mercredi 16 septembre 2009 - par Galuel

Changement des règles !

Une mesure majeure de changement du système monétaire est en cours, et concerne la création monétaire effectuée par le crédit, en imposant aux Banques un levier bien inférieur à ce qu’il est aujourd’hui (aujourd’hui de 15 à 50 fois les fonds propres selon les magouilles diverses), du genre de 4, voire de 1,2, ou pourquoi pas de 100% : je ne prête pas plus que le total de ma garantie, ce qui semble le minimum « réglo » quand on voit les catastrophes régulières que ce système impose à toutes les économies depuis 400 ans...

Je suis - un peu - circonspect sur la réforme sur les fonds propres des Banques... En effet comment assurer alors 5% d’augmentation de la masse monétaire par an, afin d’accompagner la création de valeur (et qu’on arrête de me dire qu’il faut mesurer d’abord la création de valeur pour créer de la monnaie, ce qui n’a aucun sens puisque c’est l’inverse, c’est la quantité de monnaie, sa répartition, et sa circulation, qui permettent de mesurer la valeur créée ... en unité monétaire !) ?

Imaginons un monde où il faut 100% de fonds propres = M pour prêter (créer donc) M en monnaie à 7% d’intérêts pour faire simple.




La Banque gagne donc 7%, sur quoi elle prend forcément 2% et pas plus pour se payer, parce qu’elle doit "stocker" les 5% gagnés dans ses fonds propres justement, pour pouvoir prêter 5% de plus l’année suivante, et assurer donc une croissance de 5% / an de la masse monétaire, qui est en fait un encours global de dettes à l’échelle de la société.


On voit bien que ça devient très difficile à moins de considérer que des crédits à 10% deviennent monnaie courante, ce qui semble très difficile à avaler...

Je ne vois donc pas comment on pourrait se passer d’une création Centrale de monnaie, par le Dividende Monétaire, quitte à faire par exemple 2,5% / an en Dividende Monétaire versé à tous les citoyens en parts parfaitement équitable, et demander aux Banques de faire 2,5% / an d’augmentation de leurs en-cours de crédits, avec une règle à 100% de fonds propres.

Ainsi 2,5% de création centrale et démocratiquement distribuée + 2,5% de crédits = 5%, ça marche.

Bien sûr le ratio de création monétaire pourrait être supérieur pour les Banques (il l’est déjà infiniment plus...), mais dès qu’il est supérieur à 1, comme nous l’avons déjà démontré simplement, alors le système devient intrinsèquement instable au profit des Banques, et on échappe pas aux cycles, et à la crise systémique finale.

Si par exemple on dit que le ratio de création monétaire R est de 2, alors pour M de fonds propres la Banque (comprendre l’ensemble du système Bancaire) édite 2M de crédits à disons 5%, ce qui lui permet de gagner 10%, stocke 2,5% dans ses fonds propres, pour assurer 2 x 2,5% = 5% d’encours supplémentaires l’année suivante, et gagne ... 10% - 2,5% = 7,5%, soit plus que la croissance globale de la monnaie (5% / an), et donc dès que R > 1, le système bancaire tout en donnant l’impression de fournir en monnaie l’économie, accapare mécaniquement globalement plus que l’ensemble de la valeur créée chaque année.

J’ai bien peur que malgré les bonnes intentions, tant qu’une majorité de la population n’aura pas compris ce qu’est la monnaie et comment elle fonctionne, le système ne converge que très lentement et contre son gré vers son domaine de stabilité qui est R < 1. Goldman Sachs et la BNP ne seront pas d’accord, et pourtant nous sommes infiniment plus nombreux et puissants qu’eux, sauf qu’ils savent, et que nous, globalement, on ne sait pas.

Et pourquoi on ne sait pas ?

