mardi 12 octobre 2010 - par Olivier CHAZOULE

Chaos financier

- Chérie, qu’est-ce qu’on fait ce soir ?
- Si on détruisait l’Euro ?
 
- Et demain ?
- On s’attaque au Dollar
- Excellent !
 
On pourrait rire de ce dialogue sinistre. Mais c’est ce qui s’est passé la semaine dernière sur les marchés financiers internationaux
 
La première étape (Wall Street Journal) a été une attaque massive contre les réserves financières de l’Irlande et l’allégation selon laquelle elle entrait dans une nouvelle phase d’insolvabilité. Le fondement de cette rumeur était tout simplement une rumeur. De la même façon que l’on spécule sur la spéculation, on spécule ici sur une rumeur issue d’une rumeur issue d’une rumeur.
Dublin a dû lutter contre cette spéculation en publiant ses chiffres officiels qui énoncent que le coût nécessaire à la remise en bonne santé de ses banques pourrait atteindre le niveau de 68 milliards de dollars ; ceci conduirait le déficit de l’Irlande à atteindre 32% de son PIB.
Curieusement la pression sur l’Irlande n’est pas venue d’Asie ou d’outre Atlantique, mais des 15 autres pays de l’Eurogroupe, effrayés que l’on puisse les assimiler à un pays en telle détresse. Cela revient à dire que les pires ennemis de l’Europe sont devenus les Européens eux-mêmes.
 
Le second mouvement erratique qui s’en est suivi a été l’apparition de l’Union Européenne et de l’Eurogroupe sur le théâtre de la régulation financière européenne. L’idée est la suivante : pour se démarquer des pays faibles de l’Eurogroupe, Grèce, Portugal, Irlande et éventuellement UK, l’Eurogroupe a décidé de mettre en place des mesures de contrôle des banques et des ratios d’endettement particulièrement serrées. L’Angleterre a emboité le pas pour signaler au monde entier qu’elle était encore une place financière de premier ordre. Le problème est que trop de régulation tue la régulation. Il est nécessaire de réduire la vitesse sur les autres routes, mais lorsque l’on réduit cette vitesse a 10km/h, plus personne ne prend l’autoroute. C’est ce qui est en train de se passer avec Basel II et Basel III qui imposent aux banques internationales et aux banques européennes notamment des contraintes d’encadrements juridiques et financiers qui avaient été conçus pour la période antérieure à la crise 2007-2008. FDR, John Maynard-Keynes, et même la SEC (1933) l’avaient bien compris. Réguler l’économie et la finance est indispensable, les étouffer c’est la mort d’un pays.
 
La troisième étape de cette semaine sympathique a été que les investisseurs internationaux se sont écartés de l’Euro pour investir dans des devises locales comme celle de la Malaisie, du Mexique, et plus généralement de l’Asie et de l’Amérique du Sud.
 
Quatrième étape : Des pays comme la Suisse dont la monnaie est le Franc Suisse, et donc ne fait pas partie de la zone Euro, a adopté des mesures de régulations draconiennes pour signaler au monde qu’elle n’était pas sujette au même danger que les autres monnaies.
Nous sommes donc dans une situation où tout le monde se méfie de tout le monde, les Anglais des Grecs, les Irlandais des Allemands, les Français des Espagnols et les Suisses de tous les autres. Si on cherche la fluidité des marchés financiers, on aura bien du mal à la trouver.
 
Cinquième étape : C’est le dollar qui a violemment été attaqué jeudi. La raison affichée de cet effondrement est que les pays du monde se méfient le plus les uns des autres. Comme le dollar est la monnaie privilégiée des échanges économiques internationaux (environ 2/3) cela en dit long sur l’état du commerce mondial et sur la puissance de la monnaie internationale dominante. Finalement on commence la semaine en attaquant l’Euro et on la termine en attaquant le Dollar. Si quelqu’un a une explication rationnelle à ces mouvement erratiques, qu’il n’hésite pas à nous écrire, et nous transmettrons aux intéressés.
 
