocain est intéressant. A la place de Lionel, je ferai la même chose


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