Un ami animateur de SEL (système d’échanges locaux), a fait une présentation sur "les 10 avantages d’êtres Banquier" à l’Université de Pau, et à la fin de sa conférence on vient le voir pour lui dire "c’est très intéressant, je suis professeur d’économie, je n’ai jamais enseigné la création monétaire...".

So long...
 


12 réactions


  • Cercle des économistes citoyens 16 septembre 2009 11:14

    Bonjour

    Pour ceux qui veulent comprendre ce qu’est la monnaie, qui la crée et comment fonctionne le système bancaire, nous nous permettons de citer l’adresse du site « dette et monnaie » sur http://monnaie.wikispaces.com

    Nous sommes, pour notre part, partisans d’une création monétaire réservée uniquement à la Banque Centrale et non plus comme ca l’est actuellement pour 93% de la monnaie par une « monnaie de crédit » des banques commerciales. Les banques deviendraient ipso facto des intermédiaires entre les épargnants ou la banque centrale et toute la monnaie deviendrait « fiduciaire » (qu’elle soit manuelle ou scripturale)


  • zelectron zelectron 16 septembre 2009 12:08

    Le point de vue de Michel Santi serait le bienvenu ici.


  • taktak 16 septembre 2009 13:01

    Belle démonstration de l’impact de la privatisation de la création monétaire...
    Au fond, votre propos me semble plaider pour que la monnaie soit directement maitrisé par les états à travers des banques centrales, et que le service de banque commerciale soit lui aussi maitrisé par l’état.

    Outre le bénéfice du contrôle du rapport valeur produite/augmentation monétaire, ce système permet aussi de maitriser les priorités d’investissements selon une échelle de critères établis politiquement...


    • Galuel Galuel 16 septembre 2009 14:08

      Pas tout à fait... Je n’ai aucune confiance particulière dans l’Etat. Je plaide plutôt pour que la création monétaire soit assurée à 50% par le Revenu Universel (ou dividende monétaire) ce qui pour quelques % / an correspond à 100 ou 200 euros / mois par citoyen en Europe, et à 50% par l’augmentation de l’encours de crédit avec 100% de fonds propres par le système bancaire.

      L’Etat lui n’a pour rôle que de s’assurer que tout marche bien, et pour se financer a le droit à l’impôt ce qui est déjà trop.


  • perlseb 16 septembre 2009 22:01

    J’ai du mal a comprendre les économistes qui expliquent qu’il doit y avoir un lien entre la masse monétaire et l’ensemble des valeurs créées : ne sortent-ils jamais de chez eux pour constater que certains prix baissent (matériel électronique ou autre) pendant que d’autres augmentent ?

    Comme les prix ne sont plus stables depuis bien longtemps, la quantité de la masse monétaire n’a strictement aucun intérêt (elle pourrait très bien être constante, les prix s’ajusteraient eux-mêmes, comme ils le font d’ailleurs aujourd’hui avec une masse monétaire variable). Le seul intérêt, c’est de créer de l’inflation artificiellement.

    Et là je suis d’accord : l’inflation permet en effet de taxer des gens qui perdent de la valeur en leur montrant qu’ils gagnent de l’argent. C’est en effet une belle astuce de gouvernements, l’augmentation de la masse monétaire.

    Economiquement, ce qui compte, c’est plutôt la répartition de cette masse monétaire entre les différentes classes d’individus, pas son montant total. L’étude de la répartition permet d’expliquer pourquoi, quand les riches concentrent une part de plus en plus grande de cette masse monétaire, la société de consommation se grippe.


    • Le péripate Le péripate 16 septembre 2009 22:28

      Vous êtes sur le bon chemin.


    • Galuel Galuel 17 septembre 2009 05:42

      Exact, la répartition, fait qu’a masse monétaire constante, l’intérêt, permet la concentration de plus en plus grande de la monnaie, asséchant l’ensemble de l’économie.