Pour terminer sur deux notes réjouissantes, on ne peut s’empêcher de citer la banque du Japon, la FED et quelques autres qui ont joué au chat et à la souris toute la semaine en anticipant les mouvements catastrophiques des autres afin de pouvoir s’en prémunir.
L’autre nouvelle c’est l’augmentation sensible du chômage aux Etats-Unis qui a poussé même la FED à vouloir intervenir. C’est intéressant puisque jusqu’à maintenant les chiffres du chômage n’ont pas émus grand-monde sauf les 40 millions d’américains qui vivent de l’aide publique pour survivre.
 
Heureusement, dans les films les plus noirs, il y a toujours des optimistes forcenés, comme Joseph Stiglitz, Lauréat du Prix Nobel d’Economie qui a déclaré mardi dernier que les règles ultra libérales établies par la FED et la Banque Centrale Européenne précipitent le monde dans le « chaos » au lieu d’apporter à l’économie mondiale la solution à un rétablissement.
NEW YORK (Reuters) –
 
 
Olivier Chazoule
 


11 réactions


  • W.Best fonzibrain 12 octobre 2010 13:05

    et c’est l’asie, chine en tete qui récuperera la mise.


    Historiquement, c’est fabuleux ce qui est en train de se passer, le monde bascule vers l’asie , souvenons nous que jusqu’en 1800, les trois quart du commerce mondiale provenait d’asie...

    simple retour aux sources, l’europe n’est que le finistère du continent asiatique (dixit un historien dont j’ai oublié le nom)



  • epapel epapel 12 octobre 2010 13:06

    Tout le monde se méfie de tout le monde : c’est quand même un petit peu justifié, non ?

    32% de déficit budgétaire pour l’Irlande : c’est bien une situation de faillite, non ?

    L’occident est en faillite et ce n’est pas une rumeur.


  • Olivier CHAZOULE Olivier CHAZOULE 12 octobre 2010 13:47

    VOUS AVEZ COMPLETEMENT RAISON, MAIS CA N’EN RESTE PAS MOINS TRES INQUIETANT


  • Francis, agnotologue JL 12 octobre 2010 14:25

    « Cela revient à dire que les pires ennemis de l’Europe sont devenus les Européens eux-mêmes. » (Olivier Chazouille)

    Cela vous étonne ? Pas moi qui ai toujours pensé qu’elle avait été bâtie dans ce but. Merci qui ?

    « les règles ultra libérales établies par la FED et la Banque Centrale Européenne précipitent le monde dans le « chaos » au lieu d’apporter à l’économie mondiale la solution à un rétablissement. »

    Si en économie comme en politique, « une absurdité n’est pas un obstacle », viendra toujours un temps où il faudra payer. L’absurdité c’est l’impensé libéral, l’échéance c’est le chaos.


  • Triodus Triodus 12 octobre 2010 14:30

    ça m’a tout l’air de fonctionner comme un moteur à explosion cette « économie ». 

    (et la courroie de distribution est entrain de lâcher..)


  • Olivier CHAZOULE Olivier CHAZOULE 12 octobre 2010 15:27

    BIEN VU ET BIEN TRISTE !


  • Olivier CHAZOULE Olivier CHAZOULE 13 octobre 2010 04:25

    VOS DEUX ASSERTIONS SONT FAUSSES
    RELISEZ MON ARTICLE ATTENTIVEMENT


  • drlapiano 13 octobre 2010 11:04

    Moi, ce qui me laisse perplex c’est que l’auteur se présente comme
    Avocat internationnal spécialisé dans la finance ... et qu’il dit autant de conneries que le blogger moyen d’A.V. en donnant l’impression de patouiller autant que lui devant le « désordre des marchés financier ».

    Et il a des clients Olivier CHAZOULE ?
    C’est sans doute qu’ils ont pas lu AgoraVox.


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