lundi 11 juillet 2011 - par Yannick Nassol

Chiffres du chômage, quelle interprétation ?

Chaque mois, nous sommes abreuvés de nouveaux chiffres du chômage à coup de +0,3% ou –0,12%. Ont-ils un sens ? Comment sont-ils construits ? Faut-il leur accorder du crédit ?

Alors que de nombreux médias feignent de découvrir en ce moment le bilan calamiteux de Sarkozy en termes de délinquance et d'insécurité (ce qui était déjà connu depuis bien longtemps voir quelques exemples ici : l'Express, Marianne, Libération, le grand truquage (livre)), l'inefficacité de la vidéo-surveillance (alors qu'on le sait depuis un moment aussi bien au Val-Fourré, qu'au Royaume-Uni) ou le faible taux d'imposition des entreprises du CAC 40 (ce que disait déjà le JDD il y a 6 mois).

Pour ramer à contre-courant, parlons un peu des chiffres du chômage. Tous les mois, la presse ne manque pas de nous donner la tendance actuelle des chiffres du chômage, à la manière dont les présentateurs météo nous annoncent les variations de température. Le plus souvent, entend-on « +0,2% de chômage ce mois-ci » sans remise en contexte. Combien était-ce le mois précédent ? Sur quelle tendance se situe-t-on ? Mais ce n'est pas la seule critique qu'on peut faire aux chiffres du chômage.

Les chiffres du chômage

On peu parler des chiffres du chômage car il y en a plusieurs. Les chômeurs sont divisés en cinq catégories : A, B, C, D ou E selon qu'ils travaillent déjà un peu ou non, selon qu'ils recherchent activement un emploi ou sont en stage ou en formation, …

Le plus souvent les chiffres du chômage présentés sont ceux de la catégorie A (qui recherche activement un emploi et n'a aucune activité) voire ceux des A, B et C (ceux qui recherchent activement un emploi). En revanche les catégories D et E (stage, formation, maladie, contrats aidés, …) sont très rarement intégrées dans les chiffres présentés. C'est pourquoi une mesure très efficace pour faire baisser les chiffres du chômage présentés dans les médias est de recourir aux formations ou aux contrats aidés pour les chômeurs.

Les autres chiffres du chômage

Mais ce n'est pas tout. Il existe encore d'autres chiffres du chômage. Mais pour les découvrir il faut se rendre sur le site du ministère du travail de l'emploi et de la santé, dans la rubrique dédiée aux statistiques de la DARES (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques). Cela nous donne alors accès à deux statistiques différentes du nombre de chômeurs : une série corrigée et une série brute.

La série corrigée est issue de la série brute dans laquelle, comme sont nom l'indique, certaines rectifications ont été faites. Ces rectifications sont tout à fait logiques. Selon la saison, le nombre de jours ouvrables dans le mois, il y a des fluctuations dans les chiffres du chômage qui ne sont pas propres au marché de l'emploi (mais juste au fait que fin juin de nombreux étudiants sortent d'école et s'inscrivent à Pôle Emploi, par exemple). Afin d'éliminer ces biais, les chiffres bruts du chômage sont donc corrigés afin d'avoir des données qui puissent être analysées indépendamment de la saison ou du nombre de jours ouvrables.

La DARES nous explique même la façon dont sont corrigés les chiffres bruts du chômage. Et le problème de cette méthode est qu'elle se base (naturellement) sur le passé pour corriger les données actuelles. La méthodologie fait donc l'hypothèse que le futur se déroulera de toute façon de la même manière que le passé ! Ce qui est une hypothèse très forte qui est tout sauf logique (c'est en suivant le même genre de raisonnement que l'espérance de vie est calculée, ce qui ne prend pas donc en compte les problèmes à venir qu'ils soient environnementaux ou sociétaux).

Comment faire sans correction ?

On a bien vu que les corrections ont une utilité puisqu'elles servent à corriger des variations inhérentes aux saisons. Mais on peut pour autant s'en passer et se contenter des données brutes. Prenons les chiffres du chômage de la DARES, les données brutes et les données corrigées à partir du 1er janvier 2006 :

Évolution du chômage en France métropolitaine de 2006 à mai 2011

Les différentes couleurs représentent les différentes catégories de chômeurs. De bas en haut, on a les catégories A, B, C, D puis E. Les courbes crénelées représentent les données brutes alors que les courbes « lisses » correspondent aux données corrigées.