      Il y a alors deux façons de rendre « liquide » l’économie : 1) J’essaie de prendre l’argent là où il se concentre pour le redonner ensuite, l’expérience montre que ça ne marche pas. L’argent fuit, la spoliation crée des retours de bâtons puissants, et l’Etat ne redistribue pas ce qu’il prend, il le garde pour lui pensant l’utiliser à bon escient par lui même.

      2) Je crée de la monnaie qui accompagne la création de richesses, à un taux faible, faiblement inflationniste (5% environ), que je distribue à tous les citoyens en parts strictement égales. Ainsi je rends « liquide » l’économie. De fait en augmentant GLOBALEMENT la masse de 5%, je rends la concentration monétaire moins intéressante, les grosses concentrations perdant mécaniquement 5% de valeur / an. Alors que la distribution citoyenne du Dividende Monétaire en parts égales, favorisent ceux qui n’ont rien. Pourquoi ? Parce que l’ajustement des prix se fait toujours APRES les achats, c’est l’acte d’achat qui fait monter les prix. Donc l’ensemble de l’acte d’achat de 350 Millions de citoyens touchant GLOBALEMENT 5%, fera monter les prix APRES qu’ils aient acheté.

      3) Je crée de la monnaie par le crédit uniquement AUX GROS CAPITAUX (on ne prête qu’aux riches qui ont la « garantie ») => L’inflation de la masse monétaire se fait aux mains de ceux qui ont déjà la concentration monétaire maximisée. Ils attendent avant d’acheter ou d’investir que les prix soient au plus bas. Cette méthode (le système actuel) crée de l’inflation concentrationnaire qui n’aide en rien la répartition de la monnaie, et oriente les choix économique de la société selon le bon vouloir de ceux qui détiennent le plus de capitaux, et sont les seuls à décider de la CREATION MONETAIRE.

      Conclusion => L’inflation modérée par le dividende monétaire, est la SEULE FACON de permettre d’éviter la CONCENTRATION MONETAIRE, la MEILLEURE REPARTITION DE LA CREATION MONETAIRE, et L’ASSURANCE QUE LA MASSE MONETAIRE ACCOMPAGNE LA VALEUR CREEE.

      Exemple : voyez le problème des producteurs de Lait pour savoir si la baisse des prix est tenable sur le long terme en évitant des faillites en cascade...

      Le système de création monétaire exclusivement réservé au crédit est un système INSTABLE, INTRINSEQUEMENT CYCLIQUE, et mène inévitablement à la CONCENTRATION MONETAIRE.


    • perlseb 17 septembre 2009 13:04

      Merci pour ces éclaircissements.

      Je pense toutefois qu’il faudra bien s’attaquer à votre point 1 (ponctionner les riches pour redistribuer) d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce que pour rétablir la démocratie : mais il faudrait une attitude presque suicidaire de la part des élus médiatiquement, et ce n’est pas pour demain.


  • Internaute Internaute 17 septembre 2009 09:09

    Des taux largement supérieurs à 10% (40% et plus) sont courants dans les pays aux inflations fortes comme le Vénézuléa, l’Argentine etc. En France il était autour de 12% dans les années 80 pour l’immobilier.

    Votre système est bon mais il doit être complété par une refonte des règles régissant le patrimoine et l’actionnariat. En effet, les entreprises devraient se financer par les augmentations de capital qui sont bien plus productives qu’un prêt bancaire mais la législation socialiste en ce domaine est contre-productive. Il faut supprimer complètement l’impôt sur les sociétés, sur les plus value d’une PREMIERE revente et sur les successions. En contepartie on taxera sans parachute fiscal les revenus. AInsi les vrais entrepreneurs qui font avancer l’économie pourront profiter sans honte de leurs gains, les entreprises trouveront un financement plus souple et moins couteux que de passer par une banque et les riches paieront pour les pauvres.

    En France on en est arrivé à taxer le capital au lieu de favoriser son accumulation et de taxer les revenus. Au bout du compte tout le monde est plus pauvre et ceux qui peuvent produire sont dissuadés de le faire.