Si avec les données brutes, il est impossible de tirer une conclusion concernant une évolution d'un mois sur l'autre, il est possible de regarder l'évolution entre deux mois identiques d'années différentes (par exemple le nombre de chômeurs entre mai 2010 et mai 2011). Dans ce cadre, on pourrait envisager une (seule) correction en fonction du nombre de jours ouvrables dans chacun des mois (le fait qu'il y a plus de jours fériés pendant la semaine, peut influer sur le nombre de chômeurs). Une telle correction ne revient pas à faire l'hypothèse que le présent se déroule comme le passé et est donc acceptable.

Comparaison d'une année sur l'autre

Il y a quelques jours, des médias nous apprenaient que le chômage était en « forte hausse après quatre mois de repli ». Qu'en est-il lorsqu'on ne regarde plus les données corrigées ? Hé bien dans ce cas, on n'observe plus quatre mois de repli de janvier à avril ! Par rapport à janvier-avril 2010, le chômage a augmenté tous les mois en janvier-avril 2011, que l'on considère la catégorie A seule, les catégories ABC ou toutes les catégories. Et en mai 2011 on est à 4,607 millions de chômeurs (3,986 en catégories ABC) contre 4,461 millions de chômeurs en mai 2010 (3,829 en catégories ABC). Chiffres du chômage entre janvier et mai 2010 et 2011Le graphique ci-contre représente les chiffres du chômage pour les catégories ABCDE entre janvier et mai en 2010 et 2011. Si l'écart s'est resserré ces derniers mois entre 2010 et 2011, il est prématuré d'essayer d'en tirer des conclusions !

Ainsi la baisse du chômage claironnée au début de l'année, et vue par certains comme annonciatrice de jours meilleurs, n'est qu'une construction statistique ! Point de baisse du chômage à l'heure actuelle ! La prochaine fois, attentions aux chiffres que vous voyez !



6 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 11 juillet 2011 10:28

    Pour créer de l’emploi il ne faut pas alléger les charges des entreprises, qui ne
    sont d’ailleurs que des cotisations sociales, mais au contraire instaurer un impôt
    sur les sociétés indexé sur le nombre de chômeurs. Plus le nombre de chômeurs
    augmente, plus l’impôt augmente, le nombre de chômeurs diminue, l’impôt
    diminue et si le chômage disparaît, l’impôt disparaît ! Il faut que le MEDEF et le
    patronat n’ait aucun intérêt à ce qu’il y ait du chômage.Lire :

    http://2ccr.unblog.fr/2010/11/04/creer-de-lemploi-ou-des-richesses/


  • Kalki Kalki 11 juillet 2011 10:57

    bla bla bla bla

    le technocrate nous sort des chiffre truqués qu’il ne comprend pas lui meme

    les chiffres du chomages, vous les doulbez vous avez les chiffres réel

    les chiffres des ttravail précaire vous les doublez

    il vous reste combien de personne qui travail ? très peu

    et combien de personne qui travaille a l’avenir : ZERO

    Et aucun de vos petits mensonges ne vous sauvera


    • Kalki Kalki 11 juillet 2011 10:59

      Le monde réel n’est pas le simulacre des petits technocrates et économistes

      et l’avenir n’est meme pas celui qu’ils croient


  • foufouille foufouille 11 juillet 2011 12:00

    on le savait deja que les stats etaient truquees


  • Frabri 17 juillet 2011 22:06

    Quand il y a plusieurs millions de chômeurs et de chômeuses +o,3%n ou -0,12%, cela ne veut pas dire grand chose.

    Le chômage augmente plus ou moins vite depuis les années 1960 ou il y avait moins de 500 mille chômeurs et une seule catégorie de chômeurs. voir le documentaire de Balbastre, Le chômage a une histoire

    http://lbsjs.free.fr/Balbastre/Balbastre_chomage.htm

    Sur Agora vox, tous les mois on a les vrais chiffres du chômage avec Pat du 49

    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/vrais-chiffres-chomage-mai-2011-96771


  • PtitLudo PtitLudo 18 juillet 2011 09:44

    C’est clair, +0,3% ou -0,2% quand des dizaines de milliers de personnes sont sortis artificiellement (càd sans avoir retrouvé un vrai travail) des listes chaque mois, c’est du grand n’importe quoi.

    Enfin ces bons Jean-Pierre Pernaut et David Pujadas porteront tout de même la bonne parole.


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