  • Galuel Galuel 17 septembre 2009 09:42

    Sans doute, mais attention, le système de création monétaire, le système monétaire, est premier par rapport au système politique et fiscal, c’est un problème différent et indépendant.

    Une fois fixé le système monétaire, le système politique en dépend. Ainsi si c’est chaque citoyen qui possède 2,5% / an de l’augmentation de la masse monétaire, contre 2,5% au crédit, l’Etat ne peut plus tricher, le poids réel des taxes devient totalement visible.

    Tout ceci étant dit, ce que je propose est déjà dans les faits plus ou moins actif, car 2,5% de création monétaire dédié à l’individu - citoyen - actionnaire de son propre Etat, (on peut justifier aussi cette création monétaire par quantité d’autres faits), correspond en Europe en 2009, étant donnée la masse monétaire existante à, à peu près 200 - 300 euros / mois, alors que le RSA est à 450... Mais quand vous travaillez le RSA diminue, jusqu’à disparaître passé un seuil. Ce qui fait d’ailleurs, que l’incitation à gagner plus bien que plus importante qu’avec le RMI, reste peu intéressante.

    Aujourd’hui si vous ne travaillez pas, avec le RSA + les Allocations Logement + les aides diverses vous cumulez peu ou prou 900 euros / Mois, couverture sociale en plus, alors que le SMIC vous permet de gagner 1000 euros / mois. Pourquoi travailler ? Je me le demande...

    Il faut attendre aujourd’hui que l’Euro soit compétitif à l’internationnal, aujourd’hui il ne l’est pas, avec 900 euros / mois sans travailler vous gagnez 15 fois plus qu’un salarié chinois au minimum. Il n’est donc pas nécessaire de travailler, il suffit d’acheter Chinois, et d’attendre.


  • taktak 17 septembre 2009 14:05

    Votre raisonnement assez rationnel dans l’article devient très idéologique avec ce « je n’ai pas confiance dans l’état » péremptoire.
    Car moi je n’ai pas confiance dans les banquiers et les investisseurs !

    Non ! Les grands enjeux de développement, technologique (nouvelles sources d’énergies...) et social (santé, loisir....) nécessite au contraire que l’état est la main sur la monnaie et la capacité d’investissement pour pouvoir trancher de manière Démocratique et donc Politique (et non du stricte point de vue d’une rentabilité court termiste et mono critère) les priorités.

    Votre biais idéologique réapparait avec votre charge contre l’assistanat &cie. Le RSA permet de faire financer par l’ensemble des salariés un salarié qui travaille pour moins que le smic ! Et je n’ose croire qu’après un article explicant que la maitrise de la capacité de création de monaie, sous seule reserve d’un capital suffisant, permet d’exproprié le reste de la population, vous ne soyez pas convaincu d’une nécessaire forme de redistribution.

    Il me semble que beaucoup de commentateurs oublie que le but premier de l’économie est de servir l’homme, pas de créer le maximum de valeur au profit de quelques’un et ne permettant donc pas de satisfaire les besoins de la population


  • Galuel Galuel 17 septembre 2009 14:12

    Non non, pas l’Etat, pas les Banques, non plus. Pour le RSA je ne le charge pas, il va dans la bonne direction, je dis simplement qu’il n’est pas utile de se casser la tête actuellement, il vaut mieux ne rien faire et attendre. Ce n’est pas une critique, c’est un constat objectif, c’est ce que je conseille à ceux qui peuvent vivre du RSA actuellement (par exemple ceux qui sont propriétaires et n’ont que peu de frais fixes, d’attendre patiemment, que les équilibres reviennent.

    Je suis certain que vous comprendrez mieux ma proposition quand vous aurez lu ceci : http://creationmonetaire.blogspot.com/2009/09/dividende-monetaire-exemple.html